Petit-Pays Fou ou génie ?
Tentative de décryptage du ‘phénomène’ petit-Pays
Sa domination sans partage de la scène musicale du kmer depuis deux décennies ne laisse personne indifférent. Au contraire, elle a littéralement divisé le Cameroun en deux : les anti-Petit-Pays primairement virulents & une bonne masse d’inconditionnels parmi la jeunesse et les down-men — Analyse de TONGO ETONDE
La chanson ‘KO-Palu’ n’a-t-elle pas bouclé le bec à tous les détracteurs de Petit-Pays ?
Fou ou génie ? Hystérique imposteur ou visionnaire jusqu’alors incompris ? La problématique entreprise ici pourrait surfer dans ces eaux osées et extrêmement antithétiques… Une problématique qui ne mérite pas moins qu’un imposant bouquin, méticuleusement fouillé. Et ouvert à l’examen sans concession de l’éventail argumentatif d’esprits bien-pensants. En attendant de voir pareille initiative se concrétiser un jour, pourquoi ne pas se contenter de s’inviter dans le débat suscité par l’article, ’’Konda’’ de Petit-Pays, un autre ’’Mbemba mot’a sawa’’, qui ponctue l’arrivée dans les bacs du … 34ème album de PETIT-PAYS. En 24 ans de carrière discographique. « Pourquoi le ‘tenant du titre au kmer depuis 1987’ suscite-t-il une aussi virulente hostilité de la part d’une bonne partie de ses compatriotes ? Antipathie qui s’intensifie à mesure qu’il écrase la concurrence – [exactement à l’image de son ‘’Jumeau’’, ‘Numéro 1 mondial du football’, ainsi que RABBA RABBI l’assène dans ses tout récents clips mettant en scène des tête-à-tête entre les deux ‘Numéro 1 mondial’]» C’est sous cet aspect particulier de l’autre Problème national qui divise le Cameroun en deux – [les discussions virulente saignantes entre les anti & les pro-ETO’O Fils en constituent l’équivalent] – que sera abordée cette tentative de décryptage de l’incontournable phénomène PETIT-PAYS…
Le single, ‘K.O-PALU’, n’a-t-il pas achevé de faire taire les détracteurs du Turbo d’Afrique ? Comment ne pas commencer par inviter les sermoneurs de Petit-Pays, à s’interroger sur sa ‘désarçonnante’ performance interprétative dans le single, ‘K.O-Palu’ – [vidéo téléchargeable gratuitement en google-cliquant]. Chanson dans laquelle intervient un collectif de ténors de la musique camerounaise – [Richard Bona, Lady Ponce…] – en soutiens bénévoles d’une campagne de sensibilisation ponctuant la distribution de millions de moustiquaires. Où, bénéficiant de loin et le long du déroulé musical, du plus durable temps d’exécution vocale, Petit-Pays éclabousse le parterre de son prodigieux feeling interprétatif. Question au sortir d’une simple et même distraite écoute de cet air : est-ce que ces railleurs se souviennent d’avoir été à ce point remués par d’aussi simples, spontanées, mais ô combien puissamment touchantes & bouleversantes nuances vocales !?! Qui sait, peut-être touchés par une sainte grâce invitant à moins de dogmatisme, ces anti–Petit-Pays primaires sauront quelque peu adoucir, voire carrément, étouffer leur intolérant fanatisme.
Maître du feeling interprétatif
On peut, en effet, tout reprocher à Petit-Pays. Mais, qu’on le déteste des plus haineusement ou qu’on l’idolâtre, il est quasiment impossible de refouler la montée d’adrénaline qui embrase corps & esprit à la perception auditive de ses singulières inflexions vocales, roucoulées dans un éblouissant feeling. Au moins aussi enjouées et ‘enjaillées’ que ses incomparablement mélodieux ‘hymnes nationaux’ qu’elles enjolivent. Tout en apportant du relief à l’irrésistible swing sous-jacent… Invitant infailliblement si ce n’est à se gâter dans la danse, du moins à se secouer ou à battre la mesure de ses mains & pieds…
Petit-Pays a tout compris. C’est ainsi que sa vision de la musique se ramène à l’aptitude à transfuser d’agréables & intenses émotions. Tout le reste n’étant qu’artifices. Et puis donc après, c’est à chacun de voir sous quels emballages et autres ingrédients, envelopper cette pure, simple, & profonde décharge émotionnelle…
Cacophonie de boîtes de sardines, chansons sans message, paroles obscènes… Un aperçu de griefs jurant paradoxalement d’avec l’enchaînement infini de very successful hit et tubes par le Turbo d’Afrique. Ne s‘agirait-il pas là donc, que d’hypocrites et chicaniers reproches assénés par les maîtres de la critique facile, et qui ne résisteraient pas au plus élémentaire des examens ?
En se permettant une incursion dans un personnel vécu journalistique, le lecteur pourrait être amené à se figurer la désarmante problématique liée au phénomène Petit-Pays, avec des lunettes ni trop grossissantes, ni par trop teintées de seuls préjugés et a priori résistant difficilement à l’argumentation contradictoire.
Hostilité gratuite & sans fondement…
Une toute petite anecdote, donc. Qui va permettre de situer la névrose obsessionnelle greffée autour du cas Petit-Pays. Quasi-traumatique, l’anecdote tourne autour d’un authentique tsunami provoqué par le déjà ‘Number one mondial’. On est en 1998. L’artiste NKOTTI François, sous le label Gold Bond, a réuni au Stade de la Réunification de Douala, 53 des chanteurs les plus en vue du pays. Moins Manu Dibango et un ou deux expatriés. Petit-Pays s’amènera autour de 23 heures, dans un cortège escorté par des motards de la police. En deux temps, trois mouvements, la nuée de spectateurs délaisse SALLE John en train de prester, pour se ruer sur Petit-Pays à l’arrière du podium installé sur la pelouse, côté Deïdo. Et exiger qu’il monte sur scène. Ce qu’il fait dès la fin des 3 chansons convenues – [pour tous] – du tour de chant de SALLE John. Alors que TALLA André-Marie et quelques autres pointures n’auront pas encore performé. Le Turbo d’Afrique ne sera chassé de la scène qu’au lever du jour par … un orage. Après près de … 5 heures de frissonnante chair de poule, servies sur un plateau d’argent avec le déferlant rouleau compresseur scénique des Sans-Visas. En lieu & place des 12 minutes convenues pour tout le monde…
Le plus cocasse dans cette affaire, surviendra dans la salle de rédaction de La Nouvelle expression. Des deux ‘papiers’ proposés pour rendre compte de l’assurément plus grand rassemblement de chanteurs jamais réussi au Cameroun, l’encadré décrivant le déroulé de la cinglante claque assénée par PETIT-PAYS à la classe musicale locale fera l’objet d’un tollé unanime parmi les collaborateurs présents au bouclage de l’édition du lendemain. Et sera donc manu militari censuré. Conséquence : le seul article paru dans le journal le lendemain, ne mentionnera donc, en passant, qu’une cinquantaine parmi les meilleurs chanteurs locaux ont performé au stade omnisports de Bépanda. Sans plus…
Témoin d’un tel tsunami la toute première fois de voir PETIT-PAYS en chair et en os, il était impérativement tentant de lever un coin de voile sur les tenants et aboutissants du ‘Phénomène PETIT-PAYS’. Il a pour cela fallu acquérir toutes ses K7 disponibles, examiner attentivement l’effet et l’effervescence produits par ses chansons et prestations scéniques, sonder différentes catégories de personnes…
En 2001, PETIT-PAYS aligne 3 concerts d’affilée en 3 jours successifs au Parc des princes de Bali-Douala. Plein à craquer ces 3 jours d’affilée – [8000 spectateurs au bas mot, par soirée]. Au premier de ces concerts, le célèbre inconnu POUPE Didier – [cadet de PETIT-PAYS et alors footballeur professionnel en activité] – tient compagnie au tout récent vainqueur de la CAN 2000, l’alors sélectionneur des Lions Indomptables, Pierre LECHANTRE, assis à l’arrière du podium.
