Emmanuel Pi Djob pulvérise la scène de l’Europa jazz en Balade.
Si on admet que la cohabitation entre anges et démons, saints et diables n’est pas ce qu’il y a de plus facile à définir, ni à décrire, le 28 juin dernier, venant de la scène située au pied de la cathédrale (Place Saint-Nicolas), fort est à parier qu’ils ont au moins été d’accords sur une chose, il a fait beau et agréable d’écouter les sirènes humaines.
De la poésie chaloupée de Daphné Ménard le haïtien, aux cris de ralliement tout en douceur de Ray Lema et son “Nzimbu” venus tout droit des deux rives du Congo et le blues d’Emmanuel Pi Djob aux accents épicés de son Cameroun natal et son AfricaSoullGang, il a fait chaud par la qualité des shows. On a parfois regretté que la place qui porte bien son nom (Place du jet d’eau), n’en possède pas en réalité. Mais qu’est-ce que le public a adoré être là.
Pour sa 24ième édition, Europajazz en Balade, inaugurant la 43ième édition de l’EUROPA JAZZ FESTIVAL, a donné probablement le ton de ce que sera le festival qui démarre dans 2 jours (1 juin).
Si la balade physique n’a pas eu lieu dans la ville, le plateau offert était une balade, un voyage. Et le public, ni les organisateurs ne se sont pas trompés.
Avec un petit retard, Daphné Ménard et les musiciens qui l’accompagnent installent le public, par des prestations qui vont de la poésie au Kompa. Non sans souligner l’importance de l’amour entre les humains.
Quasiment un an après son passage dans la ville, Ray Lema est revenu cette fois avec un projet sorti il y a 7 ans (Nzimbu ) ; mais qui n’a pris aucune ride. Le seul changement est la présence de Rodriguez Vangama à la guitare, qui remplace Rodrigo Vianna qui lui a joué dans le disque. Occasion pour le jazzman de nouer également avec la guitare. De leur prestation vocale à leurs pas de danse, Fredy Massamba et Ballou Canta ont fait connaître la richesse musicale du Congo. Un public qui commence à comprendre que la température monte et qu’il faut attendre le plat final.
Le prince de Dibang déménage tout par une prestation époustouflante.
Il a fallu attendre 30 minutes, le temps de changer le plateau, pour voir Emmanuel Pi Djob et son armada, dérouler le grand jeu et par une prestation de très haute volée, clôturer la journée. Le plat est alléchant, et personne n’ose détourner le regard, on ne perd rien du show offert par le chanteur à la voix rocailleuse. L’équipe est rodée, on enchaîne avec la même intensité et Pi Djob est gonflé à bloc, émoustillé par un team de choc qui lui donne satisfaction : le groove de Benilde Foko à la basse, le virevoltant Sega Seck à la batterie et le sémillant Jordan Detouillon aux balafons. Sa garde vocale très colorée, pour accompagner ce plein de groove.
On voyage des États-Unis au Cameroun tout en visitant d’autres horizons, symbole du métissage que prône le musicien. Électrique, éclectique Emmanuel Pi Djob n’a pour seule limite, que celle que lui impose le temps.
Si d’aventure un concert de cet inclassable et performer de haut vol est annoncé dans les environs, allez-y avec la certitude d’un concert magnifique, mais en prenant les précautions de tenir bon ; car le prince de Dibang sait tenir le public en respect, par la magie et la qualité de son show.