Chroniques

“OUT THERE” de Hiromi Uehara, un subtil éclair de jouissance.

Elle n’est pas allée chercher loin là dehors. Et elle a entièrement eu raison, car là dehors, il n y avait pas autre qu’elle ne possède déjà. Dès la première conception de son SONICWONDERLAND, elle avait déjà fait le nécessaire pour, s’entourer des acteurs qui comprennent sa philosophie. Et, fort de l’adage selon lequel, on ne change pas une équipe qui gagne , elle a donc préféré aligner les mêmes alliés et affirmer ainsi sa personnalité.

Ainsi OUT THERE , le nouvel album de la pianiste japonaise, sorti il y a quelques semaines déjà. Avec un bassiste encore plus nerveux et généreux dans son jeu, Hadrien Feraud survole les débats avec un groove d’enfer, digne des seigneurs de l’instrument. A croire que le projet est carrément écrit pour lui. Aussi, dès les premières notes de l’album, Adam O’Farrill semble sonner le début des hostilités et, avec beaucoup de lyrisme, déclame les textes du projet OUT THERE avec une certaine sensibilité. Que serait donc la force de ce nouveau projet, s’il n’était pas rythmé par les assises d’un Gene Goye si aérien, versatile et percutant sur sa batterie. Evidemment la concernée de tous, la tornade Hiromi pose très subtilement la nappe de crème qui lui donne toute sa couleur et tout son côté gouteux.

Oui, dans OUT THERE,  loin du trop plein de technicité qu’on semble parfois lui opposer (à se demander d’ailleurs pourquoi) dans son jeu, Hiromi apporte un supplément d’âme dans son jeu qui, tel qu’agrégé sur celui de ses lieutenants, procure toute sa brillance et sa beauté à son SONICWONDERLAND. N’allons surtout pas croire à une sorte de digression de sa part; mais voir et écouter plutôt une subtilité dans son jeu, toujours aussi tonique et technique. OUT THERE est une exploration qui sort des sentiers battus et fait la part belle à un sens de créativité qui habite la pianiste. Un vrai éclair de jouissance et de subtilité.

Jean-Jacques Dikongué

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