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Le musicien algérien Anis Benhallak présente son langage musical dans son nouvel album “Apes Theater”.

Son précédent album Paradoxical Project avait emmené l’auditeur dans un univers très oriental, par la présence des percussions traditionnelles (darbourka et krakebs).

Anis Benhallak pousse la fusion plus loin avec Apes Theater. Loin de renier ses origines il garde le style chaabi algérien avec le chanteur d’opéra Youba Djugurta dans « Pycnonotus », mais joue rock un solo de guitare dans « Usfan ».

Les influences arabo-andalouses, assurées par la merveilleuse voix de la chanteuse algérienne Kawthar Meziti, donnent une touche sensuelle à ce CD. « Ir Me Quiero » et « Eldjazair » coulent comme du miel aux oreilles de l’auditeur.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=5&v=YRGrT6_Bmss

Le ciment des dix compositions d’Anis Benhallak est un mélange équitable de jazz et de musique arabo-andalouse, l’apport du jazz est remarquable dans « Insomnia » où l’introduction dissonante au piano est digne d’une composition de free jazz.

L’artiste, né à Chelghoum L’Aid, petit village à l’extrême est de l’Algérie, confie dans son dossier de presse que « son  nouvel opus est une satire du monde contemporain, …. pour effacer d’un coup de guitare toutes les frontières toutes les détresses et soudainement comme par magie, traverser la mer n’est plus nécessaire pour voyager, l’autre devient accessible car on le retrouve en soi. Dans un monde en guerre où tous les idéaux s’effondrent Anis nous invite avec son Apes Theater à la paix et à la rencontre. »

Tout comme l’ophtalmologiste Ludwik Lejzer Zamenhof alias Doktoro Esperanto « le docteur qui espère » a, en 1887, créé l’esperanto « la langue Internationale », Anis Benhallak propose un langage musical pour abattre les frontières.

Le guitariste compositeur aura-t-il plus ou moins de succès que le Doktoro Esperanto ? L’avenir nous le dira, mais il est certain que s’il avait écouté cet album, il aurait dit : 

Muziko estas nemalhavebla por homaro (La musique est indispensable à l’humanité).

Line Up :
Anis Benhallak : composition, guitare, glissentar, chant, percussions, oud – Karim Ziad : batterie – Chris Jennings : contrebasse.
Invités :
Gregory Privat : piano – Smail Benhouhou : piano, Rhodes – Adel Khababa : percussions – Kawthar Meziti et Youba Djugurta Adjrad : chant – Damien Hennicker : saxophones.

En écoute: “Insomnia” :

 

Jean-Constantin Colletto

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