Cécile Verny : “Le coté musical africain me manque “
L’ensoleillement et la musicalité de son Afrique natale lui manquent, elle, la native de Côte d’Ivoire d’un père togolais et d’une mère française. C’est dans ce déchirement et souvenirs des autres Aicha Kone, Ernesto Gégé qui ont accompagné son enfance que, Cécile Verny, aujourd’hui installée en Allemagne (dans le Baden Württemberg), tire son énergie et son inspiration pour construire par le biais de sa musique, le pont entre la petite fille en Afrique et la chanteuse jazz qu’elle est aujourd’hui devenue en Europe.
Plus de 7 albums avec le CVQ (Cécile Verny Quartet), Cécile Verny est une artiste reconnue, confirmée et respectée dans son pays d’adoption l’Allemagne. Et en dehors, son talent et son charme opèrent comme en témoignent ses nombreuses prestations dans le monde.
Mais c’est davantage la dimension humaine de l’artiste qui vous attire et vous séduit…Car Cécile Verny a su garder la distance nécessaire entre les paillettes et la réalité. C’est dans une ambiance bien décontractée et plutôt amicale que la chanteuse et moi avions échangé.
Que reste-t-il d’Abidjan chez Cécile ?
Je porte toujours en moi cette enfance passée en C.I et ces moments ensoleillés quand nous écoutions les voix des artistes tels qu’Aicha Kone, Ernesto Gégé et bien d’autres encore. Il me reste une enfance très joyeuse. Je ressens comme une sorte de déchirement, de frustrations parfois, car le cote musical africain me manque.
Es-tu en contact avec des artistes ivoiriens ?
Je ne suis pas en contact avec les artistes ivoiriens, c’est la raison pour laquelle je disais tantôt que c’est comme une sorte de frustration. Car ici en Allemagne, ma part africaine n’est plus assez vivante du fait de l’éloignement.
L’Allemagne est un désavantage….
Pas du tout, bien au contraire !
Il y a un artiste que tu aimes bien, Richard Bona pour ne pas le citer, pourquoi ?
J’aime son coté virtuosité et sa profondeur musicale. Je l’ai vu au festival « Stimmen » à Lörrach cette année, festival dans lequel j’ai également joué avec le CVQ, il est tout simplement bon. Il n’est pas dans le show-off, il est plutôt dans la discrétion et cela est admirable.
La musique et toi, parlons-en, le CVQ!
Rires !!!Je me voyais plutôt psychologue pour tout te dire. Mon bac en poche à 17 ans, j’ai pris la résolution d’aller étudier à Strasbourg du fait de la proximité d’avec ma maman au lieu de rester à Paris. Tout est donc parti de là. Pur concours de circonstance vais-je dire.
Comment cela ?
Il faut avouer que j’écoutais aussi beaucoup de Jazz à la maison dont Ella Fitzgerald, Mahalia Jackson, Louis Armstrong etc…Donc quand je pars de Paris pour Strasbourg, j’avais ma cassette fétiche avec les enregistrements des chanteurs jazz que j’aimais ; je connaissais carrément toutes les chansons et je les chantais au point de me les approprier.
D’accord, mais cela ne nous éclaire toujours pas assez.
Un jour, des amis me proposent d’aller dans un club de Jazz qui recherchait une chanteuse et dans lequel se produisait également Alain Nascimento (pianiste aux cotes de Manu Dibango à la Radio Télévision Ivoirienne Ndlr). Une fois sur place, on me fait passer un test sur une chanson de Ray Charles (Unchain my heart). Je suis retenue et le soir même, il fallait venir prester. Tout est allé si vite ! A partir de cet instant, ma voie dans la musique s’est dessinée. J’allais en Fac dans la journée et les soirs j’allais chanter ; il a fallu se former sur le tas. Cela suppose des heures de travail, car il ne fallait pas décevoir.
Et le CVQ alors ?
C’est à partir des rencontres faites dans le club de Jazz dans lequel j’ai commencé que l’idée de monter un groupe est venue et le CVQ est né, en 1987 et porte donc mon nom. En 1989 je décide aussi de m’installer en Allemagne.
Qu’est-ce qui a décidé ce changement de pays ?
Les rencontres comme je le mentionnais ci-dessus.
Fear & Faith le nouvel album, la ligne directrice ?
Je ne suis généralement pas protest song, mais j’essaye par mes chansons de faire avancer ce que j’estime le mériter. Nous avons des responsabilités dans la vie. Fear & Faith c’est aussi une certaine réflexion sur la vie, sur la foi en nos responsabilités.
Des Projets ?
J’en ai pas mal. Et les challenges, c’est maintenant qu’il faut les aborder, car suis dans la tranche d’âge qui s y prête. Je voudrais chanter sur des choses qui touchent les gens et cela ne peut se faire que sur des choses qui me touchent aussi. C’est pour cette raison aussi qu’il faut prendre le temps de faire bien les choses. La sensualité est l’une des choses qui me touchent dans la chanson ; l’érotisme des chansons de Gainsbourg par exemple.
Perfectionniste ?
Je ne le pense pas, mais j’aime que les choses ne soient pas bâclées, qu’elles soient plutôt bien faites. J’aime le respect de ce que l’on fait.
La France alors, ton pays ?
Elle me manque musicalement et j’espère y être plus présente. Déjà le 11 septembre de ce mois, avec le CVQ nous nous produirons au Duc des Lombards.