Mariana Ramos bouscule la douceur angevine et souffle le feu dans l’enceinte du Centre de Congrès à travers le « Voyage Symphonique au Cap-Vert »

C’est  sous le thème de « Voyage Symphonique au Cap-Vert », que la rencontre musicale entre le Cap-Vert et l’Orchestre National des Pays de la Loire se fait, pour nous promener dans les artères ensoleillés de l’île, avec à la baguette, Marc-Olivier Dupin pour manœuvrer et la chaleureuse voix de Mariana Ramos pour décrire et présenter les différents ingrédients et subtilités qui jalonnent le parcours.

Quatre ans, l’attente était déjà longue, interminable et presque insupportable pour l’irradiante Mariana Ramos. Bien évidemment, elle n’est pas restée, la voix en sourdine, il y a eu « Quinta », album hautement aussi symbolique qu’acoustique et éthéré, sorti en 2015. Comme il y a surement eu des scènes, où, généreuse sur scène comme en dehors de celle-ci, elle a su donner du plaisir. Elle était surement « heureuse et totalement confiante », mais nous croyons, pas satisfaite du tout de la situation. Et comment le serait-elle ?

Puis 2017, comme le contrepoint dans cette morna qui commençait déjà à mettre à rude épreuve la sodade. Les souvenirs d’Avignon (première expérience de ce voyage symphonique en 2013) s’enrichiront de ceux d’une série de 3 voyages passant par Angers (29/12/2017 et 01/01/2018)  et  Nantes 31/12/2017).

De ses cinq musiciens parmi lesquels le pilier Toy Vieira (au Cavaquinho) et sous la direction et les arrangements de Marc-Olivier Dupin, que Mariana Ramos a, accompagnée de l’Orchestre National des Pays de la Loire, une fois de plus, fait parler sa générosité scénique et son tempérament de feu.

Mariana Ramos©Tribune2lartiste.com

 

Des signes qui ne trompent pas…

Bien installés dans leur siège, les spectateurs qui s’étaient déplacés pour assister à cette première escapade capverdienne depuis Angers, avaient du mal à quitter la salle, après les 90 minutes imparties au concert, durant lequel, l’Orchestre National des Pays de la Loire a su se fondre dans la chaleur, le swing et le groove qui composait l’éclectique répertoire de la sémillante chanteuse capverdienne. Trois rappels ont été nécessaires pour enfin décider le public, qui a fait montre d’une très grande réceptivité et d’empathie.

De la même façon, quelques minutes avant le début du concert, un spectateur dont les motivations ou les raisons ne nous seront mal-heureusement jamais connues, qui troquait sa place pour une à l’extrémité des rangées, en prévision d’un départ avant la fin du concert, a finalement dû renoncer à ce projet et boire jusqu’à la dernière note, le contrepoint doctement concocté par Marc-Olivier pour Mariana.

Un démarrage un peu timide, pour une fin en apothéose…

Une mise en place impeccable, travaillée la veille, des heures durant, histoire de mieux s’appréhender. Ce que nous rappelle la chanteuse, lors d’un entretien entre les répétitions : “Avant de rencontrer les musiciens, j’avais cette appréhension, de me dire, est-ce que je serai à la hauteur de leurs attentes, et vice-versa. Et visiblement, çà se passe plutôt bien… ”

Mariana Ramos©Staff Mariana Ramos

 

Lorsque, devancée par Marc-Olivier Dupin, Mariana Ramos apparaît, des applaudissements nourris l’accueillent, mais qui traduisaient aussi les nombreuses attentes de ce genre nouveau…Une espèce de Musique du monde  According to Classical Music. Les premières notes sont plutôt timides, on se cherche dans son positionnement, on note une phase dite d’observation entre l’orchestre et les musiciens de la chanteuse. On peine à entendre l’orchestre, d’autant plus que la rythmique de Miroca Paris couvrait un peu plus l’ensemble.

Mais à mesure que l’on avançait dans le répertoire, cette petite gêne a fini par se dissiper et laisser place à toute la science musicale des différents acteurs. De la Morna au Funaná en passant par le jazz, Mariana Ramos, tel un albatros, se déploie, enchante et subjugue.

S’octroyant une petite pause, histoire de se refaire une fraîcheur, l’O.N.P.L et Toy Vieira nous offre un récital d’une magnifique beauté, composition du père de Mariana, Toy Ramos. La salle est toute acquise au charme et à la magie du voyage. Mariana revient encore toute resplendissante, pour entamer la fin du voyage.

Le reste, les mots ne sauraient réellement le traduire. Un voyage comme celui que proposent Mariana Ramos et l’O.N.P.L, ne saurait s’apprécier qu’en le vivant soi-même. Mais, il dit une chose, à part les limites, les cloisonnements que se fixent les humains, la musique elle-même ne connait pas de limites, s’affranchit de tous les cloisonnements et, Voyage-Symphonique au Cap-Vert, nous en donne une preuve de plus, si besoin était encore de… Véritable pied de nez aux fiévreux qui continuent de vouloir vivre sous l’illusion d’une musique classique renfermée sur elle-même, et qui ne flirterait pas avec d’autres expressions musicales.