Headbug, un jazz groovant et frais par son africanité.
Il se pourrait en effet que Headbug soit de nature à donner le vertige aux uns comme aux autres, puisqu’il n’obéit et ne se soumet pas à une certaine orthodoxie. Il lui fait même d’une certaine manière, un pied de nez et fixe par la même occasion ses propres règles. Celles qui feront peut-être école, et magnifient une vision moins stéréotypée du jazz. Suite logique d’un premier album jazz V.S.N.P (Very Special New Production) paru il y a 4 ans.
Pourtant, bien que l’approche et le mode opératoire sortent des schémas classiques, s’éloignent des sentiers battus, Headbug subjugue d’abord et avant tout par son caractère digeste. On aurait plutôt pensé le contraire. La fluidité des informations (musicales) rendent le message de chaque instrument assez clair, distinct et accessible pour n’importe quel mélomane. Une fluidité qui permet d’apprécier un jazz qui enfin, se sustente de ce qui lui fait défaut depuis quelques temps, la fraicheur de ses ingrédients. La perceptible et finesse africanité des ingrédients qui transpirent dans cet opus, lui procure toute son aura.
Ce qui fait davantage la force de cet album et le positionne en quelque sorte comme une référence, c’est aussi sa capacité à restaurer chaque instrumentiste dans sa dimension de pièce maitresse d’un ensemble ; l’éloignant de la dimension sclérosée telle que proposée par les moules des écoles de jazz.
Headbug est un album qui n’a pas besoin d’explications pour le défendre, il le fait lui-même, parce que portant en lui les ingrédients de sa défense. Les 9 pistes que compte l’album sont autant de raisons d’évasion dans ce champ de bonheur. Était-il possible de dissimuler le travail de labourage de ce champ de bonheur en ignorant le coup de marimba du doyen et maitre Manu Dibango dans No Hiding (piste 6) l’un des titres qui confère aussi toute sa dimension africaine à l’album ? Associé au nkumbé d’Étienne Mbappé à la basse, une véritable tuerie !
Avec Headbug, Ray Lema établit probablement et à sa façon, une référence dans l’approche du jazz ce, pour les écoles qui, s’en inspireront pour sortir des stéréotypes dans lesquels elles sont engoncées dans leur apprentissage du jazz, pour un peu plus de fraicheur, donc d’inventivité.
En écoute “Mon bel amour”: