“Danzón Cubano”, Marialy Pacheco fait un tour dans le classique en y injectant des ingrédients de la musique populaire cubaine.

D’abord, rappelons ce qu’est l’ossature du nouvel album de Marialy Pacheco à paraitre le vendredi 17 mai, sous le nom de : Danzón Cubano.

« Danzón Cubano », c’est à la fois Marialy Pacheco au piano, accompagnée par Juan Camilo Villa à la basse et Rodrigo Villalón à la batterie et en invité le trompettiste Joo Kraus d’un côté, et le WDR Funkhausorchester sous la direction de Gordon Hamilton de l’autre.

A la question suscitée par cette rencontre entre la pianiste et l’ensemble, résumée par : C’est un peu comme si l’exigence et le divertissement fusionnaient, un mariage de musique savante et populaire, mais… qui est qui ? Il faut peut-être rappeler qu’avant de s’aventurer sur le terrain du divertissement donc, Marialy Pacheco est avant tout un pur et surtout produit de qualité de la dite exigence. A l’image de la majorité des musiciens cubains, elle vient du classique avec une solide assise. Rappelons aussi son propos lors d’une interview que nous avons eue , quelques années:

Ainsi Marialy Pacheco: “A mon avis, ce qui fait la particularité des pianistes cubains ; c’est qu’ils possèdent cette faculté de jouer du classique, le jazz et bien d’autres rythmes du fait de leur solide formation. Nous possédons une excellente technique qui nous permet d’aborder sans grande difficulté toutes les musiques.Danzón Cubano n’est donc qu’un clin d’œil , qu’un regard, une des nombreuses cordes de son arc qui a été utilisée, pour illustrer sa faculté à être à l’aise dans tous les styles.


Marialy Pacheco & WDR Funkhaus Orchester feat. Joo Kraus – “Tres lindas cubanas”

Entre puissance, finesse, élégance et grâce, la cubaine qui en sera avec Danzón Cubano, à son cinquième album (en y ajoutant l’album de ses débuts « Bendiciones, sorti en 2002 »), n’a plus rien à prouver ; si d’aventure, certains l’espèrent encore à ce niveau. L’expérience avec le WDR Funkhausorchester n’est qu’une étape de plus, qui révèle une autre facette de la pianiste cubaine. Jouer avec ou entendre sa musique jouée par un ensemble philharmonique ou symphonique rentrera au fil des années, dans l’ordre du «banal» ou «normal» vue la tendance ce, pour plusieurs raisons.

Ce qui fera ou fait la différence, c’est la qualité, l’élément de distinction qu’apportera celle ou celui dont la musique est jouée dans le projet. Et c’est en cela que Danzón Cubano se distingue ; car Marialy Pacheco y pose son empreinte avec audace, autorité et beaucoup d’aplomb par l’approche de son instrument dans cet ensemble et par la subtilité des arrangements, qui donnent toute la splendeur à l’œuvre.

©Tribune2lArtiste
©Tribune2lArtiste/Marialy Pacheco.

Un écrin de 10 chansons, qui reprend pour certaines, des « classiques traditionnels cubains », dépoussiérés par la luminosité du jeu de Marialy Pacheco, et leur redonnant un nouvel éclat. Les pointes de fulgurance qui émanent de l’obéissance de l’instrument au moindre geste de la pianiste, ou de ses compagnons s’accommodent de et s’insèrent dans l’ensemble avec une parfaite harmonie, mettant en évidence la richesse de la rencontre. Ecoutez par exemple cette reprise de El Manisero, dans laquelle le trompettiste allemand Joo Kraus plane joyeusement…un véritable régal.

Danzón Cubano, ne fait pas que montrer les qualités pianistiques de Marialy Pacheco; mais nous livre d’autres aspects de cette musicienne qui réécrit les codes qui régissent l’univers de son art, bousculant les habitudes et rappelle également aux récalcitrants, que la musique ne s’accommode d’aucun élément qui lui porte ombrage pour son épanouissement. Le mot musique n’est-il pas déjà au féminin ? Un album joyeux, lumineux à l’image de la pianiste, une véritable pièce musicale.

En écoute, Ay! Mama Inés: