Lionel Loueke : GAÏA, la colère d’une déesse …
Le Lionel Loueke nouveau sonne diffèrent. Parfois rock, parfois bluesy, parfois soft. Vous le trouverez accrocheur, il pourrait même décontenancer plus d’un. Mais il y a bien une raison à cela. Gaïa, la déesse de l’univers selon la mythologie grecque, ne serait pas du tout contente. La cause serait, les mauvais traitements infligés par l’Homme à l’univers.
Elle voudrait le dire, le crier… et pour ce faire, Lionel Loueke attaque les cordes. Elles sont fumasses, elles grondent, elles hurlent. Et par moments, elles se calment, vous entretiennent, et vous vous surprenez dans une séquence d’enjaillement.
La formule dit certes: bis repetita, placent; on prend les mêmes et on recommence. Mais il demeure, l’épineuse question sur son efficience et sa capacité à plaire, qui lui est inhérente. Voilà, si l’on voudrait schématiser le nouvel opus de Lionel Loueke, comment on s’y prendrait aussi.
Pour son quatrième album dont la sortie est prévue le 30 octobre prochain chez Blue Note, le guitariste a repris la formule (trio) utilisée il y a 7 ans pour l’album Karibu. C’est-à-dire, s’attacher les services des mêmes musiciens : Massimo Biolcati à la basse et Ferenc Nemeth à la batterie. Avec cette particularité cependant, GAÏA est enregistré dans les conditions du live.
Si la répétition est une sorte de pédagogie, il ne serait donc pas exclu que les automatismes soient garants d’une certaine fidélité. Et pourquoi d’ailleurs changer une équipe qui gagne ? Lionel Loueke explique : les mêmes musiciens parce que nous avons développé un concept unique à force de jouer ensemble pendant 16 ans. J’ai écrit la musique en pensant à notre manière de jouer. Vous convenez avec moi que personne n’aimerait vraiment découvrir en studio ou quelques jours avant un enregistrement, des compositions à mesure composer allant de 35/8 à 17/4 ? Nous avions pris le temps pour travailler.
Lorsque l’on s’attarde sur la pochette de l’album, on peut déjà lire ce côté rock, cette rage qui semble se dégager de l’instrument. Cet aspect fumant, voire agressif (rock) que l’on retrouvera dans le jeu déployé par Lionel dans certaines pistes. Y a-t-il quelconque raison à cela ? Une fois de plus, Lionel Loueke explique : GAÏA est la déesse de l’univers dans la mythologie Grecque. Elle doit être très déçue de ce nous avions fait de son univers. Ce qui explique ce côté agressif et très rock ; mais aussi, nous implorons son pardon avec le côté très doux du Cd.
Avec 12 pistes dont 11 compositions originales + une excellente reprise de How Deep Is Your Love qui transgresse les convenances par les magnifiques accents africains qu’introduit Lionel pour basculer dans un déhanché digne d’un soukouss ou dombolo, GAÏA est une excellente litote dont la guitare est le véritable porte-voix. D’ailleurs Lionel Loueke insiste: Aucun chant dans le disque, j’essaye juste de m’exprimer à travers mon instrument.
Alors, GAÏA est-il un bis repetita, placent ? Sans hésitation c’est oui ! On y découvre un autre Lionel, qui y fait un récital aux accents très variés mais bel et bien louekesques.