Coups de coeur

“DiBIYE”, une réédition qui tombe à pic.

Une réédition bien à propos, au regard non seulement de la commémoration de la mémoire de Francis Bebey, mais également, sans occulter la pertinence et la puissance des messages distillés dans les titres Mandema ou Sanagra, le titre éponyme « Dibiyè » est d’une actualité criante et criarde. Il ne fait aucun mystère, l’intemporalité et la fraîcheur des textes de cet album inscrivent davantage son auteur dans l’immortalité. Une réédition qui fait aussi un clin d’œil au bassiste Noël Ekwabi qui, de là-haut, nous conseille toujours de faire gaffe au soleil, en cet été qui s’annonce quelque peu rude…

24 années séparent cette réédition de l’album original, dans lequel Francis Bebey est accompagné de ses deux fils (Toups & Patrick) puis de regretté mémoire, le bassiste Noël Ekwabi (Pap No). Un quartet qui se présentait sous le nom d’Amaya (African Music Yet Authentic). Que vous le découvriez ou le redécouvriez, Dibiyè reste un véritable chef-d’œuvre. Une véritable claque musicale, qui expose Francis Bebey dans sa plénitude.

Attardons-nous quelques lignes, sur le titre de cet album Dibiyè. En langue duala, ce mot dibiyè couvre 3 concepts : La “Ruse”, l’Intelligence” et la “Sagesse”. Et aucunement la malignité. Car de celle-ci ou d’un esprit  MAL-IN = malin  ne saurait sortir une beauté, une magnificence. C’est donc de ce triptyque que traite l’album, dans lequel les 3 concepts doivent cohabiter pour l’accomplissement de la vision que l’on porte.

Fin observateur, Francis Bebey a su, par une image, nous définir la pertinence de son propos. Et quiconque a pris la peine d’observer ce phénomène, ne saurait contester la véracité de celui-ci: “Une ‘intelligence  sans ruse est comme celle du lézard. Il acquiesce en permanence de la tête, feignant avoir tout saisi de la situation, du propos; alors qu’en réalité, il n’a rien compris.“. On peut ainsi permuter les 3 concepts, on aboutit à la même conclusion. L’un sans l’autre ou les autres, est sans profondeur.

Francis Bebey aura tant laissé à la postérité. Mais il est indubitable que son legs à l’humanité en général, à son peuple, et particulièrement à sa tribu (avoir fait le choix de faire cette chanson en sa langue maternelle, n’est pas un hasard), trouve toute sa dimension dans cet album. Et les titres Mandema ou Sangara en sont les brillantes pièces à conviction.

Sangara
Jean-Jacques Dikongué

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