Droit de réponse à l’endroit de Monsieur Bendegue.

Par Robert Bizo,Expert en Ingénierie culturelle et Professionnel dans le domaine du Spectacle Vivant.

©Tribune2lartiste|Bizo
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En ma qualité de citoyen camerounais je souhaite vous présenter ma réaction suite à l’interview que vous avez accordée à M. Bendegue, Délégué à la culture pour le Littoral et au service de l’État donc, du citoyen. L’expression ici du souhait qui est le mien d’apporter une critique aux déclarations de M. Bendegue dans l’interview sue évoquée est d’autant plus importante que de part mes dispositions professionnelles dans les domaines culturelle et artistique, je me sens une responsabilité de douter, des propos tenus par un fonctionnaire qui est censé représenter l’État et donc, censé connaître les lois du Cameroun dans le domaine de la culture mieux, qui a la possibilité de disposer de tous les textes de loi initiés par l’État camerounais depuis les indépendances et lui éviter de tenir des propos qui ne sied aux responsabilités qu’il occupe.

En lisant cette interview, j’ai eu comme l’impression de prime à bord que les lois sur la culture, pas sur les politiques culturelles au Cameroun, mais sur la culture comme outil de rayonnement et de développement, dates d’hier alors que NON. Le premier organe culturel qui alors à l’époque s’appelait le ‘’Centre Fédéral Linguistique et Culturel’’ avait été créé par décret no 62/DF/108 le 31 mars 1962 et que, en août 1965, fut promulgué un décret portant création d’un ‘’Service du développement culturel’’ (décret no 65/DF/350 du 5 août 1965). Donc, NON ! La volonté de développer la culture au Cameroun est une idée très ancienne. Les autorités politiques de l’époque avaient eu le soucis de ‘’développer’’ la culture en créant par exemple à l’époque les ‘’foyers culturels’’ qui étaient des établissements publics et qui étaient tout à la fois des bibliothèques, des musées, avec des espaces pouvant accueillir des spectacles vivants, etc.. Ces espaces étaient aménagés de façon conséquente. Ces édifices étaient actifs dans les chefs lieux des départements et financés par l’État. Il y a donc eu dans ce pays une envie de mettre en place une politique de développement culturel initiée par des personnes, des cerveaux et autres, idéologues pour penser la culture camerounaise comme vecteur de développement ayant pour leitmotiv, le bien être social du peuple. Cette culture aujourd’hui est un pan important de notre identité nationale commune et vouloir l’inclure dans le ‘’sens’’ de l’immatériel est un raccourci trop facile parce que la culture justement permet la mise en place des industries créant des bribes de ‘’sens’’ matériel. Or, le constat est simple : il n y a aujourd’hui au Cameroun, aucune volonté politique de développer la culture.

A la question posée de savoir pourquoi nous avons du mal à valoriser notre culture ?

  1. Bendegue nous informe que la culture est une chose immatérielle ;mais que bon sang NON. La culture n’est pas ‘’immatérielle’’ et je me permets de vous citer un texte de l’UNESCO qui définit en partie la culture de la façon suivante : ‘’…..«La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme étant un ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social…’’ la définition continue en mentionnant et c’est le plus important : ‘’….qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»…… Il n’y a pas donc pas d’immatérialité dans le domaine culturel et mieux, je ne vais pas citer expressément les textes politiques camerounais qui définissent la culture différemment de que ce Monsieur nous suggère.

Donc à cette question, je me serais attendu à lire dans sa réponse que le manque de valorisation de notre culture est SIMPLEMENT dû au manque criard des politiques culturelles qui n’ont jamais été mises en place par le législateur devant régir, contrôler et réguler le développement culturel et artistique…Un manque de volonté politique devant permettre la mise en place d’une économie culturelle, d’un développement des industries culturelles et artistiques en valorisant par exemple les secteurs porteurs et visibles de la culture que sont : ‘’le spectacle vivant, le cinéma ou la photographie’’, et c’est le meilleur : des politiques permettant la mise en place de l’édification des lieux d’accueil des œuvres artistiques. M. Bendegue est certainement mieux placé pour informer les camerounais que c’est le ministère de la culture qui a la responsabilité de présenter aux législateurs des textes proposant des lois pour des politiques culturelles et il sait certainement mieux que nous ‘’il est dans le système’’ que le point crucial du développement culturel est une responsabilité régalienne d’un État et non celle des individus ou des officines privées ;car c’est le politique qui met en place des dispositifs de loi nous régissant. Au contraire de ces attentions culturelles, M. Bendegue vilipende, incrimine et critique le système dans lequel il bosse en réussissant à nous faire comprendre que l’achat d’un Cd ou d’un livre est relatif au pouvoir d’achat des camerounais ‘’ce qui est vrai en passant’’ car, qui, si ce n’est un gouvernement pour encourager à la consommation des produits culturels en mettant en place des politiques volontaristes pour le développement et l’accès à ces produits culturels à son peuple ?

