Sarah Lenka vient conter le blues près de la grande bleue.

Tout comme  l’auteur dramatique Sacha Guitry avait réalisé en 1954 le film français «Si Versailles m’était conté…», la chanteuse Sarah Lenka a cette fin de mois d’août 2018, présenté son troisième album I Don’t Dress Fine, Sarah Sings Bessie Smith sorti en octobre 2016.

Si des historiens ont reproché au réalisateur d’avoir pris des libertés avec certains personnages, celle qui fut désignée en 2007 «artiste vocale féminine par la SACEM», a pris l’option de revisiter le répertoire de Bessie dans un registre blues-folk. Depuis l’enregistrement de son album, les scènes ont façonné cet hommage. Le 24  août 2018, au Cassis Jazz Festival, dans l’idyllique amphithéâtre de la fondation Camargo avec vue plongeante sur les calanques, Sarah raconte une histoire avec des personnages imaginaires : «Gérard le Conard» qui méprise son amoureuse dans Outside Of That, ou «les pétasses» à qui elle dédicace Cake Walking Babies. Progressivement, au cours du concert, Bessie Smith prend corps devant le public, enthousiaste, debout, tapant des mains en dansant.

 

 

L’histoire de cette chanteuse, star des années 1920, n’est qu’une suite de rebondissements. Née en 1894 dans une misère extrême, elle exprime sa peur du lendemain dans Far Away Blues, repris par Sarah et Ben l’Oncle Soul en duo dans l’enregistrement studio, juste accompagnés par la guitare.

A 19 ans, mademoiselle Smith enregistre ses premiers albums chez Columbia Records et devient une des artistes afro-américaines les mieux payées des années 1920. Mais la grande dépression ralentit sa carrière, ce qui ne l’empêche pas de rechercher l’amour en vain : dans Sing Sing Prison Blues, elle est en prison pour avoir pourchassé son homme qui l’a trompé. L’ambiance triste est soulignée par la rythmique mélodieuse de la guitare, Sarah chante le texte accompagnée par le contre-chant mélancolique de la trompette. Le timbre de voix de Sarah Lenka et les arrangements de Fabien Mornet donnent le ton vagabond revendiqué par Bessie dans J.C. Holmes Blues «But I’m a ramblin’ woman with a ramblin’ mind !» «Mais je suis une femme vagabonde avec un esprit vagabond !».

Bessie meurt à 43 ans dans un tragique accident d’automobile. Quand on est l’impératrice du blues, on ne meurt pas réellement, Sarah le confie dans On Revival Day «Oh, gloire Alléluia ! Cela vous rend tellement particulier, le diable ne peut pas te dominer le jour du renouveau !»

En effet ses morceaux sont utilisés dans le jeu vidéo BioShock (2KGames) sur la plupart des consoles et ordinateurs.

L’œuvre de Bessie Smith n’est pas oubliée, I Don’t Dress Fine, Sarah Sings Bessie Smith de Sarah Lenka en est la preuve. Souhaitons que ce très bel hommage ait le même succès que le film « Si Versailles m’était conté…» qui fait partie des cent plus gros succès du box-office français, avec presque sept millions d’entrées.

Mais Sarah Lenka n’en restera pas là, tout comme Sacha Guitri. Elle a prévu d’aller plus loin, elle nous a confié au bord de la grande bleue à la fondation Camargo à Cassis, qu’un album autour des Works songs devrait voir le jour dans un proche avenir !

Line Up du concert du 24 août 018 : Sarah Lenka : chant – Lucas Montagnier : banjo, dobro – Quentin Gomari : trompette – Manuel Marchès : contrebasse – Taofik Farah : guitare.

Line Up de l’enregistrement : Sarah Lenka : chant – Fabien Mornet : banjo, dobro – Malo Mazurié : trompette – Manuel Marchès : contrebasse – Taofik Farah : guitare.

En écoute :  “On Revival Day”.