Chroniques

“Brasil Pra Mim” ou le blues envoûtant d’un jazzman nommé René Calvin.

Il y a des récits, des histoires personnelles qui, mis en notes musicales transcendent les affres des abysses dans lesquels, parfois la vie voudrait nous astreindre. De la même façon, mis en musique, ces mêmes récits et histoires personnelles sont susceptibles de sublimer davantage les avantages que la vie nous offre, pour nous porter vers les cimes.  C’est ainsi que la musique peut prendre cette dimension thérapeutique, prendre la forme d’une autre naissance pour certains. Ainsi le blues et ses différentes phases.

On ne saurait comprendre certains sentiments qu’éveillent en nous certaines mélodies, si on n’a pas pris la peine d’interroger leurs motivations profondes. Voilà ce qu’il faut avoir à l’esprit, en allant à la rencontre de Brasil Pra Mim, et ainsi mieux comprendre , l’harmonieuse cohabitation entre la mélodieuse mélancolie et le radieux et puissant swing qui y ont élu domicile, le tout subtilement concocté aux accents jazz et de quelques saupoudrages qui évoquent les expériences, les rencontres de son auteur avec d’autres univers.

 

©Roger Vantilt/Facebook René Calvin

 

Auteur-compositeur, le Camerouno-brésilien René Calvin, dans un style sobre mais efficace, pose méticuleusement et avec beaucoup d’élégance le velours de sa basse sur les 10 plages que compte la galette, comme pour rappeler d’abord qu’il est un bassiste…discret certes, mais hautement redoutable.

Brasil Pra Mim, 10 pistes qui sont un rendu panoramique de différents styles musicaux puisant dans les origines afro-brésiliennes de son auteur pour installer le mélomane aussi bien dans le groove (ainsi sonnent les titres tels que : Aida Manga, Brazil Pra Mim…) que dans une joyeuse mélancolie (les titres Paco de Lucia [hommage au guitariste espagnol décédé en février 2014] ou dans le magnifique titre de Samba Maluco dans lequel, on est spontanément plongé dans une sorte de nostalgie féerique ). Un mélange de groove et de mélancolie dans lequel la dextérité du pianiste Wout Gooris et l’aplomb de Jappe Bestevaar se conjuguent pour vous rassurer, le tout cadencé par le funambule Toni Vitacolona à la batterie,tous membres de l’International Brussels Jazz Orchestra avec comme invité pour le titre bonus de l’album, le célèbre violoniste hongrois Roby Lakatos.

Si la pertinence de cet album réside dans sa capacité à faire coexister en toute harmonie différents styles et d’assurer le parfait équilibre entre percussion et accalmie, sa plus grande force c’est sa cohérence dans son esprit. Brasil Pra Mim est un véritable album autobiographique de jazz, qui montre et décrit l’élégance du jeu de son auteur-compositeur, cet enfant des entrailles de Bahia et de Yaoundé.

En écoute, “Samba Maluco”:

Jean-Jacques Dikongué

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