Alors, si donc les camerounais n’ont pas la possibilité de s’offrir aujourd’hui un Cd pas piraté, un livre ou assister à la diffusion d’une pièce de théâtre, c’est simplement parce que ce gouvernement ne prend pas en compte le bien être social des camerounais et ne leur garantit pas des salaires conséquents (pour ceux qui ont la chance et il sait qu’ils ne sont pas nombreux comme lui, d’avoir un job rémunéré et stable), permettant qu’ils s’offrent ces menus plaisirs. Parce que le gouvernement camerounais n’encourage pas la création des espaces culturels publics, parce qu’il n’encourage pas la mise en place des industries culturelles, d’une économie culturelle et la création artistique. Mais sait-il M.Bendegue, que la communauté urbaine de Douala (CUD) ou toute autre commune pourrait proposer un festival multiculturel ‘’danse, musique, théâtre’’ gratuit, une exposition ou un vernissage gratuit pour ses administrés de façon permanente ? Cette Communauté Urbaine par exemple dispose en effet d’une ligne budgétaire allouée à la culture et donc, les responsables culturels de l’institution publique pourraient émettre des idées de création des opérations culturelles sans attendre que le pouvoir central ou les privés ne mettent en place des possibilités de faire consommer aux populations de la dite communauté urbaine, les œuvres artistiques. Alors critiquer entre autres, le gouvernement qui vous emploie de ne pas encourager le développement de la consommation ou de l’édification des lieux d’accueil des spectacles, des produits culturels et artistiques est simplement catastrophique et ce n’est pas le fait de s’immiscer dans un programme qui a été créé par M. Lang et donc un programme français, que M. Bendegue fera croire aux administrés de la ville de Douala que les responsables culturels de cette ville s’occupent de leur bien être culturel surtout lorsque l’on sait que les activités qu’il cite sont en partie ‘’si ce n’est totalement’’ financées par la France. Alors un peu de décence et de respect sil vous plaît.

A la question de savoir : Pourquoi l’État ne s’investit pas un peu plus dans la construction des infrastructures culturelles?

  1. Bendegue nous sort le grand jeu. Existe-t-il encore une salle de diffusion de spectacles à Douala ou en a-t-il simplement jamais existé à Douala ou ailleurs ? Depuis que j’ai lu votre article, j’ai fais des recherches pour essayer de savoir si jamais il en a existé, des salles de spectacles en état de marche au Cameroun telle que définit dans la loi n° 2004/001 du 21 avril 2004 portant régime des spectacles (jamais mise en application). Mais je me suis rendu compte que les seules salles ayant toujours existées sont les salles ‘’de fêtes du RDPC’’ anciennement U.N.C et encore, ou alors les salles de cinéma qui aujourd’hui sont toutes ‘’il me semble’’ fermées’’. Pourtant M. Bendegue, OUI, c’est à l’État de mettre en place les politiques encourageantes, permettant la construction des lieux de diffusion des produits artistiques en permettant aux particuliers, aux officines privées, publiques ou para publiques de s’investir ensemble avec pour objectif de trouver des fonds nécessaires pour la construction des lieux d’accueil des œuvres artistiques grâce comme je le redis : à des politiques culturelles encourageantes et volontaristes relatives à ces activités.
©Tribune2lartiste|Bizo
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Cette insidieuse tendance qui consiste toujours à vouloir tancer le peuple, à vouloir savoir ce que le peuple a fait pour son pays est honteuse. Le peuple permet justement aux hommes politiques qu’il choisit à travers des mandats municipaux, de députation et présidentiel, de mettre en place des politiques cohérentes pour son bien être et le développement du pays. Raison pour laquelle je ne comprends pas trop bien les propos de M. Bendegue or, je ne souhaite pas croire qu’il soit ici en plein exercice de politique politicienne car, dire comme il le fait en voulant nous faire croire que ‘’ce n’est pas toujours à l’état de tout faire’’ est mesquin. Mais, je rêve car de par le monde, dans tous les pays du monde, c’est l’État qui décide de ce qui est culturel ou pas, c’est l’État qui met en place les politiques culturelles pour encourager les investisseurs ‘’disons’’ privés à bâtir des édifices culturels, c’est l’État qui met en place des lois encourageant le développement des projets culturels et artistiques alors sauf à être dans un pays dans lequel la loi du plus fort est la règle. C’est à l’État d’inciter les investisseurs ayant des capitaux conséquents à construire par exemple les salles de spectacle en état de marche. Ce qui n’est pas le cas du Cameroun aujourd’hui.

