Clélya Abraham, le futur du jazz hexagonal et du jazz tout simplement.

Loin derrière nous, le temps que l’on s’autorisait encore en Métropole, à “cacher, dissimuler, à travestir, à minorer” les contributions des femmes et hommes, ce, dans de nombreux domaines, issus des Antilles dites françaises. Un apport qui enrichissait et continue d’enrichir la métropole en particulier, et l’universel en général. Le domaine des arts, tous confondus, portent l’empreinte indélébile, l’impact incommensurable de ces filles et fils de ces contrées désignées outremers, qui inondent le monde.

C’est ainsi que dans le domaine musical, pour ne prendre que lui en exemple, des musiciens de très haute facture se sont fait connaitre, contribuant à situer la France comme un territoire de jazz par excellence. Si des pianistes tels que Marius Cultier, Alain Jean Marie, Mario Canonge, Thierry Vaton et quelques autres se sont illustrés, la cuvée s’agrandit par une nouvelle génération, également prête à inscrire leurs noms dans le marbre. Il faut donc dans cette liste qui met en évidence ces musiciens, compter avec une jeune dame, du nom de Clélya Abraham. Ce n’est nullement dévoiler un secret, que d’affirmer que l’industrie musicale, et dans le jazz en particulier, ne pas mettre les femmes au devant de la scène, est un art en soi; et pourtant, en tant que artistes musiciennes, elles ont beaucoup apporté…

Le jazz français, antillais (Guadeloupéen, Martiniquais et Guyanais) doit pouvoir et savoir compter avec cette talentueuse musicienne, multi instrumentiste, auteur- compositeur de talent. Oui, aussi bien que ces mâles, la cadette de la fratrie Abraham est l’actuel, et à coup sûr, le futur du jazz caribéen et hexagonal en particulier, et du jazz tout simplement de manière générale.

Son second album au titre de ATACAMA, est un véritable chef-d’œuvre qui fait suite au premier, LA SOURCE, sorti en 2022, toujours au mois de février. Doit-on y voir une espèce de croyance fétichiste de l’auteur en ce mois ? Par contre fait est que, en intitulant son album ATACAMA, Clélya Abraham dévoile tout de même une certaine vision du monde qui prend source à une espèce de mysticisme.

Pour ce sophomore, disons-le d’emblée, il s’agit d’un véritable chef-d’œuvre musical, Clélya y frappe bien, fort et juste. Elle franchit un nouveau cap, plaçant la barre à une hauteur accessible et digne des musiciens de CLASSE. Si on y retrouve l’ancien compagnon de route dans le premier album, le bassiste contrebassiste Samuel F’hima, dont le groove aussi percussif qu’inventif accompagne l’album, Clélya s’attache les services de la percutante franco-brésilienne Ananda Brandão à la batterie. Se joignent à cette triplette, les guitariste Kévin Lazakis, qui, outre son phrasé aussi expressif que percussif, apporte une touche maitrisée d’effets sonores et Lionel Louéké.

Les 13 titres qui composent l’album et dont chacun est un miroir orienté, qui vers un continent, raconte une expérience, une histoire, etc… est une vision panoramique d’une partie du parcours musical de cette jeune artiste. On note également, comme nous l’annoncions plus haut, la présence de l’immense guitariste béninois Lionel Louéké dans la piste Péyi, d’une portée symbolique très forte. Fidèle à ses origines paternelles, les rythmes du gwoka guadeloupéen, comme l’a voulu Clélya, résonnent dans la chanson Péyi. Morceau inspiré du tumblak qui évoque l’amour et la fertilité.

En plus d’installer Clélya Abraham comme le futur du jazz, ATACAMA est un réel sémaphore vers et pour le bonheur des sens. Sa sortie officielle prévue le 07 février, sera également accompagnée d’une série de concerts de présentation dont les premières dates 5 & 6 FEV. 2025 au festival LE CHATELÊT FAIT SON JAZZ.