Manu DIBANGO:”Il y a des artistes qui aiment légalement, et d’autres qui n’aiment pas légalement, les œuvres d’autres artistes”. A l’aune de Babatunde Olatunji, cela donne quoi ?

Parlant des appropriations…, euh des amours illégaux pour les musiques des autres par certains, le célèbre saxophoniste Manu Dibango a utilisé une belle formule : “Il y a des artistes qui aiment légalement, et d’autres qui n’aiment pas légalement, les œuvres d’autres artistes”. C’était au micro d’un chroniqueur (Fred Zeitoun) de France 2.

Souvenons-nous aussi de cette “célèbre” de Pablo Picasso, adepte de l’art de l’appropriation illégale, qualifiant donc ceux de sa trempe: ‘les bons artistes copient, les grands artistes volent.

Sous certains cieux visiblement, la notion de génie implique la très grande et subtile capacité des uns à, pas légalement s’approprier les œuvres des autres. En d’autres termes à les voler, en leur faisant subir des transformations et surtout en ne pas citant la source, pour s’imposer comme des “grands”, des créateurs de “génie”. Aidés en cela par une complicité non dissimulée et une impunité d’un système. C’est aussi pour cela qu’un Paul Gauguin est magnifié, considéré comme un grand et génie, même lorsqu’il se livre à la pédophilie. Et pour couvrir cette ignominie, on nous parle d’époque. Que dit, celui qui joue le rôle du peintre dans ce film qui lui est consacré, ainsi Cassel Vincent : “13 ans à l’époque, c’est peut-être pas 13 ans aujourd’hui…“. C’est dire, si la notion de génie est à géographie variable…et que la pédophilie et le vol pratiqués par des “grands”, sont des valeurs.

La spoliation et le viol des œuvres sont davantage encensés, lorsque les victimes sont africaines ou “exotiques”. Les prédateurs sont magnifiés, à la lisière de l’indécence. Visitons un florilège de ces vols commis pas ces génies à l’aune de l’œuvre de Serge Gainsbourg. Et bien que les faits soient avérés, en plus du propos de Guy Beart qui atteste de ce vol éhonté, le conditionnel reste de mise : “Gainsbourg aurait pris des musiques d’Olatunji et les aurait copiées et enregistrées sous la direction d’Alain Goraguer, notes pour notes, en écrivant son texte français, et il les aurait signées, y compris la musique qui n’est pas de lui.”

En 1959, Babatunde Olatunji sortait un album au nom de « Drums of Passion ». Pour son sixième album, «Gainsbourg Percussions», Serge Gainsbourg ne s’est vraiment pas privé. Il s’est génialement servi et l’album fut qualifié de quasi révolutionnaire…Ce qui prouve, si besoin était que, l’Afrique a toujours nourri la panne d’inspiration ou relancé des artistes-musiciens venus d’ailleurs…

1-Kiyakiya devient Joanna  2- Akiwowo devient New-York 3- Gin-go-lo-ba devient Marabout. Le génie de Gaisnbourg ne s’arrête pas là. Non content d’avoir puisé chez Babatunde, il ira également voler chez Miriam Makeba. Umqokozo devient Pauvre Lola.

Écoutons Babatunde Olatunji

Qu’en dit Serge Gainsbourg

 

Écoutons Miriam Makéba

 

Qu’en dit le génial Gainsbourg

Et la question que nous suggère cette propension à l’amour illégal qu’ont ces “grands” artistes, pour reprendre l’expression de grandeur à Picasso, est : « Volent-ils moins grands ou plus grands qu’eux ? »