Rhoda Scott et son septet nous enchantent avec “Lady All Stars”

Deux ans et 4 semaines après sa disparition, elle lui rendra hommage en donnant un concert le 30 avril prochain, au Mans. Rhoda Scott et Manu Dibango, la complicité était telle que, lorsque le saxophoniste retourne dans son pays natal en 1974, il avait dans sa suite et comme invitée, l’organiste aux pieds nus. Plus tard, les années 80, le public camerounais verra une fois de plus l’américaine prester dans le club de jazz qu’avait ouvert le défunt saxophoniste. Une présence qui sûrement a contribué à créer un lien quasi indéfectible entre le public camerounais témoin de cette magnifique période, et la reine du Hammond B3. La Sarthe étant un espace également partagé par les deux artistes, nul doute les sarthois seront massivement présents le 30 avril pour cet événement en l’honneur du saxophoniste.

Quand Neal Hefti, parle de Girl Talk, Rhoda Scott rétorque Girl Power.

Avant cette date du 30 avril, l’actualité chez Rhoda Scott, c’est aussi la sortie en digitale le 10 janvier prochain puis en physique et de manière officielle, le 15 janvier, de son nouvel opus. Un album au titre de Lady All Stars. Un disque symbole de la vitalité créatrice qui continue d’habiter l’organiste qui, le 3 juillet prochain, soufflera ses 84 bougies.

©Maxime François

Un projet 100% féminin. Révolutionnaire ? Non. Pari risqué ? Non. Exception ? Non. Plutôt une banalité qui devrait appartenir à l’ordre du normal et ne plus être perçue comme une curiosité. Entourée de ses jeunes consœurs, Rhoda Scott se nourrit également auprès de ces dernières, pendant qu’elle fait la transmission tout en contribuant à la promotion des musiciennes, que l’on a plus tendance ( peut-être moins aujourd’hui), mais tout de même, à ranger dans le compartiment vocal; occultant leurs capacités à maîtriser et à dompter d’autres instruments et d’autres compartiments dans l’industrie musicale. A ce propos, on peut également citer la solide formation Anacaona ou encore celle que forme la flûtiste et saxophoniste Jane Bunnett et le Maqueque All Stars.

Album de huit titres aux compositions originales, 2 de Rhoda Scott, 2 de Lisa Cat-Berro, 1 de Julie Saury, 1 de Sophie Alour, 1 d’Arielle Besson et 1 de Paceo Anne enrichies par la qualité des interventions des saxophonistes Céline Bonacina et Géraldine Laurent respectivement au sax baryton et au sax alto. Des artistes qui pour certaines sont devenues des références dans leur instrument en France et pour quelques-unes en Europe. En l’espèce, celles qui pratiquent les instruments à vent. Assurant également la basse avec son Hammond B3, l’organiste rehausse la section rythmique avec une redoutable efficacité. Ce qui ne saurait éclipser la dextérité de la sémillante Julie Saury, compagnonne du début de l’aventure en 2004, avec le Rhoda Scott Lady Quartet.

D’entrée de jeu, la première piste “R & R“, composition de Rhoda Scott, fixe le cap, imprime le ton de l’album. Ça swingue, ça groove et de belle manière. On est d’office captivé, et on se laisse aller à la science musicale de la dame et de ses collègues. Les compositions telles que “I wanna move” de Sophie Alour, “City Of The Rising Sun” de Lisa Cat-Berro pour ne citer qu’elles, entretiennent et maintiennent l’haletante cadence imprimée dès le début, tout le long de l’album. Les pistes  2, 4, 5, 6,7 et 8 comme la 1 donnent tout son caractère vivifiant à l’album et témoignent de la bonne qualité d’auteures-compositrices des concernées.

Un album lumineux et radieux, à l’image du sourire qu’affiche Rhoda Scott sur la pochette. Un album digne de la classe de l’immense musicienne qui, par sa compréhension et la maîtrise de son art, a su faire l’alchimie des différents ingrédients en sa possession pour en tirer le meilleur de chacun. Et, disons le une fois pour toutes, un album qui confirme que la musique n’est pas une affaire de sexe; mais bel et bien de talent. Car aux talents bien nés, la musique ne choisit point son sexe. Un fait que devraient définitivement accepter et intégrer les irréductibles sceptiques…

Autant le dire, la reine du Hammond n’est pas prête à “raccrocher” et cette nouvelle sortie en est la preuve, s’il en fallait une. Pour vous en convaincre, retrouvez la également sur scène les dates suivantes :

==> 11 janvier 2022 : Rhoda Scott Duo, au Centre culturel L’Orangerie  à Roissy en France 

==>  28 janvier : Théâtre du Châtelet, Les 40 ans du Sunset  

==> 17 mars : Rencontre Musicale autour du Jazz, au Printemps des Orgues à Angers

==> 30 avril : Hommage à Manu Dibango au Mans 

==> 5 mai : Rhoda Scott – Lady Quartet, à Serrières de Briord 

Extrait de “I wanna Move”