Ekambi Brillant à la mamelle nourricière à MUSINA 2021.
Une île, Jébalè. On aurait pu dire Jébalè la belle, Jébalè l’affriolante, la séduisante. Que nenni ! Tout à l’air de s’être arrêté il y a des années, dans cette île d’une douceur enivrante pourtant. Les quelques âmes qui continuent d’y maintenir le souffle de vie, n’arrivent pas à effacer la première impression qui accable (oui qui accable) celui qui, pour la première fois, foule le sol de ce coin au potentiel paradisiaque ; que de nombreux maux habitent et hantent, à l’instar de nombreux villages Sawa. Un accablement que le musicien Toto Guillaume a métaphoriquement et remarquablement chanté affirmant : ” Jébalé a investi mon sein ; lorsqu’il a été saccagé, on a pointé du doigt le choléra…tout le sable sawa est infesté… “. Jébalè est restée prisonnière de ce saccage et semble l’entretenir, s’en accommoder, lorsqu’on observe certaines attitudes, certains comportements hélas ! Et la fin du festival en a fourni l’évidente preuve. L’idiotie ayant pris en otage un public étranger, sans que cela n’émeuve les pontes et leurs affidés…
Bien que Poupe, Musina se revendique aussi figure de Proue de l’île…
Malgré cette hideur consciemment entretenue parce que nourrie par des sommes d’égos mal placés, on ne saurait enlever à l’île, sa fierté et son esprit libre. Cette fierté qui nourrit sa créativité et un certain dynamisme malgré tout. Le dynamisme d’une jeunesse à l’initiative d’événements de nature à sortir l’île de sa léthargie, sa torpeur. Un dynamisme qui malheureusement devra encore composer avec les hubris bien aiguisés, les incompétences, les incohérences, et un certain manque de courtoisie, pour ne pas pointer l’éducation de certains éléments en son sein.
C’est néanmoins dans ce contexte où le bon sens est copieusement laminé par des brillantes inconsistances, que surgissent aussi des enluminures. C’est dire combien colossale, reste la tâche. Enfant nourri à la mamelle de Jébalè, Ekambi Brillant rappelle pourtant un fait dans une de ses chansons : “Beaucoup sont appelés ; mais peu ont été élus ; vous connaissez pourtant cette vérité… “.
Parmi ces initiatives d’envergure, ces lueurs d’espoir que suscite l’île de Jébalè, Musina. Un festival qui a la légitime ambition d’être l’une, sinon la vitrine par excellence de l’île. Pour sa quatrième édition, et pour la première fois en intégrant le volet musique, deux pointures ont fait le déplacement samedi dernier : Toto Guillaume et Ekambi Brillant. Ce dernier, non moins enfant de la dite île. Car de Jébalè s’est construite la personnalité de bébâ (un, parmi les nombreux pseudonymes qui lui collent à la peau), et de son propre aveu, signe de sa gratitude et reconnaissance, il confesse : « C’est ici à Jébalè, que me vient tout ce que l’on peut désigner par génie chez moi ». Si Dibombari a donné la pierre brute, Jébalè l’a polie et lui a octroyé son éclat…
Maître de la scène et d’une élégance digne de son rang, Ekambi Brillant honore « Musina ».
Et c’est davantage en signe de sa reconnaissance qu’il a répondu présent à l’invitation qui lui a été adressée d’honorer de sa présence le volet musique. Signe de son respect pour son village, son public et surtout de l’artiste de haute facture qu’il est, aucun détail n’a été négligé, partant de sa tenue vestimentaire au reste. Quelques instants avant d’investir la scène, à une remarque, il rétorque avec justesse : “La scène est mon lieu de travail. De la même façon que le médecin met sa blouse, l’avocat arbore sa toge, je mets mes habits de scène. C’est pour respecter mon métier et les gens qui viennent me voir… “
La suite, c’était du brillant comme Ekambi sait le faire, confirmant de fait, qu’il est et reste un esthète de la scène, le puriste par excellence. Il déroule, fait monter de plusieurs crans les débats et fixe le cap. Du fond des eaux, mêmes les sirènes ont reconnu l’appel et le chant de celui à qui, il y a des décennies, elles ont donné la bénédiction d’être la lumière, le phare.
Si Musina envisage réellement devenir un festival digne de ce nom, et tout est là pour le devenir ; alors qu’il commence par faire le tri des éléments susceptibles de le conduire dans cet objectif en son sein, se débarrassant sans état d’âme de la pollution actuelle qui la parasite et risque lui nuire, assignant définitivement Jébalé dans son rôle de succube.