Le label : “Le musée sort de ses murs” , une belle et ambitieuse audace de Francoise Nyssen.
Dans sa lancée pour l’abolition de la ségrégation culturelle en France, dont les effets engoncent la vision et continuent de ternir l’image de ce pays, l’actuelle ministre de la culture Françoise Nyssen, est vraiment en croisade. Parlant de ségrégation, on peut rappeler cette grève de la faim du trompettiste guadeloupéen, Franck Nicolas qui, ras le bol de celle que subissent les artistes-musiciens des Antilles a, la semaine dernière, tiré la sonnette d’alarme, dénonçant cet apartheid séculaire dont ils sont victimes. Parenthèse fermée, poursuivons donc sur l’initiative voire le combat de l’actuelle ministre.
Hier, dans les salons du ministère de la culture, Francoise Nyssen a rassemblé quelques élus (on notera la présence de la député du lot Huguette Tiegna) pour dire Merci à certains musées qui n’ont pas attendu son combat à elle, pour amorcer cette démarche d’enrayage de cette ségrégation culturelle que connaît la France. La ministre ne s’en cache pas, puisque ses mots ont été d’une précision : « (…), Vous ne m’avez pas attendu, pour commencer…je vous remercie, pour celles/ceux qui sont là,pour cela… » continuant ainsi son discours assez laconique.
Huguette Tiegna qui, pour la circonstance, rappelle : “Dommage que d’autres ne soient pas là ; peut-être l’agenda en est la raison aussi ; mais je suis là, pour supporter une si belle initiative… ”
Si nous résumions avec nos propres mots l’initiative, ou précisément le label « le musée sort de ses murs », nous dirions d’abord que : c’est la sortie des œuvres d’art de leur zone de confort, pour aller à la rencontre de cette partie de la population qui se sent exclue ou s’exclue d’elle-même de l’accès à la chose culturelle ; et les raisons, sans les juger, s’entendent. C’est également une invitation à ces populations vivant cette apartheid, de briser la glace et de satisfaire enfin leur soif de la chose culturelle et en l’espèce, la visite des musées. Et c’est en cela que la démarche de la ministre est en soi, très intéressante et doit susciter engouement et soutien.
Parce que, selon les politiques culturelles suivies ou pour(suivies), les musées sont encore considérés comme un bien de luxe, un caprice d’élites, qui ne seraient donc que l’apanage des seuls porte monnaies bien fournis. Et c’est cette aliénante et poussiéreuse idée, mais malheureusement entretenue par les politiques des prix prohibitifs, que souhaite à jamais, gommer Françoise Nyssen, de l’esprit des uns et des autres ; et faire de la fréquentation des musés, de l’accès aux œuvres d’art, une démocratisation, une popularisation, une vulgarisation dans ses aspects nobles et sains et pourquoi pas saints. Le label en question, ne rentre-t-il pas dans le grand ensemble et projet : Culture près de chez vous !?
C’est la responsable de conservation au musée de Dieppe, Céline Ramio qui, parfaitement, résume cette schizophrénie : « (…), vous savez à Dieppe, la population est dans sa majorité dans la pêche et certains considèrent qu’avec le peu de moyens, le musée n’est pas une priorité et surtout pas pour eux. Il nous appartient aussi d’aller vers ces populations et avoir un discours autre. Un discours d’éducation, d’information. Et c’est ce que nous nous essayons de faire et ferons davantage dans les mois à venir ; et nous sommes très heureux que notre projet ait été choisi parmi les 19. »
Le label “le musée sort de ses murs” est à la fois ambitieux et audacieux dans sa vision et ne peut que faire du bien, à une France dont l’image trouble et davantage en cette période, ne fait que s’assombrir. Puisse ce coup révolutionnaire de la ministre lui donner une sorte d’éclat et en faire une nation qui essaye enfin de distiller de la “lumière”, en lieu et place de ses incantations audibles que par elle-même. Le label sonne comme une révolution, et fait grincer les dents auprès des caciques du “rien ne doit changer “. Si la France veut aussi être attrayante ailleurs, elle qui et à raison perd pied en Afrique dite francophone, il faut qu’elle commence à comprendre que, ce qu’elle veut pour sa population, les mêmes aspirations sont valables pour les autres peuples. Pense-t-elle également à restituer les œuvres d’Art injustement et violemment arrachés dans les pays africains, afin que les populations de ces pays, en profitent aussi ? C’est ainsi qu’elle gagnera au moins, la sympathie auprès de ces populations et de sa jeunesse surtout, qui elle, ne nourrit aucun complexe envers la puissance colonisatrice qu’elle a été, maintient par certains actes et continue d’entretenir par certains aspects. Cette jeunesse est prête à toutes les confrontations et à ne plus lui céder du terrain.