Chroniques

Mahan Esfahani inscrit le clavecin dans le temps dans “Time Present and Time Past”

A qui veut bien l’entendre, Mahan ESFAHANI répète à volonté, parlant de son instrument, le clavecin : « Je veux que les gens mettent de côté leurs préjugés et sortent du concert en disant : « Tu sais quoi ? Le clavecin est un instrument magnifique. » Et c’est ce qui se passe.» On ne peut en effet réellement intégrer la pertinence du propos du claveciniste et apprécier la splendeur de son instrument que, si on le voit à l’œuvre.

Décapant, fantaisie, original [d’aucuns diront à contrecourant, mais Mahan Esfahani l’assume aussi avec force : La plupart des engouements, des modes, des célébrités disparaissent avec le temps, (…), ce qui m’importe en fin de compte, c’est que les gens entendent pourquoi cet instrument est génial, et pourquoi cette musique est géniale.] sont parmi les quelques mots, susceptibles de qualifier le claveciniste iranien qui aujourd’hui, vit à Londres.

N’observe-t-on pas déjà sur la pochette de son album  Time Present and Time Past son imagination créatrice ? Cd dont la sortie est prévue pour le 11 mai prochain chez Deutsch-Grammophon. D’emblée, on note que Mahan Esfahani n’aime pas surfer sur les sentiers battus. De même que l’on pourrait se poser la question de savoir : pourquoi un garçon de neuf ans fait-il le choix d’aller déterrer le clavecin alors que ses facultés le disposent, avec la même virtuosité, à jouer au piano ou à l’orgue ? Il raconte : (…). Mon père se moquait et disait que c’était un instrument mort. Mais j’étais déjà sous le charme.

Mahan ESFAHANI/©Tribune2lArtiste

C’est là toute l’énigme du personnage qui, couplée à la polymorphie de son jeu, confère un charme certain à cet instrument tout en lui faisant dire des merveilles pour notre écoute. Le claveciniste qui ne jure que par la musique classique n’entend, pour rien au monde, la galvauder dans le but de satisfaire les contraintes et autres effets de mode de son époque.

Après avoir vu jouer puis écouter Mahan Esfahani dans Time present and Time Past, la fusion avec son instrument est saisissante et devient évidente. Car Time present and Time Past, est le parfait reflet de cette flamme qui illumine leur relation passionnelle. Et dès la pochette, Mahan Esfahani sait vous amener à ne plus regarder la musique classique avec un certain zeste de réticence. Il nous la rend plus accessible, la sort d’un certain cloisonnement pour l’inscrire, sans le vouloir, dans son époque par son sens de la fantaisie mais en restant cohérent à ses principes.

Jean-Jacques Dikongué

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