Popa Chubby, en maître sur la scène du parc aux saveurs jazz, a fait vibrer le blues, rappelant au passage qui sont les rois.

C’est bien sur la scène du Parc aux Saveurs Jazz à Segré le 9 juillet dernier, que le guitariste et bluesman a réitéré une vérité, que certains, dans leur aventure de dénégation, continuent insidieusement de vouloir assassiner par des intronisations au rang de roi du blues, le natif de new-york. On connaît bien le procédé. Ce qui d’ailleurs pour un cas plus flagrant, avait fait réagir Ray Charles en ces termes: “Tout le monde le surnomme ‘le King’… Mais le King de quoi ? J’en connais un paquet, des musiciens qui mériteraient ce titre “, et de rajouter : “Ce qu’il jouait, c’était notre musique. Alors pourquoi diable serais-je censé l’admirer ?”  

Le merveilleux guitariste et show-man a pendant près de 90 minutes enflammé la scène, et profité de la circonstance, pour rendre solennellement hommage aux victimes de la massive déportation (et le massacre) des africains en terre états-uniennes, rappelant que c’est effectivement grâce à ces africains déportés et violentés, que le blues existe. Pour lui, le blues a ses racines en Afrique.

Lorsqu’on a dit ceci, il semble qu’il ne reste plus de place pour des contorsionnistes et leurs multiples acrobaties pour des intronisations malhonnêtes. Popa n’a jamais revendiqué le titre de roi du blues. Et même si c’était le cas, il n’en sera jamais le roi; même s’il le pratique avec beaucoup de magnificence.

Faut-il ici rappeler le propos contenu dans le magnifique essai “Le peuple du blues“de LeRoi Jones qui est : Le noir en tant qu’esclave est une chose. En tant qu’Américain, il est tout autre chose. Mais ce que je voudrais examiner, c’est le chemin pris par l’esclave pour arriver à la citoyenneté . Et je fonde mon analogie sur la musique de l’esclave citoyen. Sur la musique qui lui est le plus étroitement associée : le blues, et une pousse ultérieure mais parallèle : le jazz. Et je pense que si le Noir est représentatif ou symbolique de quelque chose dans le caractère de la culture américaine ou relatif à ce caractère, cela devrait assurément être révélé par la musique qui lui est propre.

C’est devant une foule en délire et à raison, avec la virtuosité qu’il le caractérise, que Popa a asséné des coups de riffs de classe. Entre compositions personnelles et reprises, il a enchanté, émerveillé, envoûté le public. Une assise rythmique solide avec un Mike Merritt à la basse, Stefano Giudici à la batterie, puis Chiellin aux claviers, le new-yorkais a envoyé des pépites et mis le public dans sa poche. Le virtuose ne fait aucune parcimonie dans son déploiement sur scène, il est plutôt généreux et en fait profiter ses “lieutenants” en les mettant en avant.

Le Blues a la chance d’avoir des héritiers de classe, des représentants du calibre et de la classe de Popa Chubby, pour la gloire de la musique. Mais les rois du blues, s’il devrait en avoir, alors ils sont à chercher du côté des John Lee Hooker, BB King, Albert King, Mudy Waters etc…Le regretté Johnny Hallyday ne rappelait-il pas dans une de ses chansons: “Il y a longtemps sur des guitares-Des mains noires lui donnaient le jour– Pour chanter les peines et les espoirs-Pour chanter Dieu et puis l’amour- La musique vivra-Tant que vivra le Blues“. Pourquoi aller chercher les “rois” en dehors des mains originelles.