Apolo Bass “La musique n’est pas une rivalité.”

apolo bassQui est Apolo Bass ?
APOLO BASS est un musicien bassiste, compositeur d’origine camerounaise, résidant en Espagne, de nom réel APOLLINAIRE DSCHOUTEZO

Comment se fait votre premier contact avec la musique en tant que musicien ?
Mon premier contact avec la musique s’est fait au sein de la famille. Mon papa avait une guitare à la maison et c’est sur cette guitare que j’ai commencé à grincer les premières notes musicales.

Vivez-vous professionnellement que de la musique ou avez-vous un autre métier ?
Je vis professionnellement de la musique, mais je me dédie aussi à la médecine (j’exerce en Espagne comme Médecin-Naturiste, ce qu’on appelle Naturopathe depuis 1996), à l’écriture (j’ai 6 livres édités de Médecine Complémentaire sur le marché).

Des deux métiers où tirez-vous le maximum de bonheur ou de plaisir ?
La musique me remplit l’âme et ça me permet aussi de toucher les sentiments des autres.

Quel est votre parcours professionnel dans la musique du Cameroun jusqu’en Espagne où vous vivez actuellement ?
J’ai étudié premièrement la musique au collège Vogt de Yaoundé ou j’ai été chef d’orchestre du groupe 2 durant 2 ans. J’ai aussi été durant quelques mois bassiste à l’orchestre nationale du Cameroun en 1987. J’ai arrangé les albums des artistes camerounais comme le feu Etub Anyang (un grand chanteur), Alison.etc. Je suis en Espagne depuis 1991 et j’ai continué à étudier la musique dans les écoles privées, avec aussi des professeurs particuliers. J’ai aussi fait des études de Jazz, basse et improvisation avec l’Institut International de Bassistes (USA). Actuellement j’ai une école online de jazz : www.jazzcursos.com

La basse est votre instrument de prédilection, jouez-vous à d’autres instruments également ?
Oui la basse me donne beaucoup de plaisir. Je joue aussi à la guitare et un peu de la percussion.

Pourtant lorsque l’on cite les noms des bassistes camerounais, on ne vous cite pas. Comment l’expliquez-vous ?
C’est une situation que je ne comprends et que je trouve absurde. C’est surprenant, avec presque 30 ans de musique. J’ai vu des bassistes qui ont mes disques, mais quand on leur demande sur les bassistes camerounais, ils citent les mêmes personnes-en m’excluant- (on ne peut pas convertir l’art en une question de « sectarisme »). Ils semblent qu’ils ont des problèmes à m’accepter publiquement… Je n’ai pas de problèmes à reconnaitre les mérites des autres dans la vie. On ne me cite pas, cependant je me considère comme l’unique bassiste africain de Jazz qui pour le moment, compose et utilise la basse comme instrument solo dans tous ses albums. Il y a des gens qui disent que c’est une prétention, mais c’est la pure réalité. Il parait que les bassistes et certains médias ont des problèmes à m’accepter à ma juste valeur, mais réellement tout cela pour moi se convertit en une haute motivation. Je reste avec ceux qui m’acceptent, qui sont heureusement aussi nombreux.
Apolo
Quel rapport entretenez-vous avec les autres bassistes camerounais  de renommée internationale ? Quel regard portent-ils sur votre travail et vous sur le leur ?
Il y’a des bassistes comme Vicky Edimo qui ont une haute vision de la musique et il n y a eu aucun problème quand je l’ai contacté pour une collaboration dans mon dernier album, il a accepté toute suite. C’est un homme humble. Pour moi la valeur d’un artiste ce n’est pas ce qu’il fait avec son instrument, mais ce qu’il fait en tant qu’individu, et comment il est quand il n’a pas son instrument.

Sans langue de bois, est-ce que vous ne vous regardez pas pour certains comme des ennemis ? Est-ce qu’il y a de la place pour de bons rapports entre vous ?
Ce n’est pas nécessaire d’avoir des ennemis dans la vie. La vie est dure comme cela pour que nous puissions la compliquer dans les relations sociales. J’ai essayé d’approcher plusieurs bassistes, mais certains n’ont jamais répondu à mes courriers. Une chose c’est de jouer et une autre c’est d’avoir une éducation de base, une bonne éducation. Si quelqu’un a peur des autres, c’est parce qu’il n’est pas sûr ni de lui-même ni de ce qu’il fait. La musique c’est compatir, personne n’a son monopole. Mais vous savez : une chose c’est le musicien et l’autre est la personne. Je communique bien avec des bassistes comme Vicky Edimo, Armand Sabal Lecco (mon ancien compagnon du collège Vogt), Picket Bass.