Une mémorable entorse aux canons journalistiques sera perpétrée pour rendre compte de cet autre phénoménal haut fait du ‘tenant du titre depuis 1987’. L’attaque de l’article qui aborde le sujet dans ‘Mutations’, percute d’entrée de jeu de façon poignante, sur l’évocation du plus saisissant événement obsédant la mémoire du jeune journaliste, encore hanté par la vision de l’inoubliable prestation de PETIT-PAYS au Stade de la réunification en 1998 – [Un fait survenu 3 années plus tôt !].
Tout premier face-à-face avec PETIT-PAYS. Visite à son Palais de Makèpè, une année après la parution de l’article de ‘Mutations’. Il est alors question de collecter des éléments d’information en vue d’un dossier de 4 pages sur le ‘Phénomène PETIT-PAYS’, en rapport avec les autres succès & embrouilles recensés chez ses succédanés issus de son orchestre les ‘Sans-Visas’.
Découvrant l’auteur du seul ‘papier’ à avoir évoqué – [avec trois années de retard…] – sa performance ‘tsunamiesque’ de Bépanda, Adolphe Claude MOUNDI ‘PETIT-PAYS’ ameutera toute sa maisonnée – [ses Turbines alors absorbées par des tâches domestiques, ses Sans-visas de musiciens sortis des chambres, des visiteurs présents, une vingtaine de personnes en somme] – pour leur montrer du doigt cet homme sorti tout droit du Cro-Magnon… La hiérarchie de ‘Mutations’ soulignera que l’édition ayant publié ledit dossier sur PETIT-PAYS & ses Sans-visas – [épopée PETIT-PAYS dans le rétroviseur, interview-vérité du Turbo d’Afrique, parole donnée à des ex-Sans Visas de renom (Samy DIKO, NJOHRREUR, Jeannot HEN’s, BISOU BASS) à travers de mini-portraits] – complètement épuisé sur le marché, aura été à l’époque la plus belle performance commerciale, résultant d’un sujet traité sous forme de dossier…
Ces quelques traits saillants authentiquement vécus, croquent à pleines dents, l’atmosphère d’adversité gratuite et indéfendable vécue par le ‘Number 1 mondial’. Dans son propre pays. Tout en fragilisant subséquemment les griefs & autres récriminations dont PETIT-PAYS est accablé, en entrevoyant de les ranger dans le registre de la mauvaise foi. Pour, par politesse, ne s’en tenir qu’à çà…
Ainsi qu’il le clame lui-même à cors et cris, PP possède un petit quelque chose que les autres n’ont pas. Génie ? Ainsi que lui le dit, ou autre chose ? Toujours est-il qu’il s’agit d’une étoffe, d’une graine difficilement discernable & déchiffrable. Et qui en fait a Very Special One. Dont on peut tout de même tenter d’en cerner les points les plus manifestement proéminents et les moins sujets à contestation & autres chicanes.
‘N°1 MONDIAL’ : délirante imposture d’un loufoque dindon voulant se faire plus gros qu’un éléphant ? Ou soupçon de réalité à entr’apercevoir ?
La quinzaine d’années de proximité journalistique avec les milieux musicaux et de spécial questionnement sur la kafkaïenne et vaudevillesque – [voire vaudouesque] –Problématique PETIT-PAYS, pardonnerait l’insolence de s’autoriser d’envisager quelques éléments de réponses. Un tantinet iconoclaste, assurément, aux yeux d’esprits bien pensants. Et autres donneurs de leçons…
Croustillante anecdote. Vue à la télé. La CRTV, en l’occurrence. Invités conjointement sur le plateau d’une émission de variétés, Antango de MANADJAMA le barbu en blanc & noir, se permet de défier PETIT-PAYS dans une partie de piquantes ‘falla’. Il sera près de triompher quand, entonnant un phrasé de son tube, ‘Zéké Zéké’ à l’adresse du public présent sur le plateau de l’émission, celui-ci le reprend d’un chœur enthousiaste. C’est là que le bikutsi-man aura tout gâté… Réponse du berger à la bergère : PETIT-PAYS entonnera, tour à tour, une dizaine de couplets ou refrains qui seront repris de façon enflammée par les spectateurs. Interrompus par le présentateur « de peur d’en rester-là jusqu’au lendemain»…
Une frappante et inattaquable démonstration propre à introniser Petit-Pays comme le Maître incontesté & incontestable de la Mélodie. Entendue ici comme un air facilement mémorisable et dont on goûte délicieusement à l’agréable sensation de le fredonner à répétition, volontairement ou non… Et sur ce point, sans la moindre exagération, il est difficile de trouver, à travers la planète toute entière, quelqu’un s’étant à ce degré illustré dans la création d’autant de mélodies profondément chevillées au cœur des âmes et mémoires de ses semblables – [et qui plus est, venant de quelqu’un qui sort en moyenne, un album tous les 18 mois (il en a sorti, en son nom propre, 3 en 2011)]
Maître de la Mélodie
Number One Mondial. Sans forfanterie, il est loisible de soutenir devant n’importe quelle tribune, prétoire ou assemblée de savants, qu’on a difficilement fait mieux. En matière de mélodieuses et ravageuses créations. Dans chacun de ses 34 albums en … 24 ans de carrière discographique individuelle, on recense pas moins de 4 ‘hymnes nationaux’ – [chansons à succès, tubes fredonnés sur l’étendue du territoire national]… Sans compter les hits empilés par les multiples ‘Enfants de PETIT-PAYS’, où, comble de modestie, ‘Le formateur des jeunes’ intervient … comme ambianceur-animateur – [crieur d’Atalaku, comme disent les congolais]. Quelqu’un s’est-il jamais imaginé la vision surréaliste d’un KOFFI OLOMIDE, WERRASSON, JP MPIANA, en train de crier des Atalaku dans la chanson d’un de ses ambianceurs-animateurs ?
