Musique sans Public, l’artiste-musicien doit choisir entre son autonomie ou son asservissement.

Lorsque, pour dire, décrire l’ampleur, la gravité de la situation dans son ouvrage intitulé POUR EN FINIR AVEC L’ESPECE HUMAINE, Pierre Drachline assenait non sans aplomb : ” Les hommes, et singulièrement les Français, ne se révoltent pas. Au contraire, ils réclament à cor et à cri toujours plus de servitudes, d’État, de règlementations “, avait-il bien avant le reste, vu les choses ? Dans tous les cas, les événements semblent lui donner raison.

Nous n’allons donc pas davantage accabler l’avili peuple français, Georges, Pierre et d’autres encore l’ont fait avec un brio tel, que y rajouter un mot, s’apparenterait à de la prétention, pire, à un sacrilège. Intéressons-nous plutôt, et par souci de compréhension, à ce que nous désignerons par peuple, les artistes-musiciens. Prenons cet ensemble pour peuple et regardons son comportement, face aux décisions de plus en plus incohérentes, erratiques des instances gouvernementales depuis l’apparition du très hardi et non moins précieux covid-19.

Depuis que ce très virevoltant virus a fait son apparition d’un côté, et de l’autre, les instances gouvernementales ont montré et continuent de montrer tout leur déterminant acharnement à le combattre, voire à l’exterminer, c’est la culture en général, qui paie le lourd tribut. A croire que la culture porte en elle cette infamie qui semble hanter et pousser les instances gouvernementales à une apophénie. Toutes les outrances, tous les zèles sont autorisés, quitte à succomber de paréidolie, pour une réification, que seules ces instances conçoivent et perçoivent. La culture est devenue la pierre d’iris, de laquelle on peut lire toute la splendeur de la dystopie selon l’évangile gouvernementale. Un embrouillamini à donner le tournis à tout esprit se voulant encore un brin rationnel, et n’ayant aucune crainte d’être estampillé complotiste…

Spectacle sans Spectateurs

On assiste donc à une autre forme, une autre configuration, à un autre visage de spectacles dits vivants. Cette quasi incrimination systématique des lieux de culture a pour finalité, de ratiboiser ce secteur et ses divers acteurs et pour corollaire d’anéantir ses différents acteurs. Les spectacles qui ont pour vocation primaire d’établir le lien entre le public et les acteurs sont réduits à l’exclusion, à l’enfermement des deux parties. On voudrait nous faire accepter que le contact entre le public et les artistes relève désormais du suranné. Qu’à la froideur de la prestation virtuelle de l’artiste, à laquelle répond la frigidité du commentaire ou d’un émoji des plateformes, on est résolument dans la modernité…Et malheureusement, l’artiste-musicien semble se conformer, se convertir à cette nouvelle donne.

Quelle est la valeur d’une distraction amputée de sa fonction essentielle ? Un concert de musique qui ne se nourrit plus des émotions réelles du public, de la chaleur des uns et des autres, jouet-il encore son rôle ? La réponse de toute évidence est non. Si on peut comprendre le dépit des artistes musiciens en cette période, leur envie de jouer, de s’exprimer; on comprend moins leur docilité, leur soumission à une tendance qui tue la nature, le charme, la beauté de leur activité sur scène. Pourtant, ils ont la capacité et le pouvoir de ne pas emprunter la voie dans laquelle, on les oriente.

C’est exactement ce qui s’est passé pendant des années, avec la question de la Négrophobie dans le football. Les joueurs “noirs” qui, au nom du conformisme imbécile, n’ont jamais pu actionner le levier de pouvoir en leur possession, pour endiguer la furie négrophobe des supporters, évidemment avec la complicité des instances dirigeantes. Il a fallu le déclic, lors du match PSG-Basaksehir, pour qu’enfin, les joueurs daignent sonner le début de la fin (?) d’une barbarie, que les instances dirigeantes du football cautionnaient, parce que nourrie par la peur des joueurs concernés. Si les musiciens veulent le support du public, ils doivent déjà commencer par créer les conditions de celui-ci, en refusant le live-streaming, qui plus est, payant pour le public. Un concert de musique sans spectateurs est exactement comme une fleur fanée.

Les artistes-musiciens se contenteront-ils de ces formats fades, sans échanges avec le public ? De cette formule qui les éloigne de l’essence même de leur métier ? Aurait-on meilleur aphorisme que celui de Georges Darien, affirmant, dans LA BELLE FRANCE : “On ne peut rien pour un peuple épris de sa servitude“, pour répondre à cette problématique qui s’installe par acceptation tacite des uns et des autres ? Seuls les concernés voudront bien dire, si oui ou non, ils veulent être la fabrique de leur propre désespoir et contribuer ainsi à leur anéantissement. Et c’est maintenant qu’il faut faire et exprimer ce choix…