Kyle Eastwood aux Saveurs Jazz: un seul instrument vous manque, et tout est alors meublé.
Hier aux Saveurs Jazz, le ton a été donné. Sur les deux scènes, le saxophone de la charmante Sophie Alour, la batterie de Mark Giuliana, enfin et surtout la basse de Kyle Eastwood ont imprimé le rythme de cette édition.
Amputé de sa contrebasse par les bonnes grâces de la compagnie aérienne qu’il a empruntée, on aurait donc pu penser que, sans cet instrument, en transit aux saveurs jazz (puisque sa tournée continue) pour venir présenter In Transit, son dernier album, l’émérite compositeur, bassiste et contrebassiste serait quelque peu handicapé. Que toute la musique de Kyle serait alors dépeuplée de tous ses effets. Ce qu’attendent, aurait arrangé et alimenté la rhétorique des inconditionnels de la taille gratuite et insipide à son endroit.
Manque de bol pour ces frileux ! C’était mal connaître le tempérament de ce killer des scènes, de ce performer haut de gamme…bien soutenu par les quatre gaillards qui l’accompagnent. Car l’auteur de Marrakech a tout simplement été éblouissant, hypnotique et mis dans sa poche tout le public du parc, faisant une démonstration de sa maîtrise de son instrument par une prestation digne des grands. Sans la contrebasse, une deuxième basse fait l’affaire et meuble magnifiquement sa prestation; même si le concerné a pu regretter cette absence : « Elle me manque ma contrebasse ; merci Air France…rires. ». Le public segréen a pu apprécier le bassiste dans sa splendeur.
Qu’on se le dise une fois pour toutes, Kyle ne se juge pas sur du Eastwood, mais bel et bien sur son instrument, ses disques (ses compositions personnelles), et sur la scène. Et à ce niveau, ce n’est pas Eastwood qui fait Kyle, mais plutôt Kyle qui perpétue la légende Eastwood, dans son domaine à lui, avec la beauté de son jeu, sa discrétion au service de sa redoutable efficacité.