Cette proverbiale générosité & prodigalité, qui lui valait déjà en 1998, de pouvoir se dépenser sans compter sur la scène du Stade de la Réunification, pendant plus 6 heures de temps. Et pendant lesquelles le public en délire, savoure en chœur morceau après morceau…
Implacable syllogisme. La mélodie constituant à au moins 50%, la colonne vertébrale d’une création musicale, le n°1 mondial en matière de mélodies, est mathématiquement le ‘Number One Mondial’, tout court : Mister Rabba Rabbi…
Les arrangements les plus harmonieux, la voix la plus travaillée ou dégageant le plus savoureux feeling, la plus recherchée des exécutions instrumentales, le plus soutenu et enlevé des rythmes, les paroles les plus poignantes ou poétiques du monde, ne transformeront jamais un air décousu, désagréable à l’oreille, en hit même ‘quatiersard’… L’essentiel donc, est la mélodieuse saveur du phrasé chanté. Et tant que c’est mélodieux, dès le moment où, ça ‘touch’, ça ‘enjoy oneself’ profondément, on peut se passer des habillages instrumentaux. Et c’est plutôt une belle mélodie qui inspire de jolies trouvailles instrumentales, et non le contraire.
Émotion: moteur de l’agir humain
Et cela, PETIT-PAYS l’a sans doute mieux compris que les autres – [il serait judicieux, dans une enquête approfondie, de savoir comment il y est parvenu : de façon innée, comme tombé dans une potion magique à sa naissance ? Ou alors quelqu’un le lui aurait-il initiatiquement soufflé à l’oreille ?]. C’est que l’art, autant qu’absolument tout ce qui se ramène à l’existence humaine, repose et tourne autour de l’émotion… Émotion en tant que moteur de l’agir humain. Pilier de la structuration de la personnalité individuelle, depuis les premiers pleurs du nourrisson lui permettant d’exprimer ses besoins et plus tard d’avoir une certaine emprise sur son proche entourage.
Aussi, durant toute sa carrière musicale, PETIT-PAYS n’a-t-il fait que monter en épingle, élever à un haut degré d’application pragmatique et utilitaire, cette connaissance intuitive des mécanismes de l’agir humain, aussi bien dans l’interprétation de ses chansons, qu’au-delà, avec, en autres, les mises en scène ‘turbuesques’ de ses événements musicaux – [arrivée sur scène dans un cercueil, pose nue, escorté jusque dans le stade de Bépanda par les sirènes de motards, arrivée sur un cheval blanc au Stade Mbappè Leppé, pochette en perruque & jupe…]
Emotion moteur de l’agir humain : toute pensée, tout acte posé, tirent leur origine de l’émotion. Ils tirent leur source d’un état émotionnel et se mettent en mouvement pour atteindre un état autre émotionnel. La vie = émotion. Le vécu humain est réductible à un concentré d’émotions.L’enfant annonce sa venue au monde par une émotion : les pleurs. En attendant qu’il use de la parole, c’est toujours grâce à son statut émotionnel qu’on aura le pouls de son état. Aussi bien de santé, qu’humoral. C’est à travers des émotions qu’il exprimera besoins, sentiments. C’est à travers les émotions qu’il fera connaissance avec le monde extérieur, qu’il accédera au processus d’apprentissage. Surtout, et avant toute chose, c’est à travers les émotions que sera bâtie la colonne vertébrale de son moi, sa singulière identité et personnalité. Avec eux, l’ego et l’amour propre inextricablement liés. Lesquels, mis ensemble, constituent l’architecture de l’agir humain.
L’émotion que le nouveau-né doit exprimer, le ressenti, les pleurs, pour manifester et obtenir la satisfaction de ses besoins, il va les mémoriser tout le restant de sa vie dans le disque dur génétique de sa personnalité. Et au fur et à mesure qu’il grandira, ce lien de cause à effet – [tel type d’émotions entraîne la satisfaction de tels besoins] – constituera la colonne vertébrale de son vécu sur terre. Et la subséquente structuration de sa personnalité reposera sur le précaire équilibre : émotions plus ou moins bruyamment exprimées & besoins satisfaits. Qui dépendra de quel côté penchera le plus la balance : entre ange et démon – [il tendra d’autant plus vers l’angélisme qu’on aura su étouffer, maîtriser et canaliser sa propension humainement naturelle à la satisfaction sans frein de tous ses désirs, caprices et tendances. Et a contrario, il fera preuve d’une personnalité intempérante, excessive, belliqueuse & instable proportionnellement à la tyrannie qu’il aura exercé enfant, envers ces proches parents. Intensité de tyrannie elle-même en rapport avec le degré de laissez-faire que lui auront cédé ses parents]… L’émotion est donc le ferment de l’agir humain.
Les praticiens de la politique, du marketing-publicité, et de plus en plus de la religion, des sectes et autres arnaques de masse, du genre Marketing de réseau, feymania, ont si bien compris cette donne qu’ils passent par l’émotionnel pour agir sur l’intellect humain. Les campagnes de communication aussi bien politique que commerciale ne se réduisant qu’à des mises en scène de stratégies arrêtées en labo. D’habiletés oratoires et de toutes autres techniques de manipulation et de manœuvres trompeuses visant à l’atteinte et l’attendrissement des points affectifs et sensibles des individus ou à la flatterie de leur amour-propre…
Transfusion tous azimuts de l’émotion. Une réalité universellement partagée par tous les arts. À travers les âges. De tout temps, le phrasé chanté est de prime abord, une décharge, une secousse émotionnelle pour l’exécutant et pour sa cible, au cas où elle est présente. De même qu’un joli poème, une sculpture, un poignant jeu d’acteur cadré dans une jolie prise de vue, une fascinante intrigue romanesque, une ineffable toile de peinture, une photo expressivement parlante…
Maître de la transfusion d’émotions
Précieux témoignage de Richard Bona, cotoyé à l’occasion d’une interview parue dans le magazine ‘Ici-Les Gens du Cameroun’, en 2004. A la question, « Comment êtes-vous devenu le Richard Bona qu’on connaît aujourd’hui, celui qui est présenté comme le meilleur bassiste du monde ? », il aura eu cette réponse d’un tel bon sens propre à faire office de référence : « Etre le meilleur, çà n’existe pas en musique. Ce n’est pas un combat de boxe. Et même en boxe, il y en a des meilleurs qui se font tabasser, des fois ! L’émotion, tu ne peux pas la juger, il n’y a pas de baromètre pour la mesurer. J’ai rencontré des musiciens qui n’ont aucune technique, mais qui m’ont ému jusqu’aux larmes, avec des trucs simples. Et j’ai vu des musiciens hyper-accomplis qui n’ont pas réussi à produire un effet sur moi. Meilleur bassiste, c’est pas important çà. »
Et devant le parallèle fait entre sa virtuosité instrumentale et sa posture de chanteur, il précisera : « Tu ne peux pas écrire une chanson et jouer comme un instrumentiste. Il faut faire la part des choses : quand tu écris une chanson, c’est une chanson. S’il faut bien allier à cette chanson une manière de jouer, tu ne peux la concevoir comme une composition instrumentale. Cà, c’est ma conception. Je vais beaucoup plus vers la chanson que vers le truc instrumental. J’ai joué avec tous les gens dont je rêvais de jouer. Maintenant, je veux faire ma musique. Elle est axée sur la chanson. Que cela affecte la basse ou pas, ce n’est pas important. Le plus important, c’est la mélodie. » Ne met-il pour autant pas un accent particulier sur la performance interprétative, insistait l’interview ? « C’est pas important ! Il n’ya pas de niveau, je n’ai pas de baromètre : essayer de mettre le feeling interprétatif au niveau de la basse ou quoi, non ! Quand la mélodie est belle, elle est la belle. C’est tout ce que je sais… »
‘Hymne national’, le jour même de sa sortie… !!! ‘Gagnez – Gagnez’, le titre phare du tout dernier album de Petit-Pays, sorti le 4 décembre 2011, était fredonné même par des enfants de 2 ans, le soir de son arrivée dans les bacs. A l’occasion de cette sortie, Petit-Pays qui a reçu en grandes pompes à son ‘Palais’, la Nollywood star nigeriane, Stella Damasus, dont il devrait composer la musique de la B.O du prochain film, a improvisé un clip tourné avec le matériel de la cinéaste – [le même matériel aura tourné une autre version de ce clip basée sur un story-board préparé à l’avance] – sur les images duquel la centaine de personnes invitées à la grandiose réception, reprennent en chœur les airs de la chanson entendue pour la première fois… L’inégalable aptitude de Petit-Pays à mitonner de cinglantes beautés mélodieuses, est mordante à travers ce ‘Gagnez-Gagnez’, que l’on parvient à fredonner avant même la fin de la première écoute. Et dont on n’oublie plus la ligne mélodieuse.
