Richard Bona & Le Mandekan Cubano au Cameroun

« Lorsque les contrariétés sont de nature à épuiser tes capacités d’acceptation, vaut mieux en rire.Je suis content d’être là et je dois faire ce pourquoi on m’a payé. Ce qui ne te fait plus pleurer doit te faire rire. » Richard Bona.

Sur le plan de l’organisation, on pourrait résumer l’affaire comme un vaste champ de flou artistique, dans lequel les tours de passe-passe et autres magouilles des organisateurs défient tout entendement.

©Tribune2lartiste.com/Richard Bona

 

C’est aussi Daniel Boivin qui, au détour d’un constat, traduisait le pathétique de la situation par cette formule : « 21 ième année d’Afrique à tous les ans… Putain de bonne thérapie dans l’art de rester Zen… ». Une phrase qui a pris toute sa signification au concert du palais des congres à Yaoundé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets et peut-être que l’environnement lui, de nature à corser l’acuité de l’amateurisme et de la médiocrité ambiants. Il fallait avoir les nerfs solides pour accepter subir toute la médiocrité servie.

Mais, toutes ces péripéties périphériques n’ont en rien entamé la bonne humeur et l’envie de toujours bien faire de l’un des meilleurs musiciens africains de l’heure. Au contraire, dans son incommensurable capacité à prendre de la hauteur en transformant les situations attristantes, affligeantes et désespérantes pour les apprentis-sorciers et spécialistes en camouflages en tous genres ; dans sa capacité à rire des situations qui ébranleraient plus d’un face à de telles ignominies, il va puiser dans son moral à toute épreuve pour demeurer dans l’essentiel : donner du plaisir aux spectateurs qui, pour certains, se sacrifient financièrement pour venir partager de merveilleux moments avec lui.

Que le spectateur ou la spectatrice comprenne une fois pour toutes que très souvent, les artistes, ceux qui ne travaillent pas au rabais, qui ne se compromettent pas et ont le souci du détail, sont très souvent victimes des tours de magie de certains ersatz d’organisateurs et de leurs affidés…

DoualaLes retards constatés lors des spectacles (1 heure pour Douala et 2 heures pour Yaoundé) relèvent et sont du fait de ces tours de magie de l’organisation qui visiblement, bénéficie d’une expertise haut de gamme dans ce sens ; et non du fait de l’artiste et de son staff qui eux, étaient toujours à l’heure aux rendez-vous et respectent scrupuleusement les termes du contrat. Par ignorance des coulisses et dessous des choses, il est toujours facile de tirer sur l’artiste. La ponctualité et le respect de l’engagement pris faisant partie intégrante du fonctionnement de Richard Bona.

A Douala comme à Yaoundé, le Bonafied tour a, par la qualité des musiciens, l’excellent travail de Daniel Boivin (le pompier de service), encore permis de montrer qu’avec Richard Bona, on est dans une autre dimension artistique et qu’il n y a point de place pour les balbutiements. Présence et maitrise scéniques, le sens de la drôlerie, au total quatre heures de musique et de show par un musicien de très grande classe et par un homme d’une extrême générosité. Et d’autre part, permis de voir la haute dose d’amateurisme, de médiocrité et de mauvaise foi qui règnent dans l’organisation des spectacles au Cameroun par certains gourous et apprentis-sorciers.

Nos amis cubains ont certes appris que les normes qui ailleurs sont valables et fonctionnent sans heurts, au Cameroun, changent et prennent des colorations locales (Le Cameroun, c’est le Cameroun dit-on). Mais ils retiendront aussi, et c’est l’essentiel, que le public camerounais sait apprécier la bonne musique…. A l’instar de celle d’Osmany Paredes, l’étincelant et efficace pianiste cubain.