Le super gang de Ray LEMA saute sur Le Mans, Opération baptisée: “Franco Luambo”.

Pour être exceptionnel, le concert du samedi 29 avril 2021 à 16h à l’Île aux Planches au Mans (72) dans le cadre l’Europajazz en Balade 2021 l’a été, par la qualité de l’intervenant, mais davantage dans sa capacité à satisfaire les attentes. Car il était question pour Ray Lema, de défendre sur scène son vibrant hommage à Franco Luambo ce, en territoire étranger. Les occasions ne sont que rares pour cela, pour les causes invoquées depuis quelques temps et connues de tous. Alors, il faut saisir toute brèche qui se présente. Et, il faut dire que l’enfant de Loufototo porte bien son nom, comme on peut le voir ici

Lorsqu’il y a 41 ans, la légion sautait sur Kolwezi sous le doux nom de Opération Bonite, elle ne le faisait pas, malgré la massive propagande qui accompagnait la fallacieuse mission, pour le bonheur des populations. Mais pour les appauvrir en s’accaparant des biens que regorge le sous-sol de ce pays; laissant dans le désenchantement, la désolation, les dites populations locales…

Le super gang à Ray/©Tribune2lArtiste

Exactement comme se compose une légion, avec ses différents éléments, quatre des enfants de ce pays (Ray Lema, Freddy Massamba, Ballou Canta, Rodriguez Vanguama), accompagnés de quelques mousquetaires engagés ci et là pour la cause et la circonstance, sautent sur la ville du Le Mans. Non pas pour y semer désenchantement, désolation et pleurs ; mais en ayant pour seule et unique intention et mission d’y apporter joie de vivre, enchantement, communion et d’y implanter de l’amour. Et c’est ce qu’il en a été pendant les 90 minutes qui leur étaient imparties. Le public a vibré, a dansé, a acclamé la légion musicale ; il est venu OK et est reparti KO de bonheur.

C’est en cela que se distingue, la politique de la musique. Pendant que la première, par ses Malles Lisses euh malices s’emploie à diviser ; la seconde a cette capacité à casser les verrous mis en place par la première ce, à condition de le vouloir vraiment. D’ailleurs le groupe Kassav a donné une excellente réplique à la non moins excellente observation aphorique* de Georges Darien : “On ne peut rien pour un peuple épris de sa servitude“, lorsqu’il affirme dans une de leurs chansons : Zouk la se sel medikaman nou ni . Comme pour dire que la musique en particulier, mais davantage la culture en général, reste le dernier rempart face à la dictature politique de quelque nature. On l’observe aujourd’hui, la politique emploie tous les moyens, utilise toutes les roueries et ruses pour museler l’expression culturelle donc la liberté.

Avec quelques légers changements dans la composition par rapport au disque, Étienne MBAPPÉ à la basse remplaçant Michel Alibo, Sylvain GONTARD et Philippe GEORGES prenant respectivement les places de Gérald Bantsimba (May’s)(trompette), Bives Mbeki (trombone), le reste de l’équipe était présente, tous prêts à en découdre. Car comme l’a répété maintes fois sur scène Ray : C’est bien de jouer devant des caméras dans sa chambre ou dans une salle..mais c’est encore plus joyeux et beau de croiser nos regards, de se voir, de sourire avec vous, nous vous remercions d’être venus nous voir, d’échanger et de partager… 

Ray Lema/©Tribune2lArtiste

Devant une foule venue massive et qui n’a pas eu besoin d’une milice de quelque nature et derrière elle pour se comporter en adulte, que Ray Lema et ses tigres ont attaqué le sujet d’entrée de jeu. Pas question de doucher l’enthousiasme des uns et des autres. Les ambiances kinoises doivent bousculer, secouer la timidité des manceaux et autres sarthois en général. Le temps du concert, la chaleur kinoise investit l’île aux planches…

Si l’on ne peut décortiquer ici (il faut simplement aller les voir sur scène) la prestation individuelle de chaque élément, il convient néanmoins de noter que les nouveaux intervenants cités ci-dessus, ont été de choc. En maître dans la section cuivre, Irving ACAO a su compter avec Sylvain Gontard et Philippe Georges pour s’approprier le niveau entendu dans le disque et le propulser encore plus loin. Les mousquetaires, comme ils sont gentiment désignés dans le groupe forment la partie non africaine de la bande.

Que dire de la section rythmique. Si Dharil ESSO continue sa progression et s’impose de plus en plus comme un dur, il a été accompagné de main de gant, par un Étienne Mbappé qui planait, un Étienne stratosphérique. Il existe une relation entre le bassiste aux mains gantées et Ray Lema qui fait que, lorsque le fils de Bon’Endalé est derrière le kinois, il se passe des choses. Nous allons tout simplement dire, qu’il a donné du Headbug (tournis) sur scène au disque et spécialement à son instrument. A croire, qu’une fois de plus, le disque a été écrit pour lui…on dira tout simplement qu’Étienne est passé par là, a revisité à sa façon ce disque et de quelle manière ! Du grand ART !

Étienne MBAPPÉ/©Tribune2lArtiste

On ne saurait rester silencieux face à la maestria à la guitare, de Rodriguez VANGUAMA. Pour le coup, un vrai ndoki de son instrument et pas seulement. Il sait, en bon chef de file sur scène, comment faire pour que les uns et les autres soient visuellement identifiables. Que dire donc des shows-men Ballou CANTA (chant) et Freddy MASSAMBA (chant) qui savent vous transporter à Kin par leur maîtrise des interprétations des chansons et leur manière de bouger. Grâce à eux, si vous n’avez pas la possibilité de connaître les ambiances festives de Kinshasa, ils vous les livrent avec une grâce vocale en plus.

 Un concert, ça ne se raconte pas, ça se vit. Vous savez donc ce qui vous reste à faire lorsque vous entendrez parler du passage de Ray Lema et sa bande quelque part dans les environs ou ailleurs…

*Livre de Georges Darien, La Belle France.