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Aymeric de “Bamako Quintet “: «Au Mali la musique n’est pas un divertissement. C’est la vie! »

© DR|BKO Quintet

Comme leur nom l’indique les « BKO quintet » sont cinq sur scène. On les a notamment vus sur la scène d’Africolor: N’fali Diakité, petit-fils de l’illustre joueur de donso (1) Yoro Sidibé, qui lui a transmis sa vocation, le griot Fassara Sacko, joueur de dum dum khassonké (2), Mamoudou Diabaté au djéli ngoni, Ibrahima Sarr aux percussions et le français Aymeric Krol «avec un drum set hybride pour donner du lien à tous ces instruments traditionnels.»

Mélange intraculturel
Tout commence en 2001 quand Aymeric Krol, diplômé en musiques traditionnelles, part au Mali apprendre les percussions d’Afrique de l’Ouest avec Ibrahima Sarr, qui est loin d’être un débutant. Il a longtemps accompagné Oumou Sangaré en tournée, animé des Masterclass au Japon et aux États-Unis.. «J’ai voulu monter un projet. Ibrahima m’a poussé à le développer.» raconte Aymeric Krol. Fin 2011 les compères enregistrent une maquette qui leur permet de faire une première tournée en 2013. L’album définitif: « Bamako today » est réalisé par David Keledjian dans un studio perdu au cœur des Cévennes: «Il a donné un traitement sonore contemporain à ces cordophones amplifiés comme un groupe de Rock N Roll avec des distorsions, des effets de chorus…». L’originalité du projet est d’allier le donso ngoni pentatonique des chasseurs et le djéli ngoni chromatique des griots: « Ces deux mondes ne se rencontrent pas traditionnellement. On a également fait des arrangements dépouillés pour mettre en valeur les voix.»

Comment ça va?
Parmi les titres de l’album, dont l’excellent « Donsolu » avec l’éclectique italo-britannique Piers Faccini comme invité, « Comment ça va », un Blues chanté par Fassara Sacko, inspiré d’un thème de Mansana Cissé, est le point d’orgue de l’album: «C’est un cri du coeur qui alarmait sur la situation à Bamako en 2013. En plein état d’urgence on demandait comment vont les gens parce que chez nous ça n’allait pas tellement!» L’épopée du quintet a également donné lieu à un documentaire de Cris Ubermann: « Bamako on air », disponible avec l’album. Et pour la suite le groupe fourmille d’idées: «On a fait une rencontre du troisième type sur RFI avec le groupe «Brigitte». On leur proposera peut-être quelque chose…»

(1)luth à six cordes des chasseurs Bambara
(2) tambour de la région de Kayes

En savoir plus:
http://bkoquintet.com/

Julien Le Gros

Journaliste indépendant.

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