Et une fois n’est pas coutume. Petit-Pays se fend d’une surprise dont il en a le secret : frapper là où l’on attend le moins. Avec une délicieusement harmonieuse sonorité sahélienne, comme sortie de la garaya à une corde popularisée par le groupe Faddah Kawtal. Socle donc sur lequel repose le swing du morceau ‘Gagnez-Gagnez’
‘Zangalewa’ : archétype de tube planétaire sans le moindre message manifeste
Petit-Pays & la mélodie, donc, font un. Sur ce plan, y a rien à redire. Et la musique, à l’instar de tous les arts, a pour raison d’être la transfusion d’agréables émotions. La mélodie en constituant le socle le plus prépondérant. Largement au-delà de 50%. Et où le feeling interprétatif, n’est pas très loin derrière. Rabâcher donc des : « ses chansons n’ont pas de message » ; « il ne chante rien » ; « il ne sait pas chanter »…, de deux choses l’une : soit l’on ne sait pas de quoi l’on parle, soit l’on s’embourbe dans une mauvaise foi gratuite.
Pour quelqu’un qui a sorti plus de 200 chansons en 20 années, comment être à ce point exigeant à son endroit ? Faudrait-il qu’il aille copier les textes de ‘Mamadou et Bineta sont devenus grands ?’ Sur ce point aussi, sa compréhension rapide, pointue, avant-gardiste et utilitaire du fait musical, lui vaudra d’entrevoir une sorte de raccourci avec pour effet, par exemple, de soigner un ou deux textes par album. Mais en retour, de s’assaisonner un feeling interprétatif des plus piquants, épicés et relevés. En en faisant sa marque déposée. Et ce, chaque fois qu’il ouvre la bouche pour articuler, nuancer un phrasé. Que celui-ci ait ou pas un message, un sens, des paroles cohérentes pour le commun des mortels…
LOKUA KANZA, qui est l’un des tout meilleurs interprètes qui existe, n’a-t-il d’ailleurs pas ingénieusement cogné la tête à la mystique des chansons dites à message ? En écrivant des textes de certains de ses morceaux, dans une langue inventée de toutes pièces, mais dont la musicalité des onomatopées est d’une résonance à nulle autre pareille. Gaëlle WONDJE lui a emboîté le pas, dans ‘M comme Aimer’, son somptueux opus sorti en novembre 2011. Elle estime en effet que l’émotion contenue dans la chanson, ‘Ening Ine Mba’ – [‘La vie est belle’] – n’a pas besoin de mots pour être exaltée. Aussi, aura-t-elle aligné des onomatopées mélangées à quelques mots beti afin de racler & ressortir cette charge émotionnelle.
On a l’exemple le plus assommant, la chanson ‘Zangalewa’. Un véritable ‘hymne national’, chanté par tous les camerounais âgés de 2 ans à l’infini. Mais il aura fallu que la star colombienne vivant aux USA, SHAKIRA, reprenne cette chanson pour qu’au Cameroun on en vienne à savoir qu’il s’agit d’un air autrefois fredonné sur des champs de bataille. Voilà le prototype d’un charabia que tout un peuple fredonne de A à Z sans en percevoir le moindre début du sens des paroles. Et c’est ce charabia qu’une chanteuse de la trempe de SHAKIRA a choisi pour en faire un tube planétaire, au détour de sa sélection comme hymne de la South-African World Cup 2010.
Maître absolu du Swing
Il y a aussi la couleur, le grain du timbre vocal de PETIT-PAYS qu’on ne souligne pas comme il se doit. Un timbre chaud, chaleureux, complice, tendre, qui a subjugué et fait chavirer cœurs & esprits depuis qu’il a surgi dès le premier album de 1987, ‘Ça fait mal’, révélant au monde l’‘avocat-défenseur des femmes’. Une sorte de sortilège sonore ensorceleur, semblant sortir tout droit d’un univers de grottes caverneuses. Et faisant songer au pouvoir magnétique et envoûtant du grain vocal des RAY CHARLES, Bob MARLEY, ALPHA BLONDY…
Maître du swing. Cumulativement avec son statut de maître de la mélodie. Et de maître du feeling interprétatif. Principaux ingrédients émotionnels qui valent à la musique sa raison d’être. Quelque soit l’idée que l’on se fait de la personne de PETIT-PAYS ou de sa musique, il est pratiquement impossible de résister à se laisser entraîner, enthousiasmer, voire déborder, par la soyeuse intensité rythmique à l’œuvre dans ses morceaux. Le RABBA RABBI a un tel sens du balancement du swing, qu’on aurait dit que c’est lui qui a inventé ce mot. Ou que ce mot a été inventé pour désigner l’intense et entraînante musicalité à laquelle il parvient avec une déconcertante aisance. Dans cette terre bénie et mondialement enviée du swing qu’est le Cameroun, PETIT-PAYS en est la figure la plus emblématique. Et pour cette enième étoffe de génie, il mérite, au moins, encouragements & reconnaissance de la Nation.
