Ahmad Jamal, la légende tire sa révérence.
“J’ai partagé la scène avec Duke Ellington à Carnegie Hall, à New York, en 1952, avec Charlie Parker, Billie Holiday, Stan Getz, Dizzy Gillespie. Je suis le seul encore en vie. Je suis un monument vivant.“, ainsi s’exprimait le magicien de Pittsburgh lors d’une interview, il y a bientôt 7 ans.
Avec Roy Haynes (98 ans) et Quincy Jones qui a fêté ses 90 printemps il y a quelques semaines, Ahmad Jamal faisait partie de ces légendes, de ces monuments nonagénaires, références absolues du jazz qui nous donnaient l’impression d’être fait d’un alliage inoxydable. Et cette impression était d’autant plus forte, parce que renforcée par leurs exploits dans leur art. A peine 6 mois qu’un autre géant, Wayne Shorter (quasiment nonagénaire lui aussi) a quitté la scène, que lui emboîte le pas, l’inspirateur,la muse de Miles Davis.
Avec le départ de Ahmad Jamal, ce sont des doigts portant plus de 7 décennies d’inventivité dans le jazz, qui lèvent ainsi le pied, des touches du piano. De Miles Davis qui, par son propos, en a fait presque une muse affirmant, “Ahmad Jamal est mon inspiration” à d’autres figures déterminantes du jazz, Ahmad Jamal a su marquer son siècle d’une empreinte indélébile caractérisée par une approche quelque peu inconventionnelle de son art, l’ouvrant à d’autres perspectives.
Un départ qui est synonyme d’un pan du mur de la musique classique américaine, autrement dit, la musique afro-américaine selon Ahmad Jamal, qui se fissure davantage, sommes-nous logiquement en droit de penser. Car hier Wayne Shorter et aujourd’hui lui le prestidigitateur Ahmad Jamal, ce sont des courants de pensée, des écoles de pensée qui disparaissent ainsi.