Fred Wesley gratifie le jardin des Beaux-Arts de son art.

Le 14 juillet dernier au jardin du musée des Beaux-arts à Angers, le public a eu le privilège et pour beaucoup, la surprise d’avoir comme invité dans le cadre des Tempo2Rives, la légende vivante, le tromboniste Fred Wesley et son new JB’s. Autant dire que pour un coup de bol, c’en était un, et les organisateurs ont su saisir l’opportunité,  captant in extremis  au passage, le plus funky des trombonistes encore en exercice qui fait sa tournée européenne.

Et, il faut le dire, l’organisation a été à la hauteur. Pour avoir assisté à toute la mise en place technique, Fred Wesley et sa bande ont été techniquement parlant, mis dans de bonnes conditions. Et le résultat s’est traduit par une prestation de très haut vol. Pouvait-il en être autrement ? Non.

Rappelons que Fred Wesley et son band sont partis de Vienne (Isère), quelques heures auparavant après avoir fait la clôture du festival jazz du même nom. Et à 15 heures pétantes, ils étaient déjà entrain de faire les balances à Angers, sous une chaleur plus qu’accablante. Et à aucun moment, aucun des membres du groupe ne s’est plaint. Tandis que la gentille Joya Wesley (Manager et fille de Fred Wesley) essayait de récupérer du voyage, allongée sur le gazon à l’ombre, Fred Wesley semblait plutôt prendre du plaisir à encaisser les coups de chaleur ce, en toute décontraction. Tous les signes étaient déjà là, pour une soirée époustouflante.

Fred Wesley/©Tribune2lArtiste

Quelques heures avant sa montée sur scène, le tromboniste affichait une sérénité et une décontraction, qui correspondaient également à toute la sagesse qu’il véhicule dans son propos, lors de notre bienveillante et très amicale rencontre. La complicité manager et son poulain (pour le coup) est tout simplement admirative et enviable. Si Fred Wesley est heureux sur scène, c’est aussi en grande partie grâce à la touche Joya, qui veille sur plus que le périmètre musical de l’artiste…et accorde la même importance aux sollicitations des uns et des autres.

Lorsque Fred Wesley monte sur scène, ceux qui l’ont connu avant s’étonnent de la transformation physique. Le tromboniste affiche une excellente forme et une vigueur qui font que ses premiers mouvements sont d’abord des pas de danse esquissés avec aplomb pour indiquer ce que sera l’ambiance, avant d’attaquer le débat, accompagnés de ses potes. C’est un Fred Wesley bien affûté qui se déploie sur la scène alternant entre voix et trombone.

A 79 ans (le 4 juillet dernier),  presque 70 minutes durant, Fred Wesley & le New JB’S ont électrisé la foule. Naviguant entre funk, jazz, soul et temps forts et quelques passages plus calmes, histoire de faire souffler tout le monde. Installé sur son tabouret, et en parfaite symbiose avec ses musiciens (Raymond Cox – Batterie ; Reginald Ward – Guitare ; Stéphane Castry – Basse ; Hernan Jay Rodriguez – Saxophone ; Vince Evans – Clavier électronique ; Gary Winters – Trompette), le tromboniste donne une performance hypnotique puisant dans différents contextes pour entretenir l’audience. C’est ainsi que du soul food en passant par le très compliqué exercice de répétition du Bop to the boogie, boogie to the bop bop Fred Wesley fait voyager l’auditoire dans les méandres de son univers.

Fred Wesley & le New JB’S

Il faut souligner la majestueuse prestation du bassiste antillais Stéphane Castry, qui a joué une partition spéciale. Tous les éléments autour de Fred Wesley sont des cadors et cela se voit sur scène. Le bassiste a savamment su se fondre dans le groupe et en si peu de temps, ingurgiter le répertoire de tromboniste à tel point qu’on croirait qu’il fait partie de l’effectif depuis des lustres. Le guadeloupéen a rendu une copie propre, qui  a marqué tant les esprits du public, que celui de ses collègues. Du grand art. Et c’est cette cohésion totale qui a rendu le show encore plus beau, plus funky, confirmant que nous n’avons pas encore fini d’entendre parler de Fred Wesley ; car la scène chez lui est un art.