Et Didier Lockwood sauva la journée au Festival Jazz des Cinq Continents.
Chaque fois qu’il nous est donné l’occasion d’apprécier le très “voulu” concept de jazz européen en présentant un ensemble, un band etc…, le résultat à la fin n’est pas à la hauteur de l’attente. Tel a été le cas hier lors du second set de la première journée du Marseille Jazz, avec Lars Danielsson et l’European Sound Trend. Cette fois, c’est le public qui a tranché.
Le public n’a pas accroché : désertion en masse.
Si chaque spectateur qui quitte le concert après ou pendant chaque pièce jouée par un groupe/le band détermine le succès du concert, alors, il faut admettre que le set de Lars Danielsson et les 7 musiciens autour de lui, venus défendre le nouveau jazz européen était un échec, un cuisant échec. Et est raconteur de contrevérité, qui contredira ce fait. Pas parce que ces musiciens ne soient pas bons. Il y avait plutôt de vrais virtuoses sur scène, en commençant par Lars Danielsson à la contrebasse. Le groove du batteur allemand Wolfgang Haffner, le jeu alléché du trompettiste italien Fabrizio Bosso ou la folie et le lyrisme du pianiste finlandais Liro Rantala etc…Seulement, à en juger ces sorties effectives en masse en plein concert, il est évident que le public ne s’en est pas entiché. Est-ce lui public qui n’a pas compris comme le chantait l’autre il y a quelques années auparavant ?
Fait est, qu’à chaque pièce entamée, qu’elle soit terminée ou en cours, il y avait comme une hémorragie de désertion. La cour du Théâtre Sylvain se vidait à une vitesse grand V. Pourtant, tel que perçu, nous avions plutôt un public agréable, sympathique, pas capricieux et plutôt demandeur. Et le travail de fixation de ce public avait déjà été opéré en amont (au premier set) par Didier Lockwood et son quartet. Mais hélas ! Et si la petite menace de pluie qui est arrivée juste vers la fin du set de Didier Lockwood et son quartet était déjà un signe annonciateur de ce désenchantement ?
Peut-être était-ce une façon pour la musique, de dire aux uns et autres (chantres de la division) qu’elle ne s’accommode pas et ne se nourrit pas des divisions, mais bel et bien des différences pour se projeter vers l’unité, donc l’harmonie ?
Mais, celles et ceux partis avant la fin du spectacle ont eu le tort de partir un peu vite car, il y a eu somme toute, de beaux instants de musique offerts par cette création du Marseille Jazz des Cinq Continents.
Didier Lockwood assure et fait vibrer le Théâtre Sylvain.
Grand seigneur, et accompagné sur scène par l’inusable Dédé Ciccarelli, de celui pour qui Herbie Hancock* ne tarit pas d’éloges, l’italien Antonio Farao au piano et du mélodique contrebassiste Darryl Hall, Didier Lockwood s’est littéralement amusé tout en faisant vibrer le public. Par son jeu, ses notes, son attitude, Didier Lockwood a tendu la main au public par une prestation à la hauteur de son rang. En showman, comme le font les Lucky Peterson, Budy Guy, il s’est pris son bain de foule, parcourant les tribunes du théâtre Sylvain. Du vrai spectacle vivant, dynamique, tonique et emphatique.
Le petit “impair” du second set n’est qu’un épiphénomène qui ne saurait en aucun cas décourager les connaisseurs, les amateurs et les mélomanes en général, d’aller à la rencontre de ces musiciens qui nous procurent tant de moments de bonheur, de grâce, de vie tout simplement. Et le reste du programme s’annonce encore très hot. Alors aucune hésitation, direction http://www.marseillejazz.com/nsite/index.php/billetterie.
*Antonio est plus qu’un excellent pianiste ; c’est un grand.