Le rare, et précieusement bien mis en scène, talent de PETIT-PAYS apparaît donc dans tout son éclat. Et même qu’il pourrait se faire valoir au centuple. Tellement il y en a du potentiel. Et tellement, il en garde sous la semelle, comme on dit. On pourrait en effet valablement lui reprocher de ne pas être des plus exigeants sur le plan de la richesse des recherches harmoniques, dans ses arrangements. Ce qui laisse la vaporeuse impression d’un même tintement sonore qui semble revenir de façon récurrente. Assorti d’un arrière-goût abrutissant. Mais il est clair que c’est un choix. Librement consenti & assumé. On en veut pour preuve l’album, ‘La Monako’, sorti en 2005. Dans lequel le Turbo d’Afrique s’est redécouvert une âme d’esthète de l’exigence et de la justesse sonores, de la finesse des lignes instrumentales, et du dépaysement bien senti dans les arrangements. Prototype de chanson qualitativement complète, ‘A Muna Muto’, parue en 2000 dans l’album, ‘Bisou sur la tomate’, est un récital de jouissives et pétillantes musicalités. Une des chansons où PETIT-PAYS s’est fait le plus plaisir au niveau des trouvailles et autres progressions harmoniques de derrière les fagots…
Preuve, sil en était, qu’il ne s’agit pas d’une exigence hors de la portée d’Adolphe Claude MOUNDI. Il pourrait tout simplement être dit qu’il a librement opté pour ne pas se mettre une pression impossible. PETIT-PAYS est un ‘joueur’. Il n’en fait qu’à sa tête. Résolument ! Et cela, tout le monde le sait. Il en a fait sa marque déposée. Mais à y regarder d’un peu plus près, il sera loisible de dire que c’est le milieu ambiant, la mentalité locale, les conditions d’exercice de l’activité de chanteur sous nos cieux, qui vaut à l’auteur de ‘Nioxxer’ ce laxisme, ce je-m’en-foutisme, ce laziness. Un pays où l’on est critique, exigeant envers les saltimbanques & autres amuseurs publics que sont les artistes. Dont on est pourtant prompt à se laisser noyer les soucis ou à endiabler les moments de gaité et bonheur aux sons des décibels déchaînés de leurs mélodieuses orchestrations. Tout en priant de toutes les forces qu’ils tirent, eux, le diable par la queue. Vadrouillant en haillons dans les ruelles à s’adonner à la mendicité…
Un je-m’en-foutisme librement & consciencieusement adopté
Jugez-en ! PETIT-PAYS en est arrivé à abaisser le prix de vente de sa dernière production apparue sur le marché en novembre 2011, ‘Gagnez-gagnez’, à 800 F Cfa. Mais, jusque-là, les gérants de bar et autres consommateurs de musique, dont des fois le gagne-pain repose sur ces créations de l’esprit, n’ont aucun scrupule à préférer l’obtenir à 300 F Cfa, auprès du premier revendeur d’œuvres piratées aperçu… Le cameroun, c’est çà, le Cameroun…
PETIT-PAYS, il a ses inouïes facilités. Il peut composer quand il veut. Il sort en moyenne 2 albums tous les 15 mois – [il en est à son 3ème album personnel en cette année 2011]. Et 5 autres environ, pour ses ‘Enfants’ ‘Sans-Visas’, en une année. Avec une garantie de tube-hymne national pour tous, aussi bien dans les bars, les discothèques que lors des célébrations de toutes nature. Cela veut dire q’il peut aussi différer la sortie de ces compositions. Mais il est le chanteur camerounais, qui a le mieux tâté le pouls du public local. Il l’en a la température sur le bout de ses doigts. Il sait se jouer de lui. Il connaît ses goûts, habitudes, fantaisies, fantasmes, points sensibles et faibles. Et il donne à ce public ce qu’il mérite. Ce qu’il va s’empresser de consommer sans vouloir dépenser un centime. Tout en se précipitant à la première occasion pour se payer la tête de cet amuseur public aperçu en guenilles au détour d’un carref’.
PETIT-PAYS, pour s’en sortir dans cet univers kafkaïen, s’est inventé sa propre industrie musicale, dans ce mboa où il a pris sur lui & choisi d’encaisser tous les coups, d’en endurer la dure et triste réalité, en y élisant domicile. Tout en prenant les gens comme ils sont. En leur donnant du bonheur, malgré eux et contre eux-même… Son artisanale show-biz team, lui permet de multiplier dates et spectacles à travers le monde. Et même au Cameroun, où il est pratiquement le seul chanteur à être programmé à tous les moments de l’année. Il est vrai qu’il lui arrive en tournée, d’évoluer dans une sorte de ghetto, constituée par les communautés camerounaises de la diaspora, où rigueur et exigence infrastructurelles ne sont pas toujours au summum. Mais à la différence de la quasi-totalité des chanteurs camerounais qui se contentent au maximum d’un play-back, l’on devrait dire que le King of makossa love bénéficie, lui, d’une ‘première de luxe’ dans ces scènes ghettoïsées qui se l’arrachent. Le ‘Number one mondial’, se permet de se déplacer avec sa marée humaine de chanteurs & musiciens ‘Sans-Visas’, accompagnés de leurs ‘Turbines’ de danseuses, etc.
L’existence d’une authentique INDUSTRIE MUSICALE camerounaise imposerait PETIT-PAYS comme le ‘Numéro Un Mondial’ universellement & indiscutablement reconnu…
Rêvons un peu voir, d’un PETIT-PAYS dans un univers où l’industrie musicale n’est pas une loufoque chimère. Où le vocable ‘’industrie’’ est bien pesé : ensemble des opérations qui concourent à la production des richesses par la transformation des matières premières, ou par l’exercice d’une ingéniosité… Tout le monde lui endosserait, à coup sûr, la cape de Numéro 1 mondial… Un univers où le producteur serait sûr de faire du chiffre d’affaires, par la grâce d’un circuit de distribution professionnel et honnête couvrant l’ensemble du territoire et étendant ses tentacules hors du pays. Ici, l’on aurait la garantie de la qualité des produits musicaux en tous points de vue : les moyens conséquents seraient investis pour dénicher et laisser travailler les compositeurs de mélodie, les auteurs de paroles, les réalisateurs-arrangeurs de talent. Et l’interprète, lui, n’aurait qu’à venir poser ses wonderful feelings vocaux. Totalement reposés et à l’abri du stress. Le même paquet serait misé en vue d’obtenir une qualité acoustique de derrière les fagots…
L’artiste, en définitive, n’aurait eu pour unique préoccupation que de poser sa voix le jour-j dans une des pistes donnant jour à l’album. Chacune des autres parties-prenantes de l’industrie musicale assurant sa quote-part de tâches, la plus-value générée constituerait, comme dans tout pays bien organisé, une substantielle proportion du PIB – [Aux États unis, on considère que les industries culturelles fournissent 5,2% du PIB et que leur poids dans le commerce extérieur excède celui de l’industrie automobile. Au Canada, elles occupent 5% de la population active et fournissent 3,5% du PIB, tandis qu’au sein de l’Union européenne 4,6% de l’emploi total relèvent de ce secteur. Ces proportions rapportées au Cameroun, la population dépendant du secteur culturel correspondrait à la moitié de l’actuelle population salariée – (qui correspond à 10% de la population active globale)].
