Middelheim 2015, sous les airs de Coltrane et entrée en lice de l’artiste résident.

En ce jour du 14 aout, deuxième jour du festival, dans les rencontres d’Ashley Kahn, deux saxophonistes pour un sujet de taille : Les cinquante ans de A Love Supreme. Référence parmi les enregistrements musicaux jazz, John Coltrane signe en 1965, un chef d’œuvre d’une profonde spiritualité.

Ashley Kahn qui s’est penché sur l’œuvre de Coltrane en publiant un livre intitulé A Love Supreme, à défaut d’avoir Archie Shepp, un parmi les artisans de ce chef d’œuvre, s’est entretenu à ce sujet avec Joe Lovano et Chris Potter qui, dans leurs tournées respectives, revisitent l’œuvre du maitre.

©Tribune2lartiste.com/ Chris Potter/Joe Lovano/Ashley Kahn

 

Suivront tour à tour après cette entrevue sur la scène du Main Stage, Chris Cheek et les étudiants du Conservatoire Royal d’Anvers ; l’artiste résidant du festival, Jason Moran, qui se produira en trio avec Mary Halvorson et Ron Miles ; Archie Shepp et son Attica Blues Band et en fin de soirée, Joe Lovano & Chris Potter: Sax Supreme.

Gizmo feat. Chris Cheek

En coach de ce quartet formé d’étudiants [Cho Rong Kim (piano), Geert Hendrickx (guitare), Anneleen Boehme (basse), Simon Raman (batterie)], le saxophoniste Chris Cheek drive avec beaucoup de tact ses protégés. Des compositions du quartet (Gizmo) à celles du saxophoniste, le groupe enchaine.

 

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Jason Moran, Mary Halvorson, Ron Miles.

Artiste résident du festival, c’est en en trio que Jason Moran s’est livré au public de Middelheim cet après-midi. Avec Mary Halvorson à la guitare et Ron Miles à la trompette, le pianiste a concocté un menu classique jazz, dans lequel il est donné à apprécier les phrasés qui découlent parfois de leur trilogue ou alors des différents dialogues.

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Archie Shepp Attica Blues Big Band (feat. Cécile McLorin Salvant).

Infatigable et fidèle à son identité de combattant des droits civiques, et comme pour rappeler et circonscrire pour ceux qui l’ignorent, le sens de l’Attica Blues, Archie Shepp fait précéder son entrée en scène par un discours poignant et saisissant sur les injustices dont continuent d’être victimes les noirs. L’actualité aux États-Unis étant pour beaucoup dans ce choix. Et comme pour asseoir le propos, une fois sur scène, il ouvre son spectacle par : Blues For Brother George Jackson. Suivront The Cry Of My People, « Mama Too Tight » et bien d’autres titres qui soulignent la rage qui doit habiter celui qui a été fait Dr Honoris causa au mois d’octobre dernier a Paris. Cette rage que l’on perçoit lorsqu’il s’arme de son sax, pour souffler sa colère. Dépoussiérant ces titres vieux de plus de 40 ans, les reprises actuelles n’ont en rien dilué leur puissance originelle. Moment d’émotion, ses duos avec Cécile McLorin Salvant. Archie Shepp a séduit par sa classe et surtout pas cette flamme qui en lui brule encore.

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Joe Lovano & Chris Potter: Sax Supreme (feat. Jonathan Blake, Cecil McBee & Lawrence Fields)

Lorsque, pour clore la soirée sur la scène principale, apparaissent Joe Lovano et Chris Potter avec leur concept Sax Supreme, on devine que de John Coltrane, il sera question pendant les minutes imparties aux deux saxophonistes ténors, le batteur Jonathan Blake et le pianiste Lawrence Fields et Cecil McBee à la contrebasse.

Qui dit Coltrane, dit aussi aller à l’aventure, improvisations. Et c’est à cet exercice que les deux ténors ont régalé le public par des dialogues parfois longs, mais assez maitrisés. Çà pulse et percute dur et fort, car Jonathan Blake avec la précision d’un métronome, cogne et n’entend pas se laisser absorber…L’équilibre est maintenu par les jeux en finesse au piano de Lawrence Fields et de Cecil McBee à la contrebasse.

C’est l’euphorie au Main stage, l’extase musicale nourrie par ce grain de folie qui n’habite que les passionnés de leur instrument. Le public en veut, en redemande. Malheureusement, comme toute chose, même les bonnes ont une fin.

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