Chroniques

MAYA KAMATY fait voyager le MALOYA dans le présent en empruntant aux outils de son époque, tout en respectant l’esprit originel de celui-ci.

A la fin de la première écoute de « PANDIYE » le deuxième opus de MAYA, il y a comme un doute qui m’habite. Cette approche nouvelle est-elle toujours dans l’esprit du Maloya, tel qu’il est apparu ? Une deuxième, puis une troisième écoute plus tard, pendant lesquelles je focalise sur la onzième piste (DIAMPAR), un bonus track, j’acquiers la conviction définitive qui est : Maya Kamaty ne modernise pas le Maloya. Elle s’empare certes des outils contemporains pour l’exprimer et l’installer dans son temps; mais elle ne le modernise pas. Car le Maloya a été, est et restera un état d’esprit, une lutte, qui certes empruntera à la contemporanéité, mais dont l’esprit qui l’a fondé ne mutera….Modernité n’étant pas forcément synonyme de meilleur, comme parfois on voudrait le faire admettre.

Maya Kamaty /©Tribune2lartiste

Au moment où la réunionnaise entame la tournée de présentation de son album à officiellement paraître le 29 mars prochain, c’est une Maya Kamaty qui fait musicalement sa mue, se présente avec des sonorités différentes, une nouvelle orientation, loin de l’acoustique de son premier album ce, avec les complices de la première heure dont le percussionniste Moana Apo, le guitariste Stéphane Lepinay et l’ingé son Olivier Soubra. Une approche nouvelle qui pourrait peut-être désaxer, désorienter certains, mais ce qu’explique et justifie la chanteuse au Kayamb en ces termes: “Cela aurait été trop facile de refaire Santié Papang (1er album), j’ai besoin de me mettre en danger, de prendre des risques” Et l’économiste Joseph Schumpeter n’affirmait-il pas : “Entreprendre consiste à changer un ordre existant…”. En entreprenant la démarche de sortir de l’acoustique pour jusqu’à l’électronique, Maya Kamaty risque de bousculer les habitudes des uns et des autres, tout en leur offrant une découverte dans cette démarche. Avec des apparitions telles que celles Kilik Payet, Bastien Picot, Yessai Kerapatian ou autre Loy Ehrlich etc…

Signant la quasi-totalité des textes de l’album,  Maya Kamaty a su garder l’équilibre entre l’organique et l’électronique, la tradition et la modernité pour offrir un Maloya (dans sa manifestation et non dans son esprit originel) qui soit accessible non plus aux seuls réunionnais, mais au monde. 11 titres qui traduisent la force des messages que souhaite faire passer l’artiste. Dans lesquels cohabitent la takamba (ngoni), les tambours réservés aux cérémonies malbars, piano, guitare basse, congas, machines, batterie, en toute harmonie; puis le créole, l’anglais et le français pour les soutenir vocalement.

 Paré ou pas, avec PANDIYÉ, Maya Kamaty fait du maloya, une ouverture aventureuse au monde en utilisant les instruments de son temps, tout en laissant intact l’esprit de ce rythme, dont l’essence est de se défaire de toute oppression…Kamaty, deuxième prénom qu’elle a choisi ne signifie-t-il pas déjà femme débout, marginale et intense ? PANDIYÉ sonnera de façon marginale, sa poésie résonnera marginale, mais ses messages restent d’une forte intensité et denses, car bien ancrés dans la matrice originelle du Maloya et savamment encrés par les voix qui les déclament avec brio.

En écoute “Diampar”

Jean-Jacques Dikongué

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