A l’autre bout de la chaîne industrielle, de performantes salles de spectacle permettraient aux musiciens de caler leurs dates à l’année. Ici aussi, nombre de professionnels des métiers connexes trouveraient leur compte : managers, tourneurs, éclairagistes, sonorisateurs, régisseurs, attachés de presse, médias, présentateurs, vendeurs de tickets…
Le combat des populations camerounaises donc, au lieu de se fendre en impolitesses à l’endroit de ceux des leurs qui se démerdent pour sortir la tête hors du calvaire ambiant et de la souffrance généralisée, qui ont accepté d’affronter ces réalités sur place avec eux, devrait être de tout mettre en œuvre en vue de l’avènement d’une politique culturelle étatique qui devra enclencher l’avènement d’une telle industrie artistique. Une industrie qui aurait de la considération pour le talent de l’artiste. Qui choirait celui-ci. En le mettant dans les dispositions d’expression et de prospérité optimales. Une industrie qui capitaliserait les plus-value de l’artiste. Qui tirerait le meilleur de lui, de ce qu’il a d’extra, de singulier, de rarissime. Qui en extrairait tout le génie potentiellement entrevu en lui. Et même, toute sa folie, tout court … En en faisant un rare produit à très forte valeur-ajoutée, que toutes les forces vives de la Nation s’honoreraient & s’empresseraient à imposer à la planète entière.
A la fois comme source, garantie de devises, et comme instrument d’exportation d’un Bantu way of life. Perçu comme le plus sûr moyen d’afficher & affirmer la fierté d’appartenir à une civilisation digne du plus grand respect. Et de se positionner comme peuple n’ayant aucun complexe par rapport à aucun autre peuple. Démarche propre à se persuader que les Kmer, bantous, africains peuvent traiter d’égal à égal avec toutes les autres peuplades du monde. Tout en se donnant les moyens de mettre eux-mêmes en place une organisation endogènement conçue, enfin par eux et pour eux, aux fins que leurs descendances puissent renverser la tendance d’une Histoire de l’Humanité qui leur a été des plus oppressivement et cruellement hostile.
Hyper-important. Tous les praticiens de la musique n’en sont que trop conscients. Aucune industrie musicale ou culturelle étrangère ne se substituera aux forces vives d’un pays pour promouvoir la culture de ce pays. Cela ne se peut pas, ne se fait pas, ne s’est jamais fait. Même si, isolément, certains de ses promoteurs pourraient en tirer des bénéfices financiers. Des investisseurs en matière de musique ne miseront que sur des produits auxquels ils se reconnaissent. Ou auxquels la communauté à laquelle ils appartiennent se reconnaît. Il peut arriver par extraordinaire que l’on mise sur une ou deux individualités appartenant à une aire culturelle différente, ainsi qu’on l’aura fait pour Manu Dibango. Mais, jamais, au grand jamais, la machine industrielle de cet espace civilisationnel ne se mettra point en branle dans son ensemble, pour soutenir les ressortissants répondant à ces autres repères et traits culturels. Et encore, les rares exceptions auxquelles l’industrie étrangère pourrait s’intéresser, devraient avoir renié une bonne partie de leurs propres références, pour se formater aux goûts et bons vouloirs du marché musical qui les adopte. Aussi, n’y a-t-il en définitive que l’industrie musicale d’un pays qui peut faire de ses chanteurs les rois du monde. Aucune autre ne le fera à sa place. Toutes les formes extérieures d’aide, soutien à la culture ne sont que des formes impérialistes de duperie et infantilisation connues depuis sous la notion de ‘Mission Civilisatrice de l’Occident envers les peuples primitifs’. Qui n’est qu’une forme d’aliénation et abrutissement propre à mieux contrôler les esprits à grand renfort de bourrage de crâne & de lavage de cerveau… Pour pouvoir avoir une mainmise perpétuelle sur une super-structure politico-économique au service exclusif du Membre-d(‘h)onneur – [de la Main qui prétend donner]
Un PETIT-PAYS ACADEMY OF MELODY devrait être institué en reconnaissance des éminents talents de l’Artiste
L’Industrie musicale pour laquelle donc, du moment où tous les compartiments & parties prenantes en seront pragmatiquement structurés & fluidement fonctionnels, chacune tirera les fruits de la valeur-ajoutée généralisée générée. Une telle organisation créatrice des richesses et autres emplois a tout pour donner jour à de multiples autres bébés, produits dérivés et autres excroissances marketing. L’un de ceux qui affleurent immédiatement à l’esprit, est la reconnaissance étatique de l’apport de PETIT-PAYS, dans l’édification de la mémoire collective nationale, dans la structuration de l’identité camerounaise, dans la promotion de la langue duala, etc. Et cette reconnaissance de la Nation devrait se manifester sous plusieurs formes. Monument, Semaine de Reconnaissance Nationale, etc… Pourquoi pas entrevoir simplement, un symbole emblématique et concrètement utilitaire, comme un PETIT-PAYS ACADEMY OF MELODY, qui réalisera des travaux sur les process de création mélodique de Petit-Pays, élevé au rang de parrain d’un tel Conservatoire étatique. Études qui seront léguées à la postérité. Le Rabba Rabbi National inaugurerait à ce titre, le modèle propre de ‘Music Hall of Fame’ que la population camerounaise se sera donné la peine d’inventer.
Bien entendu, ladite sacralisation de PETIT-PAYS n’est de ce point de vue, qu’un exemple parmi d’autres de projets envisageables dans l’optique d’un secteur culturel aux conditions incitatives. PETIT-PAYS, est avec TOTO Guillaume notamment, Aladji TOURE, parmi ceux dont l’impact de leur empreinte, de leur génie aura le plus marqué l’industrie musicale ou plus globalement & profondément, ébranlé et façonné l’âme joyeuse & gouailleuse du natif camerounais. Du point de vue du munyenguè. Du divertissement, du délassement, de l’adoucissement des cœurs & des esprits. Et même de la falla. Les deux ténors de l’ex-Equipe Nationale du makossa peuvent être crédités d’avoir sculpté l’actuel son camerounais. Et avoir réussi à l’imposer à travers l’Afrique & les Caraïbes, en en faisant la musique la plus voluptueusement swinguée qui existe. PETIT-PAYS de nos jours a pris le relais, en assaisonnant ce son à sa propre sauce. Ce qui fait du Kmer sound aujourd’hui, un Rabba Rabbi beat. Etre musicien camerounais aujourd’hui, se réduisant à se dire, jusqu’à quel point faire ou ne pas faire du PETIT-PAYS, tout en réussissant à cogner un de ces purs & durs swing. De derrière les fagots…
TURBO RABBA RABBI est donc aujourd’hui le Maître & Dépositaire d’un son kmer inventé par EKAMBI Brillant, et s’appuyant sur les ingrédients d’une sorte de folk grincée par les guitares électriques des fondateurs du makossa – [NELLE EYOUM, EBANDA Manfred, EPEE d’or, MOUELLE Guillaume…] – qui se sont appropriés l’adaptation des sons en vogue à l’époque – [rumba congolaise, high life anglo-ouest-africain, bossa nova & tcha tcha tcha cubains]. EKAMBI BRILLANT a apporté sa touche personnelle à ce son makossa langoureux et déjà groovement swingué. En le corsant d’avec le beat et l’esprit allègrement guilleret, jovial de la funk afro-américaine des JAMES BROWN. Joliment enjolivé par des sonorités de piano et violon dont il aura été le premier makossa-man à en faire usage. On est à la fin des années 1960…
Short History of Cameroonian Sound
Pour cela, Mot’a Muenya aura tenu à recourir à l’expertise de l’un des tout premiers sorciers de la basse camerounaise – [en réalité précédé de Manfred LONG & Joe TONGO] – Jeannot Karl DIKOTO MANDENGUE, l’american-substitute choisi pour pomper le groove funk dans les airs disco des monstres de la chanson française des années 1970, CLAUDE FRANÇOIS, NICO FERRER…
Parti du Cameroun adolescent, DIKOTO MANDENGUE alors âgé d’une vingtaine d’années – [il a trusté la basse de CLAUDE FRANÇOIS à 23 ans, après que ce dernier l’ait débauché de l’orchestre de Manu DIBANGO] – n’avait jamais été en contact avec l’effervescence sonore suscitée par la nouveauté rythmique makossa. Mais, entretemps sollicité par EBOA LOTTIN, il avait goupillé un joyau makossa à l’alors sauce rumba-tcha-tcha. Avec cette spécificité que, ça devait être la première fois, dans l’histoire de la musique, que la guitare basse supporte le poids mélodique d’une chanson – [basse chantante]. Parce que, l’orchestration était assurée par la seule guitare acoustique d’EBOA LOTTIN – [qui se contentait d’assurer le tempo], et la basse de D. MANDENGUE, soutenues par une ou deux percussions.
