“Les Passerelles célestes” de Marie Gisèle Nkom.

p_alice-nkom1Présentation de l’auteur.
Je suis née le 21/05/1971 au Cameroun. Je suis d’origine Camerounaise et, j’ai dû venir m’installer en France d’abord dans le cadre de la poursuite de mes études et enfin par rapport à une incertitude de l’emploi au Cameroun. Je suis titulaire d’une maîtrise des Lettres modernes Française. J’ai grandi dans une société multiculturelle où le réel se mêlait avec le surnaturel. Les croyances populaires ont longtemps jalonné mon enfance et malgré  mes études et ma vie en Occident, ces croyances font partie de moi. Je suis passionnée d’écriture, de sport et de théâtre. J’ai pratiqué les deux derniers pendant mes études secondaires  mais l’écriture est restée ancrée dans mon être. Après plusieurs articles que j’ai écrits durant mes années de collégienne, je me suis décidé à publier un premier livre intitulé « l’Océan est une femme » en 2003 .

Qu’est ce qui a inspiré ce livre ?
J’ai été témoin en fin 2008 d’une scène près d’une bouche de métro qui m’a énormément bouleversée :
Un passant trop pressé avait renversé la monnaie d’un SDF . Une jeune fille africaine qui passait par là s’est penchée pour essayer de l’aider mais le mendiant l’a repoussée en utilisant ces termes :  «  Non ! Touchez pas à mes sous, c’est à cause des gens comme vous que je suis à la rue et sans travail. Si vous voulez m’aider, rentrez chez vous ». Je me suis inspirée de ces phrases pour écrire « Les passerelles Célestes » en mettant en évidence à quel point l’intolérance était  au -dessus de la souffrance et de la misère. J’ai adressé un message  sans toutefois porter des accusations ni des critiques afin de  faire comprendre que partout ailleurs, l’étranger, l’autre, fait peur. J’ai également voulu mettre en évidence, les mythes et les croyances justement qui ont jalonné mon enfance en m’inspirant des folklores populaires racontés par ma grand-mère. J’ai voulu montrer la quintessence ambivalente de ces croyances sur la société et notamment leur impact sur les femmes. Enfin j’ai essayé de faire une mise en lumière, sans toutefois prétendre détenir la vérité du mode de vie des Africains en France principalement les Camerounais tout en montrant l’autre face cachée mais émergente de la société Françaises au fil des  ans.

La matérialisation de l’œuvre.
J’avoue que cela a été très ardu ; si d’emblée on sait où l’on va, quel message on veut transmettre, il est parfois difficile de savoir commencer. Chercher les mots qui vont accrocher le lecteur dès le début est souvent un véritable parcours du combattant. J’ai noirci plusieurs pages, immédiatement effacées avant de trouver l’inspiration adéquate. Et puis parfois, il y a un déclic, une petite phrase ou un mot prononcé et tout se débloque. Je n’ai pas eu beaucoup de soucis au niveau de la documentation car il m’était facile d’évoquer les événements qui jalonnent l’œuvre par exemple les extraits sur la première guerre mondiale où encore le panafricanisme que j’ai étudiés à l’école.
Le plus dur  a été de me mettre à la place d’une jeune fille vivant dans les banlieues. Car si c’est facile de critiquer leur langage, il est très difficile de s’imprégner de ce dernier et de rentrer dans la peau d’une telle adolescente. J’ai fait le pied de grue plusieurs fois près des jeunes pour les entendre parler et j’avoue que je me suis imposé des Limites.

Contexte de rédaction.
J’ai entamé la rédaction de ce livre à partir de Janvier 2009 au même moment où certains événements importants se déroulaient dans le monde. Je cite par exemple l’investiture du président Obama, la légalisation du mariage homosexuel par la Norvège, l’accord du cessez-le-feu entre Israël et  Le Hamas  etc. Tous ces événements bien sûr ont été une source d’inspiration sans pour autant oublier le thème de la place de la femme dans nos sociétés patriarcales. J’adore écrire de préférence la nuit quand mes enfants dorment. Le silence de la nuit est apaisant et stimule le cerveau.

Anecdote et coulisses.
L’anecdote la plus frappante est pour moi le moment où j’ai essayé de rencontrer une prostituée afin qu’elle me parle de son métier. Il me fallait comprendre leur mode de vie pour pouvoir l’évoquer et si possible me faire l’avocate du diable. Je n’ai pas réussi car toutes m’ont envoyée balader en m’attribuant tous les noms d’oiseaux.  J’ai dû me battre pour rentrer personnellement dans le personnage d’une prostituée et bizarrement c’est le passage que j’adore le plus dans le livre. Il y a aussi le côté onirique de l’œuvre qui s’est fait au prix de beaucoup d’appels téléphoniques au Cameroun, Parler des sociétés secrètes est souvent  un sujet tabou et  très complexe à évoquer surtout quand on n’en fait pas partie. Une amie à la fin de la lecture des « Passerelles Célestes » m’a posé cette question : «  Tu ne serais pas un peu sorcière des fois » ? Je lui ai répondu que nous avons tous une face cachée que nous ignorons. C’est à l’autre de nous découvrir, si elle me voyait comme une sorcière… Pourquoi pas ?

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Résumé de l’œuvre.
Au crépuscule de sa vie, Ndali, une jeune métisse dont les origines mystérieuses ont longtemps alimentés les chroniques de  sa contrée, doit transmettre son héritage spirituel à sa descendance. En leur livrant l’histoire de sa vie teintée de rejet et de doutes, la doyenne leur dévoile son rôle de combattante dans une dimension occulte afin de maintenir les équilibres qui régissent l’Univers.

Un voyage au cœur des croyances ancestrales d’un peuple ancré dans l’absolue nécessité de  préserver son identité culturelle et une mise en lumière de la place de la femme camerounaise dans les sociétés patriarcales de 1890 à nos jours.
Des profondeurs de l’inconscient, explorant le mysticisme qui préexiste à toute société jusqu’aux réalités de la diaspora, un récit envoûtant, fidèle à la tradition orale africaine.