« Emigrar, dédicace à tous les migrants du monde ».

Irina González propose, avec son nouvel opus Emigrar, un hommage aux phénomènes migratoires.

Ce n’est pas la première fois que la chanteuse multi-instrumentiste aborde un sujet concernant l’humanité. En novembre 2016, elle avait abordé le métissage dans son premier EP “Mestiza”.

Emigrar permet d’aborder un phénomène inhérent à l’humanité : depuis la nuit des temps et dans toutes les civilisations, les hommes migrent.

Les raisons poussant un être humain à changer de lieu sont multiples. Les deux anthropologues  Gilles Boëtsch et Jean-Noël Ferrié, dans leur livre « Anthropologie de l’Immigration » sorti dans la collection des Cahiers de l’Ireman en 1992, en étudient les raisons et l’impact sur les populations d’origines et d’accueils.

La lecture de leur étude permet de constater que la plupart des migrations ne sont pas uniquement dues à des facteurs d’ordre économique, même s’il est de coutume de le penser. Les raisons politiques, idéologiques et même amoureuses sont aussi des moteurs à migrer.

Sans aller à des grands mouvements impliquant de grandes distances et des changements radicaux, la plupart de nos contemporains migrent quotidiennement. Ce phénomène s’appelle la migration pendulaire, cette expression désigne les déplacements quotidiens des personnes de leur domicile à leur lieu de travail et inversement. En moyenne, certaines agences de sondage avancent qu’un français en activité parcourt quarante-cinq kilomètres par jour, soit neuf fois plus qu’il y a cinquante ans.

Ces études permettent de mieux comprendre les propos d’Irina González « Emigrer…? Nous sommes tous des migrants car on a toujours émigré quelque part. Nous allons d’un endroit à l’autre, avec nos sentiments, nos pensées, nos sensations, nos passions, nos amours… Nous changeons de pays, nous changeons de peaux, nous nous déplaçons quand on le sent ; mais aussi quand la vie nous oblige, quand émigrer devient une nécessité ».

La chanteuse, née à Santa Clara au centre de Cuba, installée en France depuis 2012, connait le sujet de son album. Dans son titre éponyme « Emigrar » sur une rythme latino, elle fait un parallèle entre l’immigration des hommes et celle des oiseaux : sans hésitation, en suivant les vents, sous la protection de la déesse mère cubaine Yemoja.

Quelles que soient les raisons de l’immigration, ce phénomène correspond toujours à un désir, porté par une illusion «Ilusión » dans lequel on savoure le magnifique jeu à la basse de Sunny Adroit. Pour ne pas se perdre dans cette quête d’espoir, il est indispensable de garder à l’esprit ses origines « Cubana Soy » (cubain je suis), la rythmique de l’ensemble des morceaux confirment les origines de celle que les médias surnomment à La Havane « toca todo » (touche à tout).

Irina Gonzalez /@Tribune2lartiste

Emigrar permet de réaliser que certains phénomènes sont assimilables à une migration, comme l’écoute d’un album ou la lecture d’une chronique, pendant quelques minutes, nos sentiments, nos pensées, nos sensations changent, voyagent. Notre âme pourrait peut-être même migrer sur les paroles de l’artiste cubain Dasari Kumar dans «Alma »

Lineup :
Irina González : guitare, percussions, voix – Sunny Adroit – basse – Andy Berald-Catelo: batterie .

Invités :
Ralph Lavital : guitare électrique, guitare folk – Leila Cissé : choeurs – Natacha Kanga : chœurs – Cyprien Zeni : chœurs – Fermin “Mohan” Zarape : sitar indien – Paulo Brito : percussions – Dasari Kumar « Sublevao » : rap.
Quatuor de saxophones :
Gaël Pautric : saxophone baryton – David Pautric : saxophone ténor – Alexandre Galinié : saxophone alto – David Haudrechy : saxophone soprano.

En écoute : “Alma” :