Mehmet Polat et sa poésie oudesque.
Avant toute rencontre, tout contact avec sa musique, je fais d’abord la connaissance de l’individu, de l’homme, lors d’un meeting de jazz, il y a quelques années. Peu affable, circonspect, mais une espèce de froideur, que je n’arrivais pas à comprendre au début ; bien que quelque fois, sans le vouloir, le masque tombait, dévoilant le véritable individu. Plutôt chaleureux et blagueur. A la fin, j’ai fini par comprendre, le glacial un peu joué de Mehmet Polat.
Heureusement que le froid, sûrement poids des années passées en Hollande et plus précisément à Amsterdam, n’a pas eu raison de la chaleur, de l’incandescence de sa musique et de sa poésie. Cette poésie qu’il exprime au moyen de l’oud. Ainsi naît chez moi, cet intérêt pour la musique de ce turque, qui sonde l’oud dans tous ses confins, pour en ressortir des pépites. Ainsi doit-on comprendre son dernier opus au titre de Embodied Poetry.
Joué par un quatuor instrumentistes, dont l’oud, un piano, une contrebasse et une batterie, auquel viennent se greffer sur certaines pistes (7-8-11) respectivement, une trompette, un duduk et un naï.
La piste 7 pour nous, serait le résumé de ce disque aux 12 pistes harmoniquement, mélodiquement et rythmiquement élaborées et dont la poésie de l’oud se fait le porte voix. Mehmet Polat ne fait pas que seulement exprimer la pluralité linguistique de l’instrument dans ses espaces originels, il l’incorpore, le marine dans d’autres influences et esthétismes pour une lecture qui se veut une invitation adressée à toutes les sensibilités.
En plus d’être incarnée, la poésie de Mehmet Polat dans cet album, est un véritable hommage et plaidoyer rendu en faveur de l’oud.
Extrait de “Groove Stories”