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ILÉ, comme un retour aux sources par Omar Sosa.

Deux ans et deux semaines à peine après Eggun, le plus africain des pianistes cubains que l’on qualifierait volontiers aussi de musicien migrateur, semble poser ses grandes ailes pour un nouvel envol. Un atterrissage, qui est plutôt synonyme de se ressourcer, de puiser davantage dans son “moi” puis de repartir pour d’autres aventures. Seul, comme à son habitude, l’appel de ses nouvelles expériences, de ses nouvelles rencontres ou de ses nouvelles sonorités nous le dira de manière précise et définitive…ILÉ sonne donc ici comme un recul pour mieux sauter; et quoi de mieux que de s’abreuver au foyer, à la terre nourricière.

Si Eggun allait, comme on a pu l’écouter, essentiellement puiser dans les racines africaines et montrer l’origine africaine du jazz, IlÉ se distingue de lui dans ce sens qu’il prône davantage le rattachement entre l’Afrique et Cuba. Dans ILÉ, tout tourne autour de la clave. Cette clave, nœud qui scelle l’indestructible union entre les musiques cubaines et l’Afrique. Pas surprenant, lorsqu’on connait le pianiste dont le jeu est assez percussif.

Il n’a pas échappé aux plus avertis que, dès lors qu’il s’agit, comme un albatros, de poser ses grandes ailes, le pianiste cubain a toujours recours aux inspirations africaines, ses racines. ILÉ répond donc à ce besoin, mais, avec cette particularité qu’il s’agit ici de faire la connexion avec l’ile natale. Ce n’est pas un hasard si le line-up (noyau dur) du projet est constitué de: Ernesto-Simpson (Batterie, Chant, Kalimba), Leandro Saint-Hill (Sax), Omar Sosa (Piano, Fender Rhodes) tous de Camaguey (Cuba) et de Childo TOMÁS (Basse, Chant et Kalimba) du Mozambique.

Viennent se greffer autour de ce noyau et donner au disque tout son éclectisme, marque de fabrique d’Omar Sosa, Marvin Sewell (guitare) – Chant (José “El Salao” Martin; Kokayl; Zogaros) – Lazaro Ros (Sample Vocal) – Pedro Martinez (Percussion) – Yosvany Terry (Sax soprano & Chekeré) – Eladio “Don Pancho” Terry (Chekeré) et Carlos “El vikingo” Ronda (Claquements de mains et cajon).

ILÉ dessine, par la clave, le panorama de ce que peuvent être tous les tableaux rythmiques de l’île vus par un infatigable explorateur des sonorités, accompagné dans cet exercice par des sentinelles de haut grade. Ce n’est rien d’autre qu’une magnifique île rythmique qui rassemble les enfants de Camaguey ici représentés par les 3 musiciens, pour les replonger dans leur foyer originel,sous le swing approbateur de la bass du mozambicain,le cousin d’Afrique et gardien des lieux.

En écoute, un extrait de “Dame la luz”

Il sera en concert le 12 mai prochain à Paris, au “CAFÉ DE LA DANSE”–Ensuite une tournée dans toute la France.

Jean-Jacques Dikongué

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