L’indécente “Black Lives Matter & Show must be paused” de l’industrie musicale.
Combien de I can’t breathe aura-t-il fallu, pour qu’elle daigne enfin sortir de son mutisme pour brandir à son tour, son indécence ? Depuis quelques heures, sur les réseaux sociaux, on voit poindre partout, dans les magazines, les labels, les maisons de disques, certains festivals, etc…le fameux: “Black Lives Matter & Show must be paused“. Tandis que d’autres utilisent des images qui illustrent la protestation des noirs sous différentes formes. Quelle indécence, mais alors quelle hypocrisie ! A dire que les nombreux crimes commis auparavant dans les mêmes circonstances et avec le fameux I can’t breathe qui les ont accompagnés, étaient si inaudibles et si invisibles. Ils n’étaient pas de nature à susciter l’intérêt de cette machine à exploitation…Et puis tout d’un coup, voyant l’ampleur des dégâts, aussi roublarde que les politiques, elle devient compatissante.
I can’t breathe cette phrase de quatre mots. Une ode à la mort subie, qu’on se voit “gracieusement” accorder par ceux qui incarnent la forme la plus absolue et aboutie du MAL. Cette phrase, mieux, cette imploration, cette supplication, cet aveu d’impuissance face à l’oppression, cette phrase qui colle si bien à la peau des victimes, surtout et toujours noires, et que le bourreau prend plaisir à exhiber. Cette phrase que prononce la victime, dans sa transition de ce monde vers l’autre, pire qu’une bête en pleine agonie, pendant que son bourreau ricane et bombe le torse.
Cette phrase à maintes reprises prononcée par les victimes, sans que cela ne suscite quelconque émoi, quelconque réaction de la part de la communauté humaine à laquelle appartient le bourreau. Sans que cela ne suscite quelconque compassion, quelconque indignation. Bien au contraire, la réaction était et est plutôt, si on a daigné en parler, au : “pourquoi du comment“, “il y a bien une raison à cela“, si ce n’est “Il l’aura bien cherché” etc. En d’autres termes, elles l’auraient bien mérité cette extraction subite à la vie…A défaut, c’est motus et bouche cousue. Ces silences complices, aussi meurtriers que les actes commis.
I can’t breathe, cette phrase en 4 mots, qui exprime le ras-le-bol. A force de subir, a su se muer en mouvement, en une énergie, en une synergie, en une égide qui se décline sous la devise : “Black Lives Matter“. Car les victimes potentielles ont compris, que leur salut, leur survie ne dépend pas des autres, encore moins de la communauté du bourreau. Si elles veulent continuer à respirer, alors il faut se donner les moyens pour. Et l’un des premiers, ce serait asphyxier le système, par tous les moyens. Nina Simone ne disait-elle pas déjà ce qu’elle entendait par liberté: “I tell you what freedom is to me: no fear“.
Les effets se font ressentir et voir. Les voix s’élèvent et tonnent; et pas seulement. Elles affrontent de face le monstre. L’industrie musicale dont on sait qu’elle ne vit que de la honteuse exploitation des musiques faites majoritairement par des noirs, dont le silence était aussi bruyant que les décibels produits lors d’un concert, monte soudainement au créneau et adopte le “Black Lives Matter“. Restée silencieusement complice, sourde et aveugle aux cris d’agonie des autres victimes et aux alertes du mouvement “Black Lives Matter“, elle finit par se sortir de son hypocrite et long silence avec George Floyd. Mais disons le nous, pas pour les mêmes intérêts ou raisons.
Décidément 2020 n’a pas encore fini de nous révéler ses dessous…Show must be continued.