Françoise Nyssen : « L’inégalité culturelle en France est une réalité »

  Dans la lutte contre les inégalités d’accès à la culture, certains diront – comme sur bien des sujets : « on a tout essayé ». Je ne m’y résous pas. Nous devrions être, par essence, le ministère le plus proche des citoyens. Nous restons, malgré tous nos efforts, d’une certaine façon, l’un des plus éloignés.

C’est devant quelques personnes conviées pour la circonstance, que la ministre de la culture, Mme Françoise Nyssen, hier 29 avril, à la Grande Halle de la Villette, a présenté et décliné le plan gouvernemental en faveur de la culture, sous le nom de: La culture près de chez vous.

Malmenée par les différents gouvernements, pour lesquels la coupure du budget de culture était l’exercice favori, la culture en est réduite, selon la Françoise Nyssen, au superfétatoire, au superflu, ainsi la ministre : “Les droits culturels ne sont pas des droits accessoires… “.

 

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Une fracture culturelle, une ségrégation culturelle qui se nourrissent des inégalités géographiques. Dans un discours qui dresse sans concession un héritage inégalitaire et presque inique du jacobinisme. Un jacobinisme qui a fait de la culture, un outil de ségrégation par une centralisation à outrance, dédiant les avantages aux seuls parisiens ou franciliens. La ministre met le doigt là où cela fait mal, ou pourquoi pas, bien (selon que…). Ainsi la ministre : “Nous dépensons dix fois plus en Île-de-France que dans le reste du pays, les chiffres sont criants : 139 euros par an pour un francilien ; 15 euros en moyenne pour les autres citoyens. Vous me direz que les lieux se concentrent autour de la capitale, c’est vrai. Il n’empêche que le service public n’est pas équilibré. ”

C’est pour mettre un terme à cette ségrégation culturelle, à cette culture des villes d’un côté et celle des champs de l’autre, rompre avec ces digues héritées de ce jacobinisme abscons et encourager le mouvement des artistes à travers la France, qu’avec le  plan La culture près de chez vous , la ministre propose aux uns et aux autres, une sorte de new-deal culturel. Rendre la culture plus proche du peuple ; car le désir de culture est réel à travers le territoire. Définitivement enterrer cette centralisation qui a fait de la culture une exception, un luxe pour certains, ainsi Françoise Nyssen : « (…).Faire en sorte que l’exceptionnel devienne le quotidien ».  Arrivera-t-elle à faire céder les barrières parisiennes pour rétablir un semblant ou alors réel équilibre et justice géographiques en la matière ? Dans tous les cas, plus claire et expressive, on ne pouvait l’être, ainsi : “Je souhaite m’attaquer aux inégalités Paris-province que le nôtre nous laisse.”

 

Françoise Nyssen /©Tribune2lartiste.com

 

Diagnostic bien établi, la ministre détaille quelques points dudit plan pour gagner la bataille engagée, et refuser ce qui s’apparente à une sorte de fatalité: « Regardons autour de nous. Le service public de la santé s’est organisé : là où il reste des déserts médicaux, dans les territoires ruraux ou isolés, les infirmiers et les médecins font des tournées. ». Il est temps d’engager une politique d’audace : “On n’a pas tout essayé, pour l’accès à la culture. Il faut tracer de nouvelles routes, aller au-devant de nos citoyens….(…), Mon ministère n’a jamais porté une telle politique. Il doit porter un projet global, une politique déterminée pour ces territoires ruraux, ultramarins, périurbains identifiés comme « prioritaires », pour investir le cercle de proximité des citoyens, loin du cœur des métropoles. C’est ce que nous allons faire, ensemble. C’est l’objet de la « Culture près de chez vous. “. Au regard des écueils divers, la bataille s’avère être plus qu’une simple partie de rhétorique.

Les artistes et les territoires culturellement défavorisés ont avec ce plan, de bonnes raisons de se satisfaire et d’entrevoir le futur avec beaucoup d’enthousiasme et de sourire. Mais, l’adage nous enseigne aussi que le maçon se juge au pied du mur et non à la qualité de ses incantations. C’est avec un Wait and See que nous allons donc conclure, le propos d’une présentation somme toute riche en enseignements.