Il me semble bien que certains corps professionnels de la pharmacie, de la fonction publique, de l’architecture, des avocats ou même dans celui des huissiers et du journalisme c’est l’État qui a mis en place les textes régulateurs et nécessaires afin que ces corps puissent réguler leurs professions. C’est donc à l’État de mettre en place des dispositifs permettant l’encadrement, la régulation, le contrôle du corps des métiers et des professions de la culture au Cameroun afin d’éviter la cacophonie actuelle ou l’on voit régulièrement que du jour au lendemain avec des fonds douteux que certains s’autoproclament producteur de phono ou de spectacles. Ou mieux, comme veut nous le faire comprendre M. Bendegue que les personnes qui ont la possibilité d’ouvrir des débits de boissons après des gymkhana incroyables pour trouver les fonds nécessaires pour cette activité peu reluisante et rentable, doivent laisser cette possibilité induite et orienter ces fonds pour construire des salles de diffusion des produits artistiques.

Soit ce Monsieur ne vit pas les réalités économiques camerounaises, soit il se moque de la culture camerounaise car ce n’est pas du tout sympathique pour un responsable public de haut rang qui est censé maitriser la vie sociale des camerounais, d’avancer de telles inepties. Non mais, c’est grave et indécent. C’est scandaleux et simplement un brin irresponsable de le dire, de le penser. M. Bendegue devrait plutôt suggérer aux fonctionnaires véreux, indélicats si nombreux au Cameroun qui ont accès aux caisses de l’argent public de mettre l’argent des camerounais détournés et cachés dans des banques européennes à la disposition de la culture ; en s’essayant à la construction des salles de spectacle car ces fonds serviraient mieux les intérêts des camerounais que le bien être européen auquel il est alloué ; au lieu de demander à un camerounais lambda qui ouvre son débit de boisson avec des fonds modestes de s’investir dans les ‘’infrastructures qui favoriseraient l’industrie culturelle’’.

  1. Bendegue, à quelles infrastructures faites vous allusion ? Un exemple s’il vous plait…mieux, c’est l’Etat qui émet les dispositions juridiques pour ouvrir un débit de boissons et c’est le même Etat qui en met pour construire une infrastructure de l’industrie culturelle. Soyons simples un instant et raisonnons. Combien coûte l’ouverture d’un débit de boissons dans un quartier de Douala et combien coûterait la construction d’une infrastructure de l’industrie culturelle ?.
  1. Bendegue a répondu à d’autres questions relatives à l’export de la fameuse fête de la musique ou encore à son but au Cameroun mais surtout, à la touche particulière camerounaise de cette fête de la musique. Si encore là, il y a à redire sur ses propos, tellement, ceux avancés sont intellectuellement choquants. Je vais aborder ces réponses dans une autre partie afin et de laisser aux lecteurs le soin de mieux comprendre et de cerner les problèmes soulevés. Et enfin, je vais inviter M. Bendegue à se rapprocher des diplomates de certains pays d’Europe au Cameroun, pour comprendre comment sont mises en place les politiques culturelles dans ces pays avant de jeter le discrédit sur certains camerounais tout en cherchant maladroitement à protéger les politiciens camerounais et l’État qu’il sert.