Olivier KER OURIO au studio de l’Ermitage, aussi excité et excitant que pétillant.

Le tour de remerciements qui a ouvert le magnifique concert de Olivier Ker Ourio hier au studio de l’Ermitage témoigne, si besoin était, du combat que vivent les musiciens en cette période de disette scénique. Montaigne affirmait en son temps: “Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà“. Si la Covid 19 est pointée du doigt et déclarée comme la principale cause de cet état des faits ; il est à observer que certaines décisions politiques, aussi absurdes, hasardeuses, qu’arbitraires en sont des facteurs qui aggravent la précarité des artistes musiciens et pénalisent encore plus la profession.  Ce d’autant plus, qu’il est difficile de comprendre que ce qui est valable pour 9000 individus, ne le soit pas pour moins que cela…

Olivier Ker Ourio

Cela change du canapé ; c’est mieux que le canapé etc…. “. On ne saurait dire combien de fois l’harmoniciste a relevé le mot canapé à chaque fois qu’il échangeait avec le public; mais c’était impressionnant ! Ce Canapé à la fois source d’inspiration et curieusement le cauchemar qui leur rappelle l’agressivité de la privation de la scène, la violence de la réalité. Le canapé, symbole de leur impuissance face à ce qui s’apparente être une punition dont les politiques, sans recul nécessaire, leur infligent s’abritant derrière des arguments aussi ubuesques que farfelus pour certains.

Le 02 septembre dans la salle du studio de l’Ermitage, bien que masqué (encore une situation cocasse, que ridicule), mais loin du bal masqué de la compagnie créole, bien qu’insulaire aussi; le public était content de retrouver  les musiciens et vice versa. Les deux parties ont savouré les retrouvailles. Elles ont exprimé le plaisir de se regarder en face, de décrypter les regards et les sourires, de s’apprivoiser de nouveau. On a fait la fête et an nou ay !, peut-on aisément conclure. Sorti 31 janvier 2020 chez BONSAÏ MUSIC/L’AUTRE DISTRIBUTION, le réunionnais a dû, pour des raisons évoquées plus haut, attendre ce mois de septembre, pour enfin  présenter Singular Insularity. Album de dix titres, que nous ne saurons, après la prestation de haut vol fournie au Studio de l’ermitage il y a deux jours, que fortement vous conseiller.

Olivier Ker Ourio & ses musiciens

Dans cet album, j’ai voulu confronter ma créolité à celle des autres de mes compagnons, d’où Singular Insularity.” nous dit OKO. La beauté de cette phrase est davantage perceptible sur scène, lorsque vous voyez se déployer les différents acteurs : Arnaud Dolmen (Guadeloupe) à la batterie, Gregory Privat (Martinique) aux claviers, Inor Sotolongo (Cuba) aux percussions, et le proche voisin à la basse, Gino Chantoiseau (Île Maurice). Un cocktail créole décapant, décoiffant, qui vous sert ce qui se fait le mieux en la matière. Il se dégage une telle complicité entre les 5, qui montre que ce n’est pas seulement pour les besoins du travail, qu’ils se sont réunis ; mais vraiment pour l’amour de la musique et le lien de l’insularité y joue sa partition. La musicalité du créole s’exprime, apportant avec elle sa chaleur, son éclat, que même le poids de l’histoire ne saurait affecter. Nous pensons à cette merveilleuse ballade Les zenfants de la creuse, que la basse de Chantoiseau annonce…avant que l’ensemble ne nous balade. Si le disque est séduisant à l’écoute ; la scène a définitivement confirmé que Singular Insularity, est un bijou qui offre la possibilité de voir tous les reflets de cette lumière qui nous vient des îles, que l’harmonica de Ker Ourio déclame avec sa pointe de gaieté et parfois de mélancolie, mais enchanteresse. Un concert pétillant, à la hauteur de l’excitation palpable, qui habitait l’artiste quelques heures avant.