Le refus du Live-Streaming, qui plus est payant, doit être la priorité pour sauver le spectacle vivant.

Le recours, par les systèmes de pouvoir, à la peur pour discipliner la population intérieure a laissé un long et épouvantable sillage de carnage et de souffrance que nous ignorons à nos risques et périls. L’histoire récente en fournit de nombreuses illustrations choquantes.

Noam Chomsky

De loin, on la voyait venir, la belle entourloupe de la gratuité du live streaming. Un des effets, une des conséquences, une de ces innombrables et choquantes illustrations du recours à la peur dont est passé maître le pouvoir, se trame sous nos yeux, par la mise à mort des pans de la culture ce, avec cette nouveauté qu’une partie des partis en est consentante. Elle s’abandonne lentement à sa mutilation, se livre docilement à sa propre désagrégation. Elle consent à la redéfinition, à l’anéantissement de ce qui est et fait son existence, pour s’offrir en zombi, en ersatz de…Alors qu’elle a dans ses mains, les cartes, toutes les capacités, pour refuser cette fadeur à laquelle on assigne son essence.

Au nom de la mode, de la tendance, quitte à renoncer à ce que nous sommes, les systèmes nous y dirigent l’autodestruction. Cette autodestruction qui passe par l’obéissance, à la soumission à toutes ses injonctions, même parmi les plus farfelues. La condition pour être considéré comme faisant partie de la modernité passe par là, assène-t-on de partout et surtout pour nous protéger de nous-mêmes. Faut-il s’en féliciter ou alors être triste ? Sans rentrer dans l’épineuse problématique de la réalité de la “catastrophe” qui (pré)occupe le monde , et les réponses apportées, sources des dissensions entre celles/ceux qui donnent des preuves tangibles d’un côté, et celles jugées erratiques des apprentis-sorciers des interlopes politiciennes de l’autre, le grand public s’y perd. Le désespoir, la poltronnerie ? Fait est que la résignation à laquelle s’identifie certains acteurs/trices du spectacle dit vivant, en cédant à un format de représentation qui dénature la relation avec le public, confirme ce que dit l’écrivaine indienne Vandana Shiva.

Lorsqu’une catastrophe se produit les gens ne changent pas, ils paniquent. C’est sur ce terreau que se développent les dictatures ou la prise de pouvoir sur les populations. L’idée que les personnes les plus exploitées au tréfonds d’une société vont se relever miraculeusement n’est pas réaliste.

Vandana Shiva

Comment comprendre autrement une telle attitude dont on sait qu’elle leur est défavorable, si on ne l’analyse pas à l’aune du propos de l’écrivaine indienne ? Reste-t-il encore des musiciens ou des acteurs/trices du spectacle vivant, qui résisteront à cette corrosion programmée ? Ne pas payer un concert en live-streaming c’est d’une part, côté public, aider les acteurs/trices du spectacle vivant et redonner ses vraies définition et place à la relation artiste-public ; et dire d’autre part, le refus d’un modèle de société qui n’a de cesse de réduire une partie de l’humanité à la simple expression d’exécutant, pour ne pas dire, à sa chosification. Et pourtant ! Comme l’affirme La Boetie.

Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire.

Etienne de la Boétie