Jazz à Vienne 2014, l’Afrique, par le biais de ses representants a fait un show de toute beauté.

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Celles et ceux qui espéraient débarquer une horde avec  tam-tams. Souffrir de l’inconfort du vacarme qui même les sourds heurterait, en ont, une fois de plus, pris pour leur vœu secret. Ces africains ont bel et bien débarqué au festival de Vienne avec en prime, parmi l’une des meilleures soirées aux dires et commentaires de certains. Et comme si la nature voulait aussi s’y associer de la meilleure des manières, elle s’est résolue à se montrer plutôt clémente et généreuse.

Aux gausseries ambiantes observées, entendues et vues ;  il a surement manqué la lucidité nécessaire à cette tartuferie bien installée, d’observer que l’affiche phare et vantée de la soirée french touch  par exemple (Manu Katche, Richard Bona, Eric Legnini et Stefano Di Battista) n’avait réellement rien de si frenchie, et que les leaders étaient même africains. C’est dire combien l’obscurantisme moyenâgeux de certains esprits est tenace et vivace. La musique, rappelons-le, est par définition ouverture.

Et en cela, il faut ici saluer celle de Stephane Kochoyan qui, par ses choix, par ses programmations et ses projets pour le jazz, ouvre davantage la ville de Vienne au monde. Lui qui,  lors de la conférence sur les retombées économiques du festival, rappelait son envie d’aller encore plus loin dans la reconnaissance du jazz donc d’aller plus loin dans l’ouverture des mentalités.

Le fiasco des équipes africaines de football au dernier mondial, devrait plutôt inciter les gouvernants à mettre l’accent sur d’autres aspects de la culture, en favorisant l’apprentissage des arts, en construisant des salles de spectacles etc…La culture, comme les chiffres l’ont démontré, est plutôt un secteur qui marche à condition de lui accorder de l’importance et d’y accoler des gens compétents.

Le Parc du festival a sonné et vibré au rythme et aux rythmes de l’Afrique toute la journée du 08/07. Des scènes de la Cybèle avec Ballake Sissoko, en passant par Osemako (emmené par Muyiwa Kunnuji, ancien et dernier trompettiste Fela Anikulapo Kuti), le BKO5tet de Ibrahima Sarr, jusqu’au théâtre antique où se sont produits Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca, le trio Taj Mahal & Bassekou Kouyate et enfin Youssou Ndour et son Super Etoile de Dakar, les artistes africains présents sur les différentes scènes ce jour-la ont montré au final que le jazz partait de quelque part, pour se répandre comme il l’est aujourd’hui. Que la route de la musique, que dire, la route du jazz,  pour reprendre le titre de l’excellent bouquin photographique de Samuel Nja Kwa, se fait avec eux.

Les duos Fatoumata Diawara et Roberto Fonseca, comme Taj Mahal et Bassekou Kouyate ont permis de mettre en évidence non seulement leur aisance à aller vers d’autres et s’approprier leur rythme, mais également l’apport de leur polyrythmie dans les musiques des autres pour en faire des œuvres exquises. De montrer que de Cuba ou des Etats-Unis, le langage musical est le même et que la racine du jazz est bel et bien africaine.

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On notera que, pour Fatoumata Diawara comme pour Bassekou Kouyaté, la tribune du théâtre antique a également servi pour faire passer des messages parfois à caractère politique…Certes avec des nuances pour l’un comme pour l’autre. Fatoumata insistant tant en conférence de presse que sur scène, sur la puissance de la mélodie comme arme contre toutes les exactions.

Youssou Ndour, c’est le métier qui parle sur scène. L’homme a su se renouveler en offrant un show dans l’air/l’ère du temps. Une fête de toute beauté que l’ancien ministre a proposé au public de Vienne. Histoire de rappeler que le musicien, même avec des escapades politiciennes, aura toujours le dessus. Il a tout simplement été impérial. Accompagné par sa jeune garde, dont 3 camerounais (Alain Oyono au Saxophone et à la flute, Jean-Jacques Obam Edjoo à la basse et Pascale Kameni KAMGA au chant et aux chœurs) parmi leurs frères sénégalais, il a une fois de plus démontré qu’il est un performer comme la scène et le public aiment recevoir.

De Ballaké Sissoko dans la journée sur la scène du Cybèle jusqu’à Youssou Ndour dans la soirée au théâtre antique, en passant par les Fatoumata Diawara et les autres, l’Afrique, par le biais de ces enfants, a proposé une musique d’une beauté suggestive malgré ses accents complexes ! ?