“Hidden Paradise”, Raymond Doumbè dévoile son paradis.

Longtemps resté à l’écart de cette tendance qui depuis a gagné les musiciens qualifiés de sidemen d’exprimer à leur tour, ce qu’ils musicalement, ont à dire en tant que leader, le discret Raymond Doumbè a, lui aussi, franchi les notes, dévoilant ainsi son univers par un travail de très bonne facture. Autant le dire d’entrée de jeu.

Plutôt discret de nature, Raymond Doumbè est plus connu comme compagnon de route de ces musiciens leader de haut rang. Un sideman de qualité comme on dit dans le jargon, dont la fidélité est exemplaire. Citons juste pour illustrer le propos, ses années en tant que chef d’orchestre auprès de Myriam Makéba et quasiment la même longévité auprès de Manu Dibango. Des piges chez bien d’autres tels que Salif Keita, Liz Mc Comb ou avec Bobby Few, qui fût comme une sorte de figure tutélaire.

Évitant le piège qui trop souvent guette beaucoup d’instrumentistes, en l’occurrence ceux de son Cameroun natal, à savoir, trop en faire ou en mettre au point de perdre sa propre personnalité musicale, Raymond Doumbè s’est contenté de l’essentiel. Écartant toute fioriture susceptible de perdre les profanes, par un trop plein de notes, il a privilégié le stricte minimum. Point de mimétisme pour rappeler une quelconque filiation à un tel, pas de déluges de notes (histoire d’impressionner ses collègues) dans les chansons, qui occasionnent une indigestion auditive.

Raymond Doumbè/Tribune2lartiste

Une aparté à souligner tout de même. Notons qu’il avait, à la vue de la circonstance, les conditions et le moment, la latitude de surfer sur la vague et nous faire, en bon opportuniste, un hommage à Manu Dibango. Que nenni ! En refusant de s’engouffrer dans la brèche, Raymond Doumbè fait montre d’élégance et de hauteur. Ce qui rend encore plus puissant, parlant et digne, celui qu’il fait à Myriam Makeba dans la piste 5 (Song for Makeba).

Un disque imprégné d’une élégante sobriété et d’une réelle efficacité, procurant confort d’écoute, évasion certaine et beaucoup de détente. Un disque à l’image finalement de son auteur-compositeur. Un disque qui vous procure du plaisir. Oui, les objets de ce paradis qu’il a longtemps caché, sont des trésors à découvrir.

Composé de 8 titres, HIDDEN PARADISE se fait l’écho et la photographie des univers musicaux traversés par le bassiste depuis son départ du Cameroun au milieu des années 70 à ce jour. Une sorte de miscellanée des styles dont le contenant est hautement jazzy.

Avec HIDDEN PARADISE, Raymond Doumbè a fait le plus difficile pour un musicien de sa trempe, désacraliser le plus compliqué pour imposer la beauté et l’efficacité de la simplicité. Une simplicité qui confirme la magnificence de l’œuvre. Des balades telles que In The south et  To Aladji Baï Konté sont parmi ces pistes qui conduisent vers ce voyage paradisiaque.

“Mia”