Natalia M. King : incontestablement, la voix du blues.

J’étais venue à ce métier la volonté de n’appartenir à aucune tradition, de refuser toutes formes de filiation. Et franchement, jamais je n’aurais imaginé à l’époque interpréter du jazz ou du blues. Or je me suis séduite moi-même à chanter ça. (…). Je ne dispose d’aucun background pour ces genres-là. Mais après Soul Blazz et Bluezzin’ Till Dawn, l’évolution naturelle était d’aller plus loin, de creuser plus profondément pour atteindre les racines de l’arbre : le blues 

Et de conclure :

Au fond, ce n’est pas à toi de saisir le blues, c’est au blues qu’il appartient de te saisir ou pas 

Natalia Maria King/©Philip Ducap

Woman Mind Of My Own, septième album de Natalia Maria King n’est rien d’autre que la traduction d’une évidence, à savoir : on n’échappe pas à sa nature profonde. On a beau lui trouver des alternatives, elle finit toujours par nous rattraper et nous renvoyer à qui nous sommes.

Refusant toute attache à ses racines pour se réfugier dans l’alternative, la native de brooklyn dont les origines s’étendent jusqu’en république dominicaine, confirme dans cet album, ce qu’elle évoquait déjà dans sa chanson “I’ve Changed” dans l’album SoulBlazz. Aucune identité pour s’épanouir, ne peut s’auto-incarcérer ou faire le choix de l’autarcie. Et l’alternative ne peut se concevoir que, dans la profondeur de l’enracinement. Exactement comme cet arbre qui ne tombe, ni ne vacille et dont les branches ne craignent les caprices du temps, parce que ses racines sont bien enfouies au sol.

C’est donc une Natalia M King dans sa plénitude, que l’on retrouve dans Woman Mind of My Own. Dans la même veine que les deux albums de référence que sont Soul Blazz et Bluezzin’ Till Dawn, elle se positionne davantage comme une vraie figure tutélaire du blues. Et elle possède tout l’arsenal pour, rentrant ainsi dans la justesse du propos de LeRoi Jones, lorsqu’il affirme : “Si le Noir est représentatif ou symbolique de quelque chose dans le caractère de la culture américaine ou relatif à ce caractère, cela devrait assurément être révélé par la musique qui lui est propre“. Et nous y sommes, avec cette voix particulière qui évoque le blues de son parcours, si on ne voulait que regarder cela.

Magnifique album, qui n’est rien d’autre qu’enchantement.

You Don’t Treat Me No Good