Dans votre dernier album (Tierras lejanas), vous avez fait appel à Vicky Edimo, un des ténors de la basse camerounaise. Quel est le sens de cette collaboration  et de cette invitation?
Vicky Edimo a été toujours une référence musicale pour moi. C’est un homme qui dans sa jeunesse avait des lignes de basse au-dessus du niveau de l’époque. Il a introduit les chromatismes dans les lignes de basse du Makossa. Vous pouvez vous rendre compte de cela en écoutant ses basses dans des morceaux comme « Singa » d’André Marie Talla ou certains thèmes d’Eko Roosevelt. Ma manière de reconnaitre son talent était de l’inviter dans mon album. Mon invitation était aussi une manière de faire comprendre à d’autres bassistes camerounais qu’ils doivent collaborer avec d’autres bassistes. La musique n’est pas une rivalité. Si un musicien la voit comme rivalité, il ne sait pas ce que c’est que la musique. Beaucoup de bassistes citent à Vicky Edimo comme de simples slogans verbaux, mais à l’heure de la vérité ils ne font rien. Un de mes rêves c’est inviter un bassiste chaque fois, mais je vous répète ce n’est pas facile. Il y a trop de peur et d’Ego dans le monde la musique. Regardez les bassistes américains, ils sont toujours en train de collaborer entre eux. ¡Je ne crois pas que ce soit si difficile. Dans la musique (et tout autre aspect de la vie) il ne doit pas avoir de viles considérations comme la race, la « tribu » ou « l’ethnie » d’un musicien ou artiste. Le seul critère devrait être la musique ni plus ni moins.

Vous avez des albums de bassiste, c’est-à-dire, dès la première note, on reconnaît que c’est un bassiste. Ce qui est le contraire de certains de vos pairs camerounais. Comment expliquez-vous cette approche ?   
Avant de répondre a cette question, permettez-moi de vous féliciter du fait de vous rendre compte qu’effectivement j’ai des albums de bassiste – Vous avez une grande vision de la musique- que Dieu vous bénisse. Évidement c’est une décision et vision personnelles de faire ma carrière musicale de cette manière. Je suis bassiste et ma musique sera toujours comme cela. Mon rêve est de me faire connaitre comme bassiste dans tous son sens, et non comme « bassiste-chanteur » ou finalement on se vend comme bassiste mais ce que réellement on fait c’est la chanson. Évidement j’ai un profond respect pour les bassistes-chanteurs, ils ont beaucoup de mérite-, c’est pas du tout facile de faire les deux choses simultanément. Mon petit frère Picket Bass (bassiste en France) est aussi bassiste-chanteur dans ses œuvres. Ce que je veux dire, c’est que j’aime chanter avec la basse et non avec ma bouche, peut-être aussi parce que je ne sais pas chanter avec la voix.

La critique musicale vous identifie comme un virtuose et ce que vous êtes d’ailleurs, la qualité de vos albums l’atteste ; et pourtant un certain anonymat semble vous écarter des projecteurs. Ce paradoxe est intriguant pour un musicien de votre qualité.
C’est une situation difficile. Vous savez que ce n’est pas facile d’être accepté dans le « lobby « de la musique. Mais il y a toujours des personnes qui savent valoriser le travail des autres et qui sont prêtes à leur donner une opportunité pour qu’on l’écoute. De temps en temps je vis ces grandes opportunités. En ce moment je considère cette occasion d’interview comme une grande opportunité que vous me donnez pour que je sois découvert par ceux qui ne savent pas de ma musique. Permettez-moi un commentaire vous concernant. Votre vision de l’art et de la musique est au-delà de ce qu’on pourrait attendre. Vous avez une vision très profonde de la musique et cela doit être une fierté pour tous les camerounais d’avoir un projet culturel comme vous l’avez à travers votre portail. Continuez avec vos projets. C’est une grande joie et beaucoup de bonheur de rencontrer des personnes comme vous.

A quand un concert au Cameroun pour que les camerounais voient l’étendu de votre talent qui n’envie en rien ce que l’on connaît ou avons entendu et va au-delà de ce que l’on pourrait imaginer ?
Dieu le dira. Le jour où cela se produit, ce sera une grande satisfaction pour moi.

A vous le mot de la fin
Merci à Tribune 2 l’Artiste de me donner cette opportunité. Depuis que j’ai connu ce site web, je le visite chaque semaine. C’est une plateforme sérieuse pour la culture et l’art. Je vous souhaite personnellement du succès dans vos projets. Merci de tout cœur, à toute votre équipe et à vous.