“Jazz Ka Philosophy”, une question d’audace.

Jazz Ka Philosophy, une audace qui n’est pas loin de rappeler celle qui donna naissance à Kind of Blue de Miles Davis.

Il a fallu de l’audace, celle qui caractérise celles et ceux qui entreprennent. Celle qui en 1963, conduisit Miles Davis grâce dans Kind of Blue, à donner une autre orientation, une autre approche, une nouvelle ouverture au Jazz. Une autre approche qui influencera, déterminera et guidera le cours de la musique. Une audace qui continue d’inspirer beaucoup de musiciens.

Voulant marteler l’essence même de la musique, de la créativité qui est la liberté, Thelonius Monk affirmait : ’’ La musique va où elle veut …’’. Et c’est ce que Franck Nicolas a bien compris en nous baladant dans son concept Jazz Ka Philosophy, avec des ballades et sonorités colorées, riches et profondes.

Fallait-il quelconque autorisation à Franck Nicolas, étincelant trompettiste et de surcroît percutant et pertinent pour aller explorer et ouvrir davantage les rythmes traditionnels de son ile et de celle de la Martinique voisine ? La réponse est non et c’est la musique qui en sort plus grandie.
A qui d’ailleurs devrait-il adresser cette autorisation si ce n’est qu’à lui-même et à son audace ; celle qui lui permet aujourd’hui de faire voyager et d’installer le gwoka dans une autre dimension grâce à cette approche aussi novatrice que révolutionnaire.

Le Jazz Ka Philosophy de Franck Nicolas raille les censeurs, pour aller vers la matière et écrire ses propres codes dans le respect de la mamelle nourricière. Frantz Fanon utilisait une belle formule qui colle bien au concept du trompettiste : “L’essentiel n’est pas d’accumuler les faits, des comportements, mais de dégager leur sens”. Et c’est bien parce que Franck Nicolas a bien su dégager le sens de son héritage, qu’il se permet de l’ouvrir à une autre qualité d’écoute, de lui donner une autre approche. Une approche aussi efficace et crédible.

Dans le cadre du Jazzmix du festival de Vienne 2013,  nous avons et le public avec, pu mesurer et apprécier la musicalité et la pertinence du concept (Jazz Ka Philosophy) de ce trompettiste qui a su marier jazz et tambour ancestral gwadeloupéen pour déboucher vers un métissage de toute beauté et savoureux. Un choix de Stéphane Kochoyan, directeur du festival et fin connaisseur, qui a su voir et lire la vision du trompettiste guadeloupéen.

Frottez-vous au Psychédélick Trio, le dernier album de Franck Nicolas, pour vous rendre compte que l’on n’est pas dans le tâtonnement, encore moins dans la polémique sur les concepts, mais dans la musique, la vraie ! Nous sommes dans cet opus, dans un véritable flirt avec la pureté musicale. Il n’est donc pas du tout erroné d’établir la comparaison avec ce que Miles Davis a fait en 1963, en affirmant que l’audace dont fait preuve Franck Nicolas sera peut-être la norme pour les jeunes artistes de ces belles îles que sont la Guadeloupe et la Martinique et pourquoi pas d’ailleurs ce, pour le bonheur de nos oreilles.
N’ayez aucune crainte à consommer le Jazz Ka Philosophy et dans notre cas, nous abusons du Psychedeclick Trio actuellement, car un vrai délice.

En écoute “Rovelas”