Dayan Kodua:” Nous sommes devenus de vrais fonceurs…”
Dayan Kodua:” Nous sommes devenus de vrais fonceurs et cela est beau à voir parce qu’en même temps, nous créons et devenons des modèles “
Agréable, courtoise, très blagueuse et avec un énorme talent, Dayan Kodua a su très tôt dans quel domaine investir sa silhouette et sa tête comme elle me l’a confié : ” Ich wollte schon als Kind in der Künstlerbranche tätig werden : Déjà gamine, je voulais travailler dans le domaine artistique “, lors de nos échanges commencés en décembre dernier.
Ne voulant surtout pas m’embarrasser des écrits ciblés et épurés des autres biographies publiées ou autres press-book, c’est en toute virginité que j’ai abordé l’actrice dont la simplicité et la disponibilité ne sont pas chez elle, des mots qui sonnent creux ; de la même façon j’ai pu me rendre compte de sa gentillesse et de sa sympathie non calculées. De son sens de l’humour bien prononcé et d’en apprendre un peu plus sur cette désormais, hambourgeoise d’adoption.
Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui, celle qui était la première « noire » a être couronnée Miss d’une région en Allemagne se retrouve sous les feux des projecteurs. Non seulement elle a rêvé d’être l’actrice qu’elle est, mais elle a surtout beaucoup travaillé pour la devenir.
Il y a 12 ans, vous étiez Miss du land de Schleswig Holstein ; une première pour une femme dite « noire » en Allemagne. Avec le recul, comment pouvez-vous expliquez ce choix ?
Je ne sais vraiment pas si aujourd’hui, je pourrais prendre part à un tel concours si l’occasion se représentait. A cette époque, j’étais probablement un peu « folle » et entrain de me chercher peut-être. J’ai d’ailleurs tenté beaucoup de choses. Ma participation à ce concours était le fruit d’une gentille pression d’un ami et je me suis dit : pourquoi pas ? De plus, je n’avais comme on dit, rien à perdre.
Lorsqu’à ma grande surprise, je suis élue miss Schleswig Holstein, je n’en croyais pas mes yeux. Je me suis écriée : « L’Allemagne a voté pour une noire ! Waouh ! » ; Il faut se dire que nous sommes au Nord de l’Allemagne, on est plus blonds dans l’inconscient collectif.
Lorsque j’ai annoncé la nouvelle à mes parents, ils étaient totalement déboussolés pour ne pas dire choqués. Et leur réflexion a dû être : « Mais que fait donc notre fille dehors, lorsqu’elle quitte le domicile familiale ? ». Mais ils étaient très fiers et heureux pour moi.
12 ans après donc, quelle est la situation dans le pays? Pensez-vous que d’autres femmes noires osent suivant la devise : « qui ne risque rien, n’a rien » ?
La situation est plus relaxe et détendue maintenant. Certes il existe encore quelques mentalités à bousculer, puisque le marché de l’emploi reste encore un peu frileux pour les noirs ; mais il y aussi de plus en plus de noirs qui ont du succès et qui en veulent. Le mode de pensée qui consiste à croire que le succès n’est pas au rendez-vous à cause de sa couleur de peau n’est plus aussi criard comme par le passé.
Les jeunes noirs d’avant ces 12 années sont de grandes personnes maintenant et abordent l’avenir avec beaucoup de fierté et de confiance. Je connais un nombre incroyable de femme noire avec beaucoup de succès dans leurs activités ici en Allemagne. C’est une joie de voir que beaucoup de noirs ne sont pas ou plus dans une posture d’attente ou de quémandeurs ; mais entreprennent avec brio. Nous sommes devenus de vrais fonceurs et cela est beau a voir, parce qu’en même temps, nous créons et devenons des modèles à suivre dans notre environnement et le pays tout entier.
Les jeunes ne sont plus obligés de regarder vers les États-Unis pour observer le champ des possibilités. Ils n’ont qu’à regarder dans le pays et s’apercevoir qu’il y a des Médecins, des Avocats, des Ingénieures, des Artistes etc…à la peau noire et se dire : « Je peux aussi réussir comme les autres ». Pour répondre directement à la question, beaucoup de personnes noires osent, car veulent gagner et c’est bien ainsi.