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Ne me parlez plus de votre jazz de merde!

De mon enfance passée à Douala, dans le quartier de Bonadibong ancien 3ème, il n y avait pas de musiciens qui se définissaient comme jazzmen. Ils étaient tout simplement musiciens, mais pourtant ! Alors ne me parlez plus de votre jazz de merde !

C’est à Bonadibong qu’Emile Kanguè, a composé le tube «Dikom lam Moto». Son groupe et lui ont plusieurs fois répété cette chanson, chaque jour, des mois durant, sous les yeux et les oreilles témoins des habitants du quartier. Dans ce groupe, il y avait à la batterie, Tonguè, (une source d’inspiration à l’amour de la musique). À la guitare rythmique et chœurs, Tétè plus connu sous le nom Penda Dallé, l’auteur du tube «Nalo o Bonadibong». Alors ne me parlez plus de votre jazz de merde!

Arnold Bwele — CEO-Founder ISANGO

Oui, dans mon enfance, j’ai essentiellement écouté et dansé le Makossa. Mais, j’ai eu la chance d’avoir également été bercé par d’autres rythmes de chez nous. Oui, je connaissais essentiellement les artistes tels qu’Ekambi Brillant, Eboa Lottin, Toto Guillaume, Joe Mboulè, Dina Bell, Moni Billè, Ben Decca, Jean-Claude Mbimbè, Guy Lobè, Ndédi Eyango, etc…Les musiciens de studio comme Ebeny Donald Wesley, Valéry Lobè, Vicky Edimo, Aladji Touré, Toto Guillaume, Jules Kamga, Tété Fredo, Belinga Ben’s, Kameni Kom Roger, Mbida Douglas et Justin Bowen étaient mes stars. Certains artistes étrangers, dont quelques uns lancés par des camerounais (Angelique Kidjo ou Cella Stella), Abéti Masékini ou Sam Mangwana ont aussi fait le Makossa et m’ont tout autant éclaté. Alors ne me parlez plus de votre jazz de merde!

Non, Non et Non ! N’allons pas croire que ceci est un rejet de ma part, du Jazz ; bien au contraire. Je prends fait et cause pour lui et le défend contre une certaine maladresse, une certaine imposture et un vrai snobisme qu’ont certains artistes-musiciens du Cameroun d’en parler et prétendre s’en servir pour se donner des galons et opposer un mépris certain à leurs compatriotes atistes-musiciens-chanteurs. De ces pseudo-jazzmen et de leur jazz, je n’en veux pas. De ce “jazz” dont le but est de dénigrer, ce jazz de merde et invisible, ne m’en parlez plus. Je m’adresse ici à tous mes amis du Cameroun qui se revendiquent être de grands musiciens de jazz et champions des tournées mondiales; la saison des grands festivals de jazz en plein air tend vers sa fin, mais on ne les voit nulle part sur les scènes. À tous mes amis du Cameroun qui se revendiquent être de grands mélomanes, connaisseurs, consommateurs, promoteurs ou journalistes de jazz, la saison des grands festivals de jazz sera bientôt close mais nous ne sommes nulle part. Et peut-être parce que ne sommes-nous pas musiciens, mélomanes, connaisseurs, consommateurs, promoteurs ou journalistes de jazz ? Alors, de ce jazz, de votre jazz de merde, ne m’en parlez plus!

Auprès de mes amis qui font l’exception parce que ce sont toujours les mêmes noms qu’on retrouve sur la scène internationale du jazz depuis des décennies, trouvez ici mes excuses. Mais je ne tolère plus tous ceux/celles qui profitent de toutes les occasions pour nous faire comprendre qu’ils/elles n’aiment pas la musique de Petit Pays, Sergéo Polo, Grâce Decca ou Eriko. Sous le prétexte que ce n’est pas de la bonne musique, ce n’est pas de la grande musique, bref ce n’est pas du jazz, leur jazz invisible nulle part. Je ne tolère plus tous ceux/celles qui nous racontent que tous les «CD piratés» qui se trouvent dans leurs maisons ou voitures sont juste là parce que leurs enfants aimaient cette musique, Non, non et non. Alors ne me parlez plus de votre jazz de merde!

L’émancipation d’un peuple c’est aussi de proposer aux autres ce qu’il y a de mieux dans notre culture, dans notre pays, et notre pays regorge de ressources.La richesse de nos musiques est énorme, c’est donc à nous de développer et vulgariser ces grands réservoirs d’inspiration. Et ce n’est ainsi que nous deviendrions réellement des champions des tournées mondiales, grands mélomanes, connaisseurs, consommateurs, promoteurs ou journalistes de musique. De la nôtre, en effet. Sinon, ne me parlez plus de votre jazz de snobistes qu’on ne voit malheureusement nulle part, si ce n’est dans votre autocongratulation et pour amuser votre cour…Oui, de ce jazz, j’en ai assez ! N’en parlez plus ! O ISANGO! Na som mboa…

Arnold Bwele CEO-ISANGO

Arnold Bwele

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