CONNIE HAN nous fait rentrer dans sa Zone de Crime avec beaucoup d’audace.

“This record is really meant to be a statement about being rebellious but within the tradition. It’s provocative and fresh in its own way, while still having one foot in the past and honoring the jazz tradition. The title, CRIME ZONE, reinforces how I hope to brand myself as an artist, which in the end is being a provocateur of creative music.”

Avec cet avant propos, la pianiste installe son monde et les choses ont le mérite d’être clairement dites. Personne n’est pris en traître.

On sait ce que l’on quitte, on ne sait pas ce que l’on prend.” Qui n’a pas, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, eu à prononcer ce célèbre dicton face à une situation nouvelle donnée ? C’est bien connu, l’inconnu porte en lui à la fois des fantasmes comme l’affirmait déjà en son temps, Victor Hugo : “Le bonheur est parfois caché dans l’inconnu.” ; puis de l’autre côté, une bonne dose d’appréhensions, ainsi Philippe Labarthe : “L’inconnu est porteur d’angoisse.”

S’il y a bien un crime commis, il faut donc l’avouer, son auteur n’est personne d’autre que la jeune pianiste de 22 ans, Connie Han. Le crime d’une audace qui nous sort de notre zone de confort, qui bouscule nos habitudes pour nous plonger dans une inconnue. Mais pour autant, elle ne nous demande pas, en écho à l’adage, de quitter quoi que ce soit ; elle nous invite tout simplement à visiter un autre repère, un autre référentiel. Dans CRIME ZONE, Connie Han a souhaité donner une musique qui échappe à la classification habituelle, pour ne pas dire classique par une interprétation des motifs qui débouche sur une sorte d’hybride issu du mariage entre une approche traditionnelle et moderne du jazz.

 

Connie Han

 

En joignant à son trio habituel (Bill Wysaske à la batterie et Edwin Livingston à la basse) les services des saxophonistes ténor-saxophoniste Walter Smith III (pistes 1-4-6) et du trompettiste Brian Swartz (piste 1), particulièrement les pistes concernés dégagent un relief conséquent et confère à l’ensemble un caractère encore plus prononcé de l’aspect innovant qu’a souhaité injecter la pianiste dans l’approche et la conception de son projet. 10 pistes soigneusement tracées et sur lesquelles Connie et ses musiciens se sont laissé aller à toutes les fantaisies possibles.

Une attaque assez percussive des touches, qui n’est pas sans rappeler, un peu celle de Randy Weston qui nous a récemment quittés, et pour cause, concède Connie Han : “Parce que je n’ai jamais été formé par un professeur de piano classique, la plus grande partie de ma perspective musicale est née de l’interaction avec un batteur professionnel alors que j’étais une jeune qui se cherchait. Je pense que cette expérience m’a donné un avantage unique qui informe sur les éléments très percussifs de mon jeu”.

Un album qui porte la marque de la fougue d’une jeune pianiste à l’audace intelligente. Une écoute qui comporte toutefois les risques d’une addiction, l’audace de la jeune Connie Han et son caractère provocateur rendent l’inconnu davantage excitant et la percussion de son jeu si affriolante. Une Zone de Crime dont on aimerait trop souvent fouler le sol, pour le bonheur des sens. Nous le conseillons vivement. Il n y a plus qu’attendre le 12 octobre prochain pour sa sortie officielle chez Mack Avenue Records , puis vérifier et expérimenter les effets de Crime Zone .

En écoute: “Another Kind of Right”