Promenade dans les genres musicaux afro-cubains via “LO NUESTRO” du contrebassiste Yelsy Heredia.

A chaque fois qu’un instrumentiste quelconque commet un disque, grande est la tentation chez les auditeurs, les mélomanes et autres fans, d’en attendre une succession de fulgurances de la part de cet artiste, par des solos à n’en plus finir, des envolées et phrases kilométriques qui s’apparentent à un acharnement sur l’instrument. Et l’attente semble, a-t-on l’impression, plus grande lorsqu’il s’agit des bassistes ou des contrebassistes.

Evidemment, comme l’affirmait Miles Davis : “Don’t worry about playing a lot of notes. Just find one pretty one.“. Seulement, fait est que, trouver cette jolie note, celle susceptible d’étreindre, d’émouvoir et de captiver le non musicien, et l’emmener à adhérer à ces “gris-gris, est l’une des missions les plus compliquées pour tout musicien. Du moins on le suppose. A moins de faire de la musique pour musiciens seulement !? Et même dans cette perspective, tous les musiciens ne sont pas logés à la même enseigne pour comprendre et ensuite adhérer à…

Malheureusement, nombre de  musiciens succombent à cette envie, au point de faire non pas un disque de musique populaire (dans le sens de parler aux profanes); mais plutôt un disque de démos. Un disque qui au final agace, horripile, tant la pléthore d’informations est de nature à perdre même les plus futés en possession et compréhension des codes de la musique. C’est dire la prouesse dans cette envie de prouver que…Ce qui nous rappelle que faire simple, est surement le plus difficile à atteindre.

©Tribune2lartiste/Yelsy Heredia

En vous collant à “Lo Nuestro” du contrebassiste cubain Yelsy Heredia, dites-vous que vous allez à la rencontre d’un musicien très affûté, qui s’est fixé pour idéal, de faire découvrir à sa simple expression, la richesse de la musique afro-cubaine.  Le choix du titre de l’album est en soi un indicateur assez parlant.  Les 10 titres qui constituent l’opus sont différentes flâneries  dans les différents genres musicaux cubains. Même si cette balade s’appuie essentiellement sur le Changüí ; Yelsy nous plonge également dans le Guaracha, le Nengón, le Bembé, etc…et même dans la salsa et du bolero.

Loin d’être une promenade dans les décombres de la musique cubaine, encore moins un projet rudéral, “Lo Nuestro” est une suite logique d’un travail qui prend sa source dans un premier projet (Camino a Maisí sorti en 2013). Une proposition musicale qui modestement, tente de recréer l’histoire musicale cubaine et ses différentes rencontres. Raison pour laquelle, Yelsi ira jusqu’à ouvrir son Changüí au rap (piste 9, Me voy Pal Guaso), associant dans l’aventure La reina y la Real rap. La “magie” de ce disque réside dans sa capacité à nous plonger dans le passé;tout en nous maintenant dans le présent. Nous faire vivre le Cuba musical d’hier et celui d’aujourd’hui.

Il n’a pas fallu beaucoup d’instruments pour merveilleusement meubler et orner ce récit historico-musical, que les voix de Celso el Güajiro , Kelvis Ochoa , Dayme Arocena encensent et proclament la toute beauté et l’originalité.

Loin d’être un monologue de contrebassiste, “Lo NUESTRO” se révèle être un disque d’une extrême délicatesse et finesse , qui correspond à la virtuosité de son auteur et à son authenticité. Véritable parcours historique dans les genres musicaux afro-cubains, par un auteur-compositeur qui fait partie de ces musiciens qui savent vous subjuguer tant sur la scène que sur support.

En écoute,”La semilla”: