La reine du Hammond a fait parler son élégance et sa science au “Café de la danse”.

Au regard de sa prestation hier au Café de la Danse, il nous est difficile d’aller ou pas dans le sens de TZVETAN Todorov, lorsqu’il affirme : “Ce ne sont pas les événements rapportés qui comptent mais la façon dont le narrateur nous les a fait connaître“. On est comme face à l’aporie de l’œuf et de la poule…

 Dans tous les cas, il aurait fallu être présent ce 8 mars au Café de la Danse, pour se forger son opinion. Car, quelle que soit l’habileté ou la précision, bref quelles que soient les qualités du narrateur, le récit pâtira toujours de quelque chose. Certaines choses s’apprécient mieux en les vivant, qu’en se les laissant (ra) conter.

Il en va ainsi de l’étincelante et magnifique prestation et performance de l’organiste Rhoda Scott ce 8 mars, qui correspond certes à la journée internationale des droits de la femme, mais qu’elle a couplé avec la présentation de son nouvel album Movin Blues dans une salle acquise et bien remplie.

Rhoda Scott

Le programme était clair, Movin’ Blues. Pas prolixe pour un sou, donnant au passage quelques anecdotes pour introduire certaines chansons, l’organiste a déroulé et sorti le grand jeu. Rappelant au passage, le rôle majeur de Duke Ellington dans le jazz. Accompagnée de l’assiduité à la batterie, de Thomas Derouineau. Avec la scène, on ne triche pas ; et elle permet de juger et classer les performers et les autres. Une fois installée, du haut de ses printemps, Rhoda Scott s’amuse, elle sautille, elle se délecte. A l’image de ce que dit l’écrivain nigérian Wole Soyinka, elle attaque les touches, les notes et les dompte. Des signes d’une harmonie et d’une parfaite maîtrise de son art et de son instrument et surtout de la scène…

Si le 8 mars est la journée des droits la femme ; alors,  il y a belle lurette que madame SCOTT a arraché, a conquis au moins celui d’être reconnue comme une grande performer dans son art, comme une artiste musicienne de grande envergure. Son swing désarçonne par sa subtilité, sa magnificence, une artiste devant laquelle, les phallocrates de tous bords s’inclinent et c’est bien ainsi…et comme chantait Myriam Makeba, a luta continua

Rhoda Scott au Café de la Danse.