Originairement inspirée par EKO Roosevelt qui a introduit les instruments à vent dans les musiques du Kmer venues se faire enregistrer dans des studios parisiens, l‘Équipe nationale du makossa’ viendra asseoir ce son funk chanté en duala – [qui deviendra le socle du son bantou & afro-caribéen]. Avec pour marque déposée, la géniale et frénétique magie rythmique camerouno-camerounaise, développée notamment à travers les phrasés de la guitare basse. Qu’un Vicky EDIMO, s’appuyant sur la dominante mélodieuse acquise par l’instrument à quatre cordes via DIKOTO MANDENGUE – [dont Vicky EDIMO, devenu bassiste local attitré d’EKAMBI Brillant à 16 ans, re-tricotait à sa façon les créations de basse de son alors devancier expatrié, D. MANDENGUE, à l’œuvre dans les chansons de Mot’a Muenya] – hissera la virtuosité swinguée de la basse à la camerounaise, dans son ascension jusqu’aux sommets de la galaxie funky en plein cœur des Etats-Unis, au rang de plus-value magique. Une plus-value donc, que se sera approprié l’Équipe Nationale du makossa’, qui en fera la musique la plus voluptueusement swinguée qui puisse exister – [à travers ses mentors, TOTO Guillaume, Aladji TOURE, Ebeny Donald WESLEY]
Kmer sound is RABBA RABBI’s beat
Le ‘tenant du titre depuis 1987’ est aujourd’hui le Maître du son Kmer. Le son actuel du Cameroun, c’est lui qui l’a façonné de toutes pièces. On ne peut pas être compositeur, arangeur, interprète au Kmer de nos jours, sans être hanté par l’incernable réussite de PETIT-PAYS. Il est pour le monde musical local et même de la diaspora, la mauvaise conscience. Paradigme référentiel, l’on en arrive infailliblement à se demander jusqu’à quel point imiter ou ne pas ressembler au ‘Numéro 1 mondial’ tout en cognant des chansons à succès. C’est ainsi que pour bien d’observateurs, le génie supposé de PETIT-PAYS – [et à l’époque couplé à celui de KOTTO BASS qui avait ingénieusement réintroduit des sonorités zaïroises] – serait à l’origine de la récente traversée du désert de la musique camerounaise. En vertu du principe selon lequel, en matière d’art, il y a 1% d’inventeurs, 9% d’imitateurs et 90% d’idiots.
Mais dans le cas d’espèce se rapportant précisément à PETIT-PAYS, une autre grille de lecture pourrait laisser entrevoir l’émergence d’un contre-pôle à la fois révolté devant l’insolence & la facilité de la réussite sans effort apparent de MOUNDI Aldophe Claude. A la fois révolté donc, et adossé à cette inalysable et non-catégorisable succès. Qui suscitera une source d’émulation. Un contre-pôle dopant & motivant enclenché par Henri DIKONGUE & son mentor arrangeur-réalisateur Manuel WANDJI. Et qui depuis, a donné naissance à la world music à la Kmer. Registre dans lequel se greffent des praticiens se définissant comme des perfectionnistes-puristes hyper-exigeants pour tout ce qui touche à la subtilité des harmonies et à la netteté sonore. Il s’agit en réalité d’une sorte de jazz échafaudée sur la variété des rythmes traditionnels & urbains locaux. Un mouvement musical pratiqué par la diaspora camerounaise. Et par les locaux qui ne rêvent que de faire carrière en Occident. D’où le sentiment généralisé qu’il ne s’agit-là que d’une musique qui n’est pas destinée au public camerounais. Ou, nuance, pour tout public camerounais à intéresser, ce ne serait que la jet society ou le gratin de la diaspora camerounaise. Richard BONA, Coco MBASSI, Sally NYOLLO, Etienne MBAPPÈ, Blick BASSY, Charlotte DIPANDA, SYPAK, sont quelques-uns de cette nouvelle & importante frange de la musique du Kmer qui ont délaissé le Pur & dur ‘Kossa’, Bikust’, ‘Assiko’ et autres Bend-skin, pour s’adonner à l’ethno-jazz…
Le son Petit-Pays est identifiable parmi mille. Se ramenant à cette savoureuse ‘cacophonie’ de boîtes de sardines. Cette ‘Seben’, lancinant tintement de la caisse claire, délicieusement ponctué de somptueux contre-temps et autres syncopes. Adopté par la quasi-totalité des musiciens camerounais – [hyper-nyangalement mis en valeur par Hugo NYAME & PRINCE AIME] – si ce n’est dans les interprétions à l’œuvre au sein des albums, néanmoins, à un quelconque moment de leur prestation scénique. TALLA André-Marie, Blick BASSY, Gaëlle WONDJE, voire Manu DIBANGO en servent quelques séquences-ambainces, dans des vidéos de concert diffusées à la télé. On a aussi ce que GUILOU, le célèbre chanteur antillais installé au Cameroun, désigne par les monumentaux et très à-propos phrasés de guitare basse dans les chansons du Turbo d’Afrique. Lignes de basse qui sont réputées broder d’étincelants dialogues alchimiques avec de renversants riffs de guitares. Ingrédients sonores identifiant aujourd’hui la musique camerounaise, cette architecture harmonico-rythmique est le creuset de l’inégalable magnétisme du swing de l’ex-avocat défenseur des femmes. Adossé donc sur une facilité mélodieuse et un feeling interprétatif hors du commun.
Un futur duo PETIT-PAYS – Richard BONA !?!
