Moreira Chonguiça: “Sometimes you think, you’re in a dark room, (…) but it’s only a light”

“We can carry on doing positive things(…) music doesn’t exist whitout those who make music.” Moreira Chonguiça

Bien en difficulté en Afrique depuis quelques années à cause de son arrogance et de son mépris pour les populations africaines en général et dites sub-sahariennes en particulier, par tous les moyens, la France tente d’inverser la tendance et attiser la sympathie, en usant du levier culturel pour essayer d’enrayer l’inévitable naufrage dans ce qu’elle considérait être sa propriété. Une considération de l’Afrique par la France, que les unes des journaux, des éditoriaux et autres titres des livres trahissent: “Comment Macron a perdu l’Afrique“, ce que les tenants de cette France propriétaire de l’Afrique, en les personnes d’Antoine Glaser et Stephen Smith titraient dans leur opus : “Comment la France a perdu l’Afrique“. La vraie nostalgie du temps des colonies, comme chantait l’autre, semble pourtant s’installer comme une réalité avec laquelle, il faudra faire. Car, plus rien ne sera plus comme avant.

Après Femi Kuti, décoré par la ministre de la culture Rima Abdul Malak en octobre 2022, La France “honore” un autre musicien africain, saxophoniste également, en la personne de Moreira Chonguiça. Lors d’une cérémonie qui s’est tenue le 13 février 2024 en présence de nombreuses personnalités dans les jardins de la résidence de France à Maputo, le saxophoniste mozambicain Moreira Chonguiça a été décoré des insignes de chevalier des Arts et des Lettres par Yann Pradeau, Ambassadeur de France au Mozambique.

Moreira Chonguiça et l’ambassadeur de France/©Mauro Vombe

Seulement, il faut toujours interroger le non dit de ce subit intérêt de la France à l’endroit de ces artistes, qui n’appartiennent pas à “son pré carré“. Car loin d’un simple acte de reconnaissance, se dissimule toujours une arrière-pensée politique, généralement macabre. Le cas nigérian est encore frais dans nos mémoires. Fort de l’acte de reconnaissance envers le fils de Fela Anikulapo Kuti, la France s’est vue pousser les ailes en allant mettre la pression quelques temps après sur le président nigérian Bola Tinubu, pour ainsi mettre au pas le Niger, dont la population, en parfaite harmonie avec ses nouvelles autorités, défient ainsi un pays incapable d’établir avec les pays africains, des rapports qui ne soient pas basés sur le paternalisme, le mépris, la condescendance et l’arrogance.

Dans le cas du saxophoniste mozambicain, dans sa communication, la diplomatie française a beau dissimuler les choses, fait est que cette distinction arrive, suite à la participation de Moreira Chonguiça au musée de l’histoire à Nantes, à l’exposition des expressions décoloniales, il y a bientôt 8 mois. Est-ce une façon pour elle, de chercher à étouffer les voix de plus en plus audibles et pressantes qui voudraient le retour des objets volés qui font le beau temps des musées français ? Le temps nous révélera les réelles intentions derrière cette démarche.

Le Mozambique doit néanmoins être vigilant et ne jamais oublier ce constat implacable que dressait Aimé Césaire, parlant de la rencontre de l’Afrique et de la France : “Le malheur de l’Afrique, c’est d’avoir rencontré la France” et le saxophoniste Moreira Chonguiça d’avoir toujours en esprit, ces mots de Miriam Makeba : “Mozambique, a luta Continua...”

Conscient des enjeux, lucide et pragmatique, le saxophoniste Moreira Chonguiça nous parle (en anglais) de cette distinction, de cette reconnaissance, ce qu’elle représente pour lui. Son point de vue sur le retour des œuvres d’art dans les pays africains et du rôle de la musique dans le champ politique et dans la société de manière plus générale. Écoutons-le.