Bonafied, un album pour un public authentifié.
De sa discographie actuelle, Bonafied, album acoustique et de loin le plus aéré, et comme le néologisme qui lui sert de titre l’indique, est celui que Richard Bona a voulu pour son public, car authentifié. Ce public qui depuis Scenes from my life, lui est fidèle parce qu’il a su rester cohérent en ne diluant pas son identité musicale dans et pour des considérations mercantilistes. Une exigence qui, bureaucratiquement parlant ne plait certes pas, mais musicalement, nous offre une fois de plus un trésor mélodique comme seul Richard Bona sait le faire. Album métaphorique par excellence, codé pour reprendre l’expression du bassiste. Le code ou la métaphore de la dixième chanson Socopao-titre 10 ?
En choisissant de nommer Bonafied ce 7 ieme opus, l’artiste tenait à témoigner à son public sa reconnaissance et lui dire sa gratitude. Si, comme il l’affirme dans l’interview fort instructive qu’il nous a accordée que Bonafied est un album de questionnement et d’observation, il faut ajouter que c’est aussi un album de résistance et de remerciement envers un public authentifié et pour lequel il est resté intègre, bravant l’adversité. Ne nous avouait-il pas dans la même interview que : Le public n’est pas dupe comme certains semblent l’oublier ?
Bonafied, c’est une balade comme dans cette ballade (Mulema-titre 5), dans les 11 exhalaisons du Bonafield ou Bonaland. Un monde de merveilles malgré les interrogations que suscite celui qu’il interroge dans (Dunia E-titre1 ou Janjo la maya titre 4). Un univers de souvenirs et de reconnaissance ainsi cette reprise de Sadrack Mbodi Ekollo (Mut’esukudu-titre2). Une version qui inscrit définitivement cette chanson dans le registre des grands standars jazz de notre patrimoine musical. Une promenade dans un monde où l’effort n’est plus récompensé à sa juste valeur. Souvenir de cette entreprise aujourd’hui disparue, mais “célèbre” en son temps pour son manque de justice et de générosité envers ses employés (Socopao-Titre 10)…. Bonafied, un voyage dans lequel, l’homme est placé face à ses responsabilités comme le lui rappelle la nature ou l’animal (Tumba la Nyama-Titre 7). Comment ne pas apprécier cet écrin qui dévoile un tandem aussi inattendu qu’original et précieux avec Camille Dalmais (La fille d’a coté- titre 9) ?
Le plus difficile dans cet album était de pouvoir faire simple, bien et beau lorsqu’on dispose d’un tel arsenal de possibilités. On croyait nos sensibilités habituées aux sons de Richard Bona; mais, et c’est en cela qu’il fait partie des grands artistes musiciens de son temps ; à chaque fois, il réussit à réveiller tous les sens nous plongeant dans l’émerveillement comme si c’était la première fois.
Bonafied, est tout simplement une peinture acoustique de notre société par un peintre de génie qui, de sa voix nous fait pénétrer dans des univers que nous croyions pourtant avoir vus à travers ses sonorités d’avant et pourtant !
En écoute “Janjo La maya “