Quelle plus vibrante décharge émotionnelle pourrait-on se souhaiter, au sortir de cet échange, que de s’engager à mettre tout son entrain, à donner vie au rêve de voir réunir dans un même album et une même tournée au moins, cet irrévérencieux duo, qui devrait FAIRE SAUTER LE MONDE : Sango PETIT-PAYS & Massâ Richard BONA. Le ‘Fou Génial’ & le ‘Kamikaze Puriste’. Mais tous autant qu’ils sont, parmi les plus grands Maîtres de la Mélodie, du Swing, de la Spontanéité créatrice et du Feeling interprétatif, qui aient jamais existé… Chacun pourrait tailler sur mesure pour l’autre, 3 mélodies et les ingrédients harmoniques et autres couleurs sonores qui vont avec. Auxquelles ils ajouteraient 2 ou 3 reprises de leur choix. Entourés de leurs respectifs ‘Sans-Visas’ et ‘Bonatology Band’, ils se livreraient à une Épique partie de Munyenguè-Session…
Provoquer un mangolo musical – [tsunami] – par devers la planète. Secouer & bouleverser les esprits & certitudes moyennant l’inégalable puissance du Bantu Swing. Cet album PETIT-PAYS & BONA, et les concerts qui vont le ponctuer, devraient marquer le prélude d’une Campagne promotionelle de structuration & mise en place des jalons d’une industrie musicale [culturo-artistique] appelée à soutenir et imposer les sons & feeling du kmer à travers l’univers. Socle d’une politique culturelle que tout pouvoir politique local sera tenu d’implémenter, faute de crever définitivement les yeux les moins ouverts, qu’un sous-préfet ou boy de la France – [et autre Communauté internationale] – ne compromettra pas une seule once de ses temps & énergie, à seulement faire semblant de la consacrer à une lubie externe au millénairement bien huilé système d’évacuation des gigantesques ressources issues de l’inhumaine économie de rente et de capitalisme esclavagiste – [post-colonialisme] – imposant de ne produire que ce qui n’est point consommé. Et de ne consommer que ce qui n’est pas produit localement…
Un brin de curiosité au sujet des worldwide notions of, ‘American way of life’ & ‘Exception culturelle française’, édifiera à suffisance sur la riposte de la Nation française aux effets jugés dévastateurs de l’Autorisation à faire projeter des films américains dans les salles de cinéma françaises, en échange de l’aide financière obtenue des Américains au lendemain de la Libération, ayant mis fin à la Seconde Guerre mondiale. D’autres produits de grande consommation se répandront immédiatement en Europe : chewing-gum, Coca-Cola, etc., diffusant une forme américaine de culture de masse. L’‘American way of life’ considéré aujourd’hui comme le mode de vie exerçant le plus sa domination culturelle sur le monde.
Celui-ci induisant plusieurs vecteurs, parmi lesquels la diffusion linguistique, la musique, le cinéma. Cette massive et intense diffusion d’un style de vie « américain » à travers le monde aura ouvert les vannes à une volumineuse exportation de grandes marques reconnues mondialement : Coca-Cola, Levi’s, McDonald’s, Nike, Microsoft, Apple… Une exception culturelle, donc, que la France en réaction, oppose énergiquement à l’hégémonie économico-civilisationnelle américaine depuis les années 1990. Avec entre autres l’instauration d’un protectionnisme consistant à diffuser en priorité un maximum de produits culturels français en France, au détriment de produits étrangers, soumis à la règle des ‘quotas’. Mais, paradoxalement une France qui ne se gêne pas le moins du monde pour assener une hégémonie culturelle d’un cynisme encore plus cinglant dans son empire ‘Françafricain’. En droite ligne, et cela va naturellment de pair, de la même façon impitoyable qu’elle plaque le nazisme monétaire que lui avait infligé l’Allemagne Vichyste, en imposant scandaleusement un génocidaire Franc Cfa aux pays africains francophones. [Cf. http://www.africamaat.com/Realite-du-Franc-CFA-Le-nazime]
PETIT-PAYS se trompe de cible dans son ‘Konda’
Et PETIT-PAYS lui-même, se trompe de cible, quand il embouche les trompettes pour entonner son ‘Konda’, à raison ou à tort assimilé au ‘Mbemb’a Mot’a Sawa’ d’EBOA LOTTIN. Et son paradoxalement déconcertant statut d’idole vouée aux gémonies dans son propre pays en est un vibrant témoignage. Un lâche lynchage tous azimuts, qui résulte de la sacro-sainte recette du ‘diviser pour mieux régner’ à l’œuvre sous nos cieux depuis plus d’un millénaire… Dictée par les éternels Maîtres qui n’envisagent pas un seul instant de délaisser le contrôle de haute main qu’ils ont sur le sort multiforme du destin de leur pré-carré. Et à leurs marionnettes de dirigeants africains, en échange des miettes tombant de table pour lesquelles ils les laissent s’entre-dévorer comme des vautours, ils leur ont commandé pour injonction de tuer dans l’œuf et étouffer touts brillants esprits & autres talents qui pourraient éclore – [pourquoi les ETO’O Fils, Manu DIBANGO, Richard BONA, Sally NYOLLO, les frères SABBAL LECCO, Vincent NGUINI, les nombreux médecins, universitaires, chercheurs, ingénieurs, etc. se sentent-ils autant contraints de s’expatrier !?!]. Tout en faisant émerger une élite corrompue, incompétente & fingong à qui il ne viendrait jamais à l’idée de remettre en cause les miettes auxquelles eux au moins ont accès. Pendant donc que les Ancêtres Gaulois et autres, s’arrogent tout… Aussi, vaudrait-il plutôt mieux de fredonner avec le même PETIT-PAYS, « réveillez-vous Africa » si vous tenez vraiment à ‘Gagnez-Gagnez’, en guise de grille de lecture préférentielle…
Partir sans percuter par cette posture particulièrement personnelle !?! Pas possible : Petit-Pays me s’est imposé à la longue, comme le seul chanteur dont je trouve un égal et intense bonheur à écouter les chansons quelque soit le moment de la journée – [réveil, heures de travail, déjeuner, etc.] – quelque soit le jour de la semaine, quelque soit la saison climatique, quelque soit l’humeur ou l’ambiance environnante. Ses mélodies, feeling & swing me déchirent les entrailles par le baume dont elles inondent mon cœur. En cela, il est de loin, Para mi, le ‘Number Uno Mondiale’. J’ai eu beau essayer de me fermer à ces sensations, j’ai aligné toutes sortes de crooners, sonorités et fantaisies musicales, allant de Dina Bell à Richard Bona, en passant par NDEDI DIBANGO, de MICHAEL JACKSON à RAY CHARLES, allant même jusqu’à fricoter avec les fugues, concertos et autres symphonies des BACH, MOZART, BEETHOVEN, aucun autre magicien du son n’a jusqu’ici réussi à me faire autant d’effet…
Aux dernières nouvelles BELL Joseph-Antoine et Francis KINGUE, l’ancien Directeur de l’Orchestre national du Cameroun – [qui a co-réalisé les ‘Fleurs Musicales du Cameroun’ avec Manu Dibango & Francis Bebey, révélatrices d’un AlI BABA, entre autres] – ne seraient pas trop éloignés de ce point de vue. Ce qu’une enquête méthodiquement approfondie ferait mieux apparaître sous l’auspice d’un bouquin s’ouvrant à des analyses de personnes-ressources averties. Et confrontant supposés préjugés & contre-arguments…
